| REFUSER, verbe I. − Empl. trans. A. − Refuser qqc. 1. Refuser qqc. (de qqn) a) Ne pas accepter ce qui est proposé (par quelqu'un). Refusant toute nourriture, sans cesse elle appelait son père (Courier,Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p. 6).J'ai refusé pour demain une place dans une très belle loge à l'Opéra, où l'on joue Roland (Flaub.,Corresp., 1865, p. 165). SYNT. Refuser absolument, carrément, nettement, obstinément, vivement une aide, un cadeau, un don, une invitation, une place, un poste, un pourboire, une proposition. ♦ Refuser l'armistice. Repousser l'armistice proposé par l'ennemi. Le roi Frédéric-Guillaume ayant refusé l'armistice qu'on lui offrait (...), l'Empereur se décida à entrer en Pologne (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 137). ♦ Refuser un mariage, refuser la main de qqn. Repousser l'offre de mariage présentée par quelqu'un. Il s'est présenté bien des comtes, des barons, mais elle a refusé tous les partis (La Martelière,Robert, 1793, ii, 8, p. 26).Elle refusa la main du grand roi Salomon (Nodier,Fée Miettes, 1831, p. 113). − Part. passé en empl. adj. Les pièces refusées par le service du contrôle (Villemer,Organ. industr., 1947, p. 146). − Refuser de + inf.Repousser (ce qui est proposé par quelqu'un). Par Dieu, je leur ferais une cuisine de grande route, et je ne sache pas que parmi vous il soit un homme assez dégoûté pour refuser de manger de mon rôti assaisonné avec du piment (Janin,Âne mort, 1829, p. 110). b) En partic. Ne pas accepter une chose que l'on juge défectueuse, inadéquate ou inopportune. Refuser un colis, une marchandise. Certaines critiques l'obligèrent à refuser une robe d'un noir trop soyeux, trop brillant (Mauriac,Baiser Lépreux, 1922, p. 210). − ARTS. Rejeter une œuvre (ne pas accepter d'éditer un roman, de faire jouer une pièce, d'exposer un tableau) parce qu'elle ne possède pas les qualités qu'on en attendait. Le jury n'eut pas assez de boules noires pour refuser le Passage de la Bérésina (Murger,Scène vie boh., 1851, p. 180).Beaucoup d'entre eux pensent qu'un manuscrit refusé par un ou plusieurs éditeurs aura plus de chances d'être accepté s'il est présenté par une agence littéraire (Civilis. écr., 1939, p. 16-3). 2. Refuser qqc. (à qqn) a) Ne pas accepter ce qui est demandé (par quelqu'un). Refuser un accord, une autorisation, un consentement, une discussion, une faveur, une grâce, un pardon, un sacrement, un service. Vous me refusez une réponse à la seule question qui vaille la peine d'être posée (Bernanos,Joie, 1929, p. 693).Absol. Allons, il faut en finir: vous acceptez ou vous refusez! Si vous refusez comme les autres, je n'ai plus, je vous le répète, qu'à disparaître (Billy,Introïbo, 1939, p. 126). ♦ Refuser sa porte à qqn. Ne pas laisser entrer quelqu'un, ne pas accepter de recevoir quelqu'un. Ce spectacle stupéfiant d'un enfant Rezeau refusant sa porte à la justice familiale (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 196). ♦ Refuser un mariage, refuser sa main (à qqn). Ne pas vouloir donner sa main, ne pas vouloir accorder le mariage (à quelqu'un). Je meurs si vous me refusez votre main (Leclercq,Prov. dram., MmeSorbet, 1835, 6, p. 155).David lui avait toujours refusé le mariage (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 154). − Part. passé en empl. adj. L'affichage (d'ailleurs refusé) de son discours (Barrès,Cahiers, t. 5, 1906, p. 40).Au fig. Or, l'abbé Donissan connaissait la joie. Non pas celle-là, furtive, instable, tantôt prodiguée, tantôt refusée − mais une autre joie plus sûre, profonde, égale, incessante, et pour ainsi dire inexorable − pareille à une autre vie dans la vie, à la dilatation d'une nouvelle vie (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 141). − Refuser de + inf.Ne pas accepter de faire ce qui est demandé par quelqu'un. On refusait de la laisser entrer (Janin,Âne mort, 1829, p. 178). b) Ne pas reconnaître chez une personne le talent, les