| REJET, subst. masc. A. − [Corresp. à jeter I A] TEINT., vx. Fait de plonger une seconde ou une troisième fois une étoffe dans un bain teinté en bleu afin d'en foncer la nuance. (Dict. xixes.). B. − [Corresp. à rejeter I B, C] 1. Action de rejeter ; p. méton., ce qui est rejeté. En partic. Terre rejetée lors du creusement d'un fossé. Il y a marque de non-mitoyenneté lorsque la levée ou le rejet de la terre se trouve d'un côté seulement du fossé (Code civil, 1804, art. 667, p. 122). − GÉOL. Rejet (d'une faille). ,,Valeur du déplacement subi par une couche de terrain traversée par une faille`` (Noël 1968). Des crevasses de 60 à 150 kilomètres de long, et dont les deux bords présentaient une dénivellation sensible, parfois même un rejet horizontal (Lapparent,Abr. géol., 1886, p. 98). − Émission brusque de matières qui jaillissent par la bouche. Ces deux maladies n'ont de commun que l'apparence, que le fait brutal du rejet de fausses membranes venues des bronches (Cadet de Gassicourt,Mal. enf., t. 1, 1880, p. 138).Le rejet d'anneaux de ténias par la bouche est en effet un phénomène assez fréquent (Brumpt,Parasitol., 1910, p. 216). 2. [Corresp. à rejeter I C] a) Fait de repousser quelque chose/quelqu'un; résultat de cette action. Le lit de Christine est défait. Les plis du drap, le rejet de la couverture, (...) restent tels que les a laissés son corps sautant du lit (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 306). − En partic. Fait de rejeter un ennemi. Il était nécessaire d'adopter une nouvelle tactique pour assurer (...) le rejet de l'ennemi sur la Somme (Foch,Mém., t. 2, 1929, p. 180). b) STYL. ,,Procédé de style qui consiste à déplacer un ou plusieurs mots et à les repousser en fin de proposition ou en fin de phrase`` (Dagn. 1965). c) VERSIFICATION
α) ,,Procédé de versification consistant à repousser d'un vers au suivant, pour l'isoler et le mettre en relief au moyen du rythme, un membre de phrase que le sens rattache au vers précédent`` (ibid.); p. méton., mot(s) ainsi rejeté(s): « Alors m'éveillerai-je à la ferveur première,
« Droit et seul sous un flot antique de lumière,
« Lys! Et l'un de vous tous pour l'ingénuité » [Mallarmé]. Ce vers (...) avec le monosyllabe lys! en rejet (...) exprimait allégoriquement, en un seul terme (...) l'état momentané du faune vierge, affolé de rut par la vue des nymphes.
Huysmans,À rebours, 1884, p. 262.
β) ,,Procédé rythmique consistant à rejeter un mot par-dessus la césure afin de le mettre en valeur`` (Morier 1961). [P. ex.] Et la perruque alors // rugit et fut crinière (Hugo, Contemplations, ibid.). d) Fait de se débarrasser de quelque chose d'inutile ou d'encombrant; p. méton., ce qui est ainsi rejeté. Rejet des eaux usées. La campagne contre les explosions atomiques (...) s'est prolongée en 1959 par les attaques soviétiques contre les rejets en mer des déchets radioactifs (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p. 191). − TECHNOL. Produit le plus pauvre sortant d'une machine et pouvant éventuellement être réutilisé. Synon. résidu.Dans une flottation de galène et blende, le rejet du circuit plomb constitue l'alimentation du circuit zinc (Minéral.1972). e) Mouvement brusque de retrait. − Mais asseyez-vous donc, Mademoiselle. − Non, fit la jeune fille d'un mouvement de tête. Mademoiselle de Rieusses eut un rejet en arrière de répulsion intégrale (La Varende,Nez-de-Cuir, 1936, p. 96). f) FIN. Renvoi d'une partie d'un compte sur un autre chapitre. (Dict. xixeet xxes.). Cet article de dépense ayant paru déplacé, on en a ordonné le rejet sur un autre chapitre de compte (Ac.1835-1935). g) HIST. DE LA FISC. Faire le rejet d'une taxe, d'une imposition, sur une paroisse, une ville. ,,Réimposer la paroisse, la ville pour atteindre un chiffre voulu de contribution`` (Littré). h) Au fig. Fait de renvoyer à plus tard. Maintenant que j'ai obtenu le paiement de la totalité de la somme due à Mary-Cécile, le rejet au début de l'année suivante des Diaries of Court Ladies of Old Japan me serait plus indifférent dans le cas où il faudrait faire place aux Dubliners (Du