| RELUQUER, verbe trans. Pop., fam. A. − Regarder quelqu'un du coin de l'œil avec curiosité, attention ou envie. Synon. lorgner.Les dimanches furent pour elle à cette époque, des journées de rendez-vous avec la foule, avec tous les hommes qui passaient et qui la reluquaient (Zola, Assommoir, 1877, p. 710).Il tenait un ennemi au bout du canon de son fusil (...). Mathieu ne se pressait pas, il reluquait son bonhomme (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 186). Rem. L'empl. le plus fréq. est associé au désir sexuel. B. − 1. Regarder, considérer une chose avec convoitise ou simplement curiosité. Synon. guigner.Reluquer une bague, une bouteille, un héritage, une maison. Il y avait aussi un juif allant à la comédie du grand Sanhédrin de Napoléon et qui reluquait ma bourse (Chateaubr.,Mém., t. 4, 1848, p. 338).Étienne, reluquant avant de sortir la paire d'épées que le général tient maintenant par les poignées, les pointes à terre: Quel drôle de parapluie! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, III, 7, p. 61). 2. Convoiter quelque chose par la pensée. Il y a deux ou trois affaires que je reluque; nous les ferons ensemble (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 30). C. − Empl. abs. Regarder attentivement, scruter. Le Conducteur: (...) Que fait notre représentant [du Comité de salut public], qui depuis un bon moment était à reluquer à sa fenêtre (Balzac,
Œuvres div., t. 1, 1830, p. 501).Les passagers de mon wagon sortaient peureusement de leurs compartiments (...) reluquaient dans le couloir, s'interrogeant l'un l'autre (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 276). Prononc. et Orth.: [ʀ
əlyke], (il) reluque [-lyk]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1730 « regarder avec une curiosité indiscrète ou avec admiration, avec convoitise » (Caylus, Le Bordel ou le Jean-foutre puni, 67 d'apr. F.-J. Hausmann ds Aufsätze zur Sprachwissenschaft, 2, 1980, p. 37, 44); 2. 1828-29 « considérer (une chose) avec convoitise; guigner » (Vidocq, loc. cit.). Dér., à l'aide du préf. re-*, de luquier, intrans. « regarder » (4equart du xiiies. [date du ms.], Auberée, 97 ds NRCF, éd. W. Noomen, t. 1, p. 188, var. du ms. A), trans. « id. » (ca 1375, E. Deschamps,
Œuvres, VIII, 72, 27 ds T.-L.), empr. au m. néerl. loeken « regarder; regarder en cachette, épier »; cf. aussi le dér. alukier « regarder curieusement » (fin du xiiies., Du Mesdisant, 97, éd. A. Långfors ds Romania t. 40, 1911, p. 563) et warlousquier « loucher » (1288, Jacquemart Gielee, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 4068). V. FEW t. 16, pp. 478-479. Fréq. abs. littér.: 45. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 308. |