qualités qu'il prétend ou semble revendiquer. Refuser du talent, des qualités à qqn. On ne pouvait lui refuser de la bravoure assurément (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 240).On ne peut refuser à David une grande science du dessin (Gautier,Guide Louvre, 1872, p. 6). − [Souvent à la forme passive, l'agent étant gén. sous-entendu] Être refusé.Ne pas être accordé, ne pas être donné. Nul de mes justiciers austères ne voulut ou n'osa prétendre que l'art d'écrire m'était refusé (Bloy,Journal, 1893, p. 98). c) P. anal. [Le suj. désigne une chose] Ne pas fonctionner, ne pas faire son office. Son corps lui refusa le service, elle tomba à genoux (Jouve,Paulina, 1925, p. 248).Leurs vignes furent hachées quatre ans de suite. Les ceps à la fin refusaient de boutonner (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 178). 3. [La demande est absente ou ne peut être explicitée que par rapport au locuteur lui-même] Refuser qqc. a) Repousser, éviter ce qui semble, selon les valeurs dominantes, s'imposer à quelqu'un. Refuser l'aventure, la gloire, le présent, le réel, le risque. Claude Barrès, héritier unique d'un nom illustre, d'une grande fortune (...), refuse le monde, dit non au monde comme un religieux aurait pu le dire (Mauriac,Nouv. Bloc-Notes, 1961, p. 282): 1. ...le luxe vous choque, parce que vous ne supportez pas d'avoir mauvaise conscience. C'est redoutable, cette austérité, on refuse le luxe: et de fil en aiguille, on refuse la poésie et l'art.
Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 268. − Refuser le combat. Ne pas accepter de combattre, se dérober, battre en retraite. Cette façon de ruser (...), de fermer leur garde pour refuser le combat (Camus,Peste, 1947, p. 1275). − Refuser sa droite, sa gauche. Ne pas engager dans un combat l'aile droite (ou l'aile gauche) d'une armée. La 6earmée (...) résistait péniblement sur place, et se préparait à refuser sa gauche sous la pression croissante de Kluck (Joffre,Mém., t. 1, 1931, p. 409). − Gén. en empl. abs., HIPP. Refuser (un obstacle). Piler net devant un obstacle, ne pas le franchir. Vous voilà bien fière, parce que votre bête a sauté sans se faire prier! Un cheval qui refuse, cela se voit tous les jours (Augier,Fourchambault, 1878, p. 107). b) Ne pas donner son adhésion à quelque chose, à quelqu'un. Refuser son admiration, son assentiment. L'immortalité de l'âme, il est vrai, préoccupe beaucoup de bons esprits. Mais c'est qu'ils refusent, avant d'en avoir épuisé la sève, la seule vérité qui leur soit donnée et qui est le corps (Camus,Noces, 1938, p. 74). − Refuser de + inf.Refuser d'admettre, de penser, de reconnaître qqc. Albert était tombé entre les mains du fameux chef de bandits à l'existence duquel il s'était si longtemps refusé de croire (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 537). B. − Refuser qqn 1. Ne pas accéder aux demandes, aux exigences de quelqu'un. N'ayant pas trouvé une raison de déplaire à la marquise, fort embarrassé de savoir comment refuser la comtesse (Dumas pèreMariage sous Louis XV, 1841, iii, 4, p. 151).O rage! Il allait falloir encore s'humilier devant ce Risler, courir le risque d'être refusé, avouer qu'il avait manqué à sa parole (A. Daudet,Fromont jeune, 1874, p. 283). 2. En partic. − [Dans un spectacle, une réunion] On a refusé du monde. On a joué à guichets fermés. On a refusé du monde à la porte (DG). − Ne pas satisfaire à la demande d'emploi de quelqu'un. On ne voulut pas de moi sur le Northumberland. J'offris d'être soldat, matelot, valet (...). On me refusa (Dumas père, Napoléon, 1831, vi, 4, p. 149). − Ne pas recevoir un candidat à une épreuve, à un examen. Synon. coller, recaler2.Ils ont été tous refusés au service militaire! (Goncourt,Journal, 1894, p. 572): 2. « (...) Au milieu des exclamations, des poussées, des battements de mains, je lis, heureusement: Anaïs, Claudine, etc... toutes, donc! Hélas, non, pas Marie: Marie est refusée », murmure Luce.
