| REFRAIN, subst. masc. A. − Répétition d'un ou plusieurs mots, d'un ou plusieurs vers à la fin de chaque couplet d'une chanson, d'un poème. Refrain d'une ballade, d'un rondeau; reprendre en chœur le refrain. Un bataillon de jeunes hommes (...) chantait à plein gosier le refrain martial de la marche (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 170): Là tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. (...) rien, dans le refrain de l'Invitation au voyage, ne rappelle cette union des contraires, cette harmonie des termes opposés, qui fait la profondeur de l'invocation brentanienne [de Brentano].
Béguin, Âme romant., 1939, p. 285. − P. méton. Chanson à refrain; chanson en général. Refrain populaire. Venez apprendre, avant que je succombe, Les vieux refrains dont je vous ai bercés. Souvenez-vous, enfans de l'Armorique, Que la Bretagne est le champ du repos (Borel, Rhaps., 1832, p. 143).Autour d'eux bruissaient les rires et les refrains de l'époque (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 261). B. − Au fig. Répétition de paroles, d'actes. Synon. rengaine, ritournelle.C'est toujours le même refrain; changer de refrain. Pour moi, tout est reprise, refrain, ritournelle. Je passe mes jours à recommencer ce que j'ai déjà fait, et à le recommencer moins bien (Montherl., Reine morte, 1942, ii, 1ertabl., 3, p. 182).J'ai toujours crevé de vanité. Moi, moi, moi, voilà le refrain de ma chère vie, et qui s'entendait dans tout ce que je disais. Je n'ai jamais pu parler qu'en me vantant (Camus, Chute, 1956, p. 1498). C. − MAR., peu usité. Retour des houles ou grosses vagues qui viennent se briser contre les rochers. (Dict. xixes. et Ac.). Prononc. et Orth.: [ʀ
əfʀ
ε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1392 « un ou plusieurs mots qui se répètent à la fin de chaque couplet d'une chanson » (Eustache Deschamps, L'Art de dictier ds
Œuvres, éd. G. Raynaud, p. 270); 2. 1580 « ce qu'une personne ramène à toute occasion de ses propos » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 505); 3. 1788 c'est toujours le même refrain (Fér.). Réfection d'apr. refraindre de l'a. subst. refrait « mélodie » (fin xies., Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 122), « répons liturgique » (déb. xiies. St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 579) et au fig. « propos répétés, pensées constantes » (ca 1150 R. de Thèbes ds T.-L.), part. passé subst. de refraindre « briser » d'où « réprimer, modérer » et en parlant de la voix « moduler », du lat. pop. *refrangere, réfection d'apr. frangere « briser » du lat. refringere « briser, déchirer » (v. réfringent); le refrain revenant à intervalles réguliers brise en quelque sorte la suite du chant. Fréq. abs. littér.: 649. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 772, b) 1 262; xxes.: a) 961, b) 846. Bbg. Jonin (P.). Le Refrain dans les Chansons de toile. Romania. 1975, t. 96, n o2, p. 209. |