Bos,Journal, 1923, p. 254). C. − [Corresp. à rejeter I D] 1. [En parlant d'un inanimé abstr.] Fait de refuser. Rejet d'une méthode. Il fallait, pour un temps, accepter le rejet de toute morale et ne résister plus aux désirs (Gide,Nouv. nourr., 1935, p. 280).Le principe de l'économie de l'hypothèse − et du rejet de toute hypothèse (...) surgira (Amadou,Parapsychol., 1954, p. 29). ♦ Domaine jur. ou pol.Rejet d'une loi, d'une proposition, d'une requête. Avant que le conseil de guerre fût réuni, le directeur du Journal officiel (...) reçoit la copie du jugement, le texte du pourvoi en grâce et de son rejet, avec le récit de l'exécution (Clemenceau,Iniquité, 1899, p. 312). − Spécialement a) INFORMAT. ,,Non-prise en compte par un récepteur d'une information qu'il a effectivement reçue`` (Morvan Informat. 1981). Un rejet peut avoir différentes causes, par exemple le fonctionnement d'un mécanisme de contrôle de flux ou bien le fait que l'information ait subi des erreurs de transmission (MorvanInformat.1981). b) LING. Marques de rejet. ,,Ensemble de notations (par abus, néologisme, etc.) qui, en lexicographie, indiquent qu'un mot, un sens ou une expression ne sont pas admis dans la norme du français dit « cultivé ». On parle aussi de marques de rejet à propos de notations comme les guillemets mis devant et après un mot et une suite de mots que le locuteur ne prend pas à son compte`` (Ling. 1972). c) LOG. Opérateur binaire qui est la négation de la disjonction (symb. ⋀). (Dict. xxes.). 2. [En parlant d'une pers.] Fait de rejeter, de repousser en tenant à l'écart. Synon. exclusion, éviction.La raison avait évidemment conseillé le rejet d'un homme aussi indigne (Gobineau,Pléiades, 1874, p. 265). − PSYCHOL. Rejet d'un enfant. Non-acceptation d'un enfant par ses parents (ou par l'un des deux) se manifestant, soit par une franche hostilité, soit par le recours à des méthodes éducatives rigides, soit au contraire par la dissimulation sous une sollicitude et une surprotection anxieuse. Ce rejet, sous quelque forme qu'il s'exprime, le culpabilise [l'enfant] et le trouble profondément (Bastin1970). 3. MÉD. (Phénomène de) rejet. ,,Refus de tolérance, d'acceptation, d'intégration ou d'assimilation d'un corps, d'un tissu ou d'un organe, à l'occasion d'une greffe par exemple, qui se traduit par des réactions biologiques, plus ou moins intenses`` (Lafon 1969). Les problèmes (...) du rejet des greffes par exemple (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p. 702). D. − 1. APIC. Essaim de jeunes abeilles qui abandonne la ruche natale. (Dict. xixeet xxes.). Synon. jet. 2. ARBORIC. Nouvelle pousse produite par la souche, le tronc ou les branches d'une plante ligneuse, le plus souvent à la suite d'un recépage. Synon. jet, rejeton.Rejet vivace. Les anciennes souches des vieux chênes s'étaient couvertes de rejets (Sand,Meunier d'Angib., 1845, p. 112). 3. Vieilli a) Petit tuyau de plomb soudé sur un corps de pompe par lequel l'eau s'échappe lorsque l'on manœuvre cette pompe. (Dict. xixeet xxes.). b) Piège à collet dont le ressort, constitué par une branche d'arbre flexible ou par un fil de fer que l'on pique en terre, est rejeté en arrière par la force de son élasticité lors du passage d'un oiseau. Rejet à bécasses. Je suis arrivé à un rejet où une mésange, les pattes brisées, se débattait en jetant de petits cris de douleur (Goncourt,Journal, 1893, p. 457). Prononc. et Orth.: [ʀ
ə
ʒ
ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1242 regiet « ce qui est rejeté » ici, de la terre (Ch., Anchin, Flines, A. Nord, et Moreau 162, f o86 r o, B.N. ds Gdf. Compl.); 2. 1357 regiet « pousse nouvelle d'une plante » (Reg. du chap. de S. J. de Jérus., A.N. MM 28, f o57 r o, ibid.); 3. 1828 versif. (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., p. 86). B. 1. 1530 reject « action de rejeter, de repousser » ici, une personne (J. Bouchet, Triumphes de la noble dame, f o129 v ods Gdf. Compl.); 2. 1576 « réfutation » (Bodin, Rep., I, 8, ibid.); 3. 1690 comptab. (Fur.). Déverbal de rejeter*. Fréq. abs. littér.: 152. Bbg. Ranft 1908, p. 56. |