Colette,Cl. école, 1900, p. 237. ♦ Part. passé. Les élèves refusés en juillet ne sont pas autorisés à se présenter à nouveau à la session d'octobre (Encyclop. éduc., 1960, p. 136).Empl. subst. Les équipes sociales existantes sont surtout composées d'élèves de Centrale qui, par exemple, donnent des cours de mathématiques aux « refusés » des Arts et métiers (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p. 81). − ARTS. Être refusé. Ne pas être admis à exposer, à éditer (en vertu des canons de l'art officiel). Refusé [aux Salons], accepté, refusé encore, il [Manet] donna l'assaut à un jury qui représentait la routine (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p. 55).Empl. subst. masc. Salon des refusés. Salon qui regroupait des peintres impressionnistes dont les toiles avaient été refusées par le jury officiel. Si la chose économique avait joué aussi durement que de nos jours, peut-être le légendaire salon des refusés n'aurait-il jamais existé? (Arts et litt., 1936, p. 76-1). − Repousser la demande d'union, de mariage de quelqu'un. Cette misérable femme se venge sur vous de ce que j'ai refusé sa fille! (Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p. 153).Toi seul, tu ne me verras jamais. Je te refuse, je te refuse! De ce que je suis, de ce que je sens, de ma beauté, de mon amour, tu ne sauras jamais, jamais rien! (Louÿs,Aphrodite, 1896, p. 51). C. − Empl. abs. C'est en refusant jusqu'à ce que nous ne puissions plus refuser que nous sommes libres. Ainsi le doute méthodique devient le type même de l'acte libre (Sartre,Sit. I, 1947, p. 326). II. − Empl. pronom. A. − réfl. dir. 1. Se refuser.Ne pas s'accepter en tant que tel. Un refus radical qui les contraindrait peut-être de proche en proche à ne plus accepter ce qui fonde leur confort, leur sûreté, leur ordre, cela sur quoi repose leur vie même. À se refuser eux-mêmes. À souhaiter l'annulation de leur propre nature (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 117). 2. Se refuser à qqn.Se garder du contact d'autrui, ne pas se donner à quelqu'un. On n'a pas le droit de se refuser aux hommes; quand le diable y serait, nons vivons en société (Sartre,Mur, 1939, p. 53). ♦ En partic. Ne pas accorder ses faveurs, repousser les avances de quelqu'un. Et ce n'est pas le désir de me posséder − je ne me serais jamais refusée à vous − c'est le désir de me déformer (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1149).La femme mariée, en se dévouant à un homme qui la trompe, en se refusant à tout autre (...) perd sa vie sans mérite (Louÿs,Aphrodite, 1896, p. 142). 3. Se refuser à qqc.Ne pas accepter quelque chose, repousser quelque chose. Je ne puis me refuser à l'adoration, à la joie (Gide,Journal, 1943, p. 250).De nos jours encore, des nègres, des indiens se refusent avec crainte à la photographie (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 121). B. − réfl. indir. Se refuser qqc.Se priver volontairement de quelque chose. Il est vrai qu'en fait de création religieuse les siècles sont portés à se calomnier eux-mêmes, et à se refuser le privilège qu'ils accordent libéralement aux âges reculés! (Renan,Avenir sc., 1890, p. 487).Il se refusa la douceur de baiser cette tempe que déjà ses lèvres effleuraient (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p. 1350). ♦ Ne