| * Dans l'article "REDRESSER,, verbe" REDRESSER, verbe I. − Empl. trans. A. − 1. Remettre quelqu'un ou quelque chose dans la position verticale, ou proche de la verticale, qui était antérieurement la sienne. Synon. relever.Les ouvriers se tiennent à leur poste, inclinant ou redressant la cornue suivant les indications de leur contremaître (Ch. Durand, Industr. minér. Lorr., 1893, p. 52).Ses doigts vont instinctivement (...) redresser les tableaux qui penchent sur les murs (Mounier, Traité caract., 1946, p. 144). − [L'obj. désigne une partie du corps] Redresser le buste, le cou, le dos, le front, le torse. Elle redressait fièrement et rageusement sa taille que l'âge commençait à courber (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 896).Au fig. Redresser la tête*. ♦ [Le suj. désigne un animal] Redresser la queue. L'animal saute sur le tapis, se secoue, redresse une oreille, puis l'autre et examine prudemment le lieu et les personnes (A. France, Bonnard, 1881, p. 493). ♦ [P. anal.] Les lys rouvrent leur calice et redressent leur tige (Péladan, Vice supr., 1884, p. 69). − En partic. Remettre dans une position correcte. Elle faisait exécuter une évolution circulaire à son cou, redressait son boa (Proust, Swann, 1913, p. 405).Elle était auprès de lui, redressait ses oreillers, rebordait son lit (Arland, Ordre, 1929, p. 511). 2. Dresser, élever, ériger à nouveau. Redresser une statue abattue, un monument renversé (Ac. 1835-1935). Si vous redressiez une ou deux colonnes du péristyle (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 172).Si l'on essayait de redresser la guillotine devant l'hôtel de ville, les pavés se soulèveraient (Hugo, Actes et par., 4, 1885, p. 350). 3. [À propos d'un moyen de transport] a) MAR. Redresser la barre. Manœuvrer de façon à changer de cap ou à ,,faire revenir le navire en sens inverse de celui qu'il tient`` (Le Clère 1960). [P. méton. de l'obj.] :
1. Ouessant apparaît; toutes ses roches sombres, tous ses écueils se dessinent en grisailles obscures, battus par de hautes gerbes d'écume blanche, sous un ciel qui paraît lourd comme un globe de plomb. Il n'est que temps de redresser la route, et vite, pendant l'éclaircie, la Sèvre met le cap sur Brest...
Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 291. b) Redresser un avion. Relever l'avant, hausser le nez (d'un avion) pour lui faire prendre de la hauteur ou pour le ramener à l'horizontale lorsqu'il descend ou lorsqu'il dérape (d'apr. Rob.). L'appareil se renverse et retombe sur le nez. Pour le redresser, ramener vivement le palonnier du milieu, en tirant le manche à fond à soi (A. Lainé, Dict. de l'aviation, 1920, p. 324 ds Quem. DDL t. 16). c) Redresser (les roues) d'un véhicule. Manœuvrer le volant ou le guidon pour remettre les roues dans l'axe de la route. Braquer et redresser. Une motocyclette surgit d'un chemin; l'auto fit une embardée; Orgère, des deux mains, la redressa (Mauriac, Trois récits, 1929, p. 54). B. − 1. Donner ou redonner une forme droite à quelque chose. Redresser un clou, une faux, une roue, une tige de fer, une tôle. On a fait porter un appareil à cet enfant pour lui redresser la colonne vertébrale (Ac.1935).Redresser des pieds bots! Est-ce qu'on peut redresser les pieds bots? (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 20): 2. ... on s'assure que le rectangle qu'il forme [le fond] ne gauchit pas sur la place du fond, car la cassette présenterait un aspect désagréable. Si cet accident arrivait, il faudrait y remédier en redressant parfaitement cette partie à l'aide de la varlope ou du rabot.
Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 209. − ÉLECTR. Redresser (un courant). Convertir un courant alternatif en un courant ne circulant que dans un seul sens. Les dynamos (...) fournissent des courants alternatifs qu'il faut redresser par un commutateur (H. Fontaine, Électrolyse, 1885, p. 242). − PEAUSS. Assouplir une peau en la piétinant ou mécaniquement (d'apr. Duval 1959). 2. a) Vieilli, rare. Remettre quelqu'un dans le bon chemin. Je m'étais égaré, j'ai rencontré un paysan qui m'a redressé (Ac.1835, 1878). b) VÉN. Redresser la voie. ,,Après avoir relevé un défaut, remettre les chiens sur la voie qu'ils ont perdue`` (Burn. 1970). c) Au fig. − Remettre dans la bonne voie, dans le droit chemin. Je me trompais dans mon raisonnement, vous m'avez redressé (Ac.).Il fut violemment tenté d'intervenir, de redresser le débat qui s'égarait (Vogüé, Morts, 1899, p. 197).J'étais désespéré, oui, dégoûté de tout. (...) ça m'a duré longtemps, cette maladie-là. C'est Schleiter qui m'a redressé, définitivement redressé (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 150). − Littér. Remettre quelqu'un à sa place. Il faisait l'entendu, l'impertinent, mais on l'a redressé, on l'a bien redressé (Ac.1878, 1935). 