rien se refuser. Ne se priver de rien. Automobiles, collections, villas sur la côte méditerranéenne, demeures estivales, il ne se refuse rien (Arts et litt., 1936, p. 72-7). C. − passif. Qqc. se refuse à qqc.Quelque chose n'est pas susceptible de subir quelque chose. Source de l'émotion la plus humaine dans une pensée incommunicable, dans des sentiments dont l'objet se refuse à l'analyse (J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, p. 200). − Fam. Ça ne se refuse pas. Il faut de toute évidence accepter quelque chose. Dudley: (...) Voulez-vous gagner vingt livres sterling? Samuel: Ça ne se refuse pas (Dumas père, Halifax, 1842, prol., 9, p. 14). D. − Se refuser à/de + inf.Ne pas vouloir faire quelque chose. Du reste, elle se refusait à voyager cette nuit! (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 30).Seul le mot « allemand » et le mot « français » se refusent à composer (Giraudoux,Siegfried, 1928, iv, 3, p. 172). − P. anal. [Le suj. désigne une chose (une partie du corps)] Ses pieds enflés se refusaient à marcher (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 35). III. − Empl. intrans. A. − MAR. [Le suj. désigne le vent] ,,S'orienter de plus en plus dans le sens contraire de la route et obliger ainsi le bateau à le serrer de plus en plus près`` (Barber. 1969). Anton. adonner. B. − TECHNOL. [Le suj. désigne un outil, un instrument (une charrue, un couteau, un pieu)] Ne plus pouvoir enfoncer, pénétrer, couper. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [ʀ
əfyze], (il) refuse [-fy:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Repousser une demande; ne pas vouloir accorder ce qui est souhaité, demandé, exigé par autrui − ou ce qui est éminemment souhaitable 1. suivi d'un inf. 1remoit. xiies. refuser a (Psautier d'Oxford, 76, 3 ds T.-L.); ca 1200 refuser (Homélies de St Grégoire sur Ezéchiel, 16, 1, ibid.); id. refuser de (1reContinuation de Perceval, I, 193, 7089, ibid.); 1823 se refuser à (Boiste); 2. 1160-74 « repousser ce qui est demandé » reffusser la proiere des moingnes de... (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1752); ca 1165 refuser le plaisir [de aucun] (Benoît de Ste-Maure, Troie, 4758 ds T.-L.); xiiies. refuser la volanté [de aucun] (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 6630, var. des mss B, P); 1666 réfl. se refuser à [qqc.] « ne pas s'y prêter, s'y livrer » (Molière, Misanthrope, I, 1); 3. 1176-81 « ne pas vouloir accorder » refuser merci (Chrétien de Troyes, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 906); ca 1175 empl. abs. sans refuser (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 3611 ds T.-L.); 1670 se refuser [qqc.] « ne pas se l'accorder, s'en priver » (Bossuet, Oraison funèbre Henriette d'Angleterre ds
Œuvres, éd. Vélat et Y. Champailler, Paris, 1961, p. 103); 4. 1718 mar. le vent a refusé un vaisseau; le vent refuse « est contraire » (Ac.); 1870 techn. intrans. « (d'un outil) ne pouvoir faire son office » (Littré). B. Ne pas accepter ce qui est proposé 1. l'obj. est une pers. 1130-40 (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 770: Li estuet la dame esposer, Ne l'osa mie refuser); ca 1160 (Eneas, 1586 ds T.-L.: ele [Didon] les a toz refusez [les prétendants]), 1890 se refuser en parlant d'une femme (Zola, Bête hum., p. 16); 2. l'obj. est un inanimé a) ca 1150 refuser [une offrande] (Wace, St Nicolas, 903 ds T.-L.); 1176-81 refuser [un] mes empl. fig. (Chrétien de Troyes, Chevalier à la charrette, 664); b) ca 1160 (Eneas, 9129 ds T.-L.: Crient que s'amor ait refusé); ca 1165 refuser [un conseil] (Benoît de Ste-Maure, Troie, 24512, ibid.); ca 1170 [ms. xiiies.] le mariage de la pucele refuser (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1547, var. R, v. note p. 217). C. Ne pas admettre, accepter, reconnaître quelqu'un 1. ca 1150 refuser por + attribut « ne pas vouloir regarder comme » (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 1031); 2. 1155 dr. médiév. « ne pas avouer, reconnaître (un seigneur) » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 3251); 3. ca 1200 part. passé subst. li renfuset « les rejetés de Dieu, les damnés » (Moralium in Job, éd. W. Foerster, p. 309, 21); 4. a) α) « ne pas reconnaître, récuser » ca 1220 comme témoin (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 6912 ds T.-L.); 1283 refuser les juges (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1871, t. 2, p. 445);
β) 1520 estre refusé de « ne pas obtenir (une fonction postulée) » (G. Michel, tr. Suétone, I, 6 r ods Hug.); b) ca 1265 « éliminer pour ne pas avoir les qualités requises » (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 145, p. 136: quant li aigles a ses filz [...] cil ki esgarde [le soleil] justement sans croller est tenus et norris [...] cil ki les iex remue est refusés et getés du nit); c) 1751 « éliminer (une pièce de théâtre) » (Voltaire, S. de Louis XIV, Catal. des écrivains, La Rue ds
Œuvres hist., éd. R. Pomeau, p. 1179). D. Ne pas accepter de s'exposer à une situation périlleuse, hasardeuse; fuir, esquiver un ennemi, un danger 1. 1176 trans. (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1311); 1176-81 (Id., Chevalier à la Charrette, 3736); 1229 « se dérober, reculer, abandonner le combat » réfl. (Gerbert de Montreuil, Roman de la Violette, 5603 ds T.-L.); id. intrans. (Id., op. cit., 6528, ibid.); 2. 2emoit. xiiies. vén. « ne pas chasser (un animal trop dangereux, trop jeune) » (Chace dou cerf, 57); 3. fin xives. intrans. en parlant d'un cheval (Froissart, Chron., IV, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 14, p. 108; 112: mais ceste première lance ils faillirent car les chevaulx reffusèrent). E. Ne pas laisser entrer ca 1260 (Récits d'un ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, § 199: nus mesaisiez n'i estoit refuseiz [à l'hôpital de St-Jean-d'Acre]). F. Ne pas vouloir s'engager dans ce que l'on réprouve ou juge néfaste ca 1265 refuser le monde (Brunet Latin, Trésor, II, 123, p. 308: La [vie] contemplative refuse le monde et se delite en Deu solement). D'un lat. vulg. *refusare (cf. esp. rehusar, REW3, 7164), issu d'un croisement entre le lat. refutare (refuter*) et recusare (récuser*) de sens très voisins; ou, moins prob., dér. de refusus, part. passé de refundere (prop. « répandre de nouveau ») « refouler, repousser, rejeter, renvoyer », FEW t. 10, p. 200a. Fréq. abs. littér. Refuser: 9 913. Refusé: 2 468. Fréq. rel. littér. Refuser: xixes.: a) 12 936, b) 11 835; xxes.: a) 14 503, b)16 054. Refusé: xixes.: a) 3 363, b) 3 627; xxes.: a) 3 887, b) 3 343. Bbg. Quem. DDL t. 11 (s.v. refuser le serment). |