3. Rendre quelque chose plus conforme à la norme, à la logique, à la vérité. Synon. corriger, rectifier. a) [L'obj. désigne un inanimé concr.] La marquise (...) se donnait parfois la peine de me faire répéter le passage pour m'en dire le sens et redresser ma prononciation (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 58).C'est moi qui corrigeais les épreuves, rectifiais la ponctuation et les accents, redressais les phrases boiteuses (Taine, Notes Paris, 1867, p. 343). − En partic. Rétablir (ce qui est compromis ou erroné). Redresser l'économie d'un pays. Élisabeth (1558-1603) (...) redresse les finances, frappe de la monnaie saine (Morand, Londres, 1933, p. 15). ♦ COMPTAB., FISC., p. méton. Redresser un compte; redresser une déclaration fiscale; p. méton., se faire redresser. Être l'objet d'une rectification fiscale. Également du ressort du contrôleur: l'estimation de la bonne ou mauvaise foi du contribuable redressé qui jouera sur le montant des rappels (Le Monde dimanche, 14 juin 1981, p. iv). − Au fig. Redresser la situation. Remettre dans un état satisfaisant une situation qui s'était détériorée. Empl. pronom. passif. Si la situation ne se redresse pas, ce qu'il y a de plus haut dans son amour des régulations supérieures ne va-t-il pas se trouver irrémédiablement compromis dans l'esprit de beaucoup des siens (...)? (Maritain, Primauté spirit., 1927, p. 75). b) [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Redresser l'esprit, les idées, le jugement de qqn. Je comprends les erreurs, je les redresse en les expliquant (Alain, Propos, 1912, p. 136). − En partic. Redonner force, vigueur à. Synon. raffermir, rétablir.Rien, dans l'enseignement de ses maîtres, ne vint redresser sa foi chancelante (Massis, Jugements, 1923, p. 42).Empl. pronom. Sa pensée se redressait peu à peu. Ce fut un réconfort pour elle de se sentir plus ferme qu'elle n'avait cru (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 660). 4. Réparer, réformer (ce qui cause un dommage). Redresser des abus, des injustices. (Dict. xxes.). − Loc. verb. Redresser les torts ♦ HIST. ,,Secourir les opprimés, réparer les torts qui leur ont été faits`` (Ac.). ♦ Souvent p. iron. Corriger les abus et les injustices. Il y a donc deux sortes de visionnaires, ceux qui tordent ce qui est encore droit, et ceux qui redressent les torts (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 93). C. − Redresser qqn 1. Fam., vieilli. Tromper, filouter. Un fripon l'a redressé au jeu (Ac.1835, 1878). 2. Arg. Reconnaître, identifier. Un mec l'avait redressé et l'avait balancé aux condés (Le Breton1960). II. − Empl. intrans. Qqc. redresse A. − [Corresp. à I A 3 a supra; le suj. désigne une embarcation] Retrouver son équilibre après un coup de gîte. Les canots de sauvetage redressent automatiquement s'ils chavirent (Merrien1958). B. − [Corresp. à I A 3 b supra; le suj. désigne un avion] Hausser le nez lorsqu'il prend de la hauteur ou se met à l'horizontale en descendant. La sirène sifflait que déjà les appareils, redressant à l'horizontale, planaient au-dessus de la gare (P. Nordds Lar. Lang. fr.). III. − Empl. pronom. A. − Qqn se redresse 1. Se tenir très droit. Se redresser de toute sa hauteur; redresse-toi! Omer Héricourt se redressa, désireux de paraître bien en selle (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 133). − En partic. Relever le buste, s'asseoir lorsqu'on est allongé. Il se redressa sur son lit pour accueillir Albert (Chardonne, Épithal., 1921, p. 122).Mon père toussota et se redressa sur sa chaise-longue (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 18). − P. anal. Un mouvement de reins pareil à celui d'un arbre qui se redresse une fois le vent passé (Flaub., Corresp., 1850, p. 139). 2. Se tenir droit, dans une attitude attentive. [Avec ell. du pron.] Comme les Beauchemin s'apprêtaient à souper, des coups à la porte les firent redresser (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 9).Se tenir droit, dans une attitude fière. V. camper ex. 7. 3. Au fig. ,,Se dit (...) de tous ceux qui paraissent enorgueillis de quelque nouvel avantage, de quelque nouveau succès`` (Ac. 1835-1935). Plus on nous opprime, plus nous nous redressons (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 88).Reprendre contenance, retrouver son énergie. Paul s'attendait à quelque furieuse révolte de Jenkins se redressant sous tant d'outrages (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 223).À l'instant d'être terrassé, il a un geste de révolte. Sa volonté se redresse (Béguin, Âme romant., 1939, p. 361). B. − Qqc. se redresse.Être droit. Âgé de quarante ans à peine, il était de taille moyenne, assez gros et d'aspect bonhomme (...). Les cheveux courts se redressaient sur le front très développé (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 310).C'est à partir de cette cure à Karlsbad, en 1807, que la santé de Thérèse se rétablit complètement, que sa taille se redresse, et qu'elle plaît (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 566). − Part. passé en empl. adj. Synon. retroussé.Cette Adrienne (...) était cependant une jolie personne (...) son petit nez, légèrement redressé, donnait à sa physionomie quelque chose de badin (Kock, Pucelle, 1834, p. 56). Prononc. et Orth.: [ʀ
ədʀese], [-dʀ
ε-], (il) redresse [-dʀ
εs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1100 « replacer dans la position verticale ce qui est penché, courbé » ici pronom. (Roland, éd. J. Bédier, 142); 1559 redresser les statues (Amyot, Cic., 51 ds Littré); 2. fin xiiies. « relever au point de vue moral ou spirituel » (Psautier, f o71, ibid.); 3. 1920 aviat. (A. Lainé, loc. cit.); 4. 1939 redresser les situations pénibles (Montherl., Lépreuses, p. 1420). II. 1. 1174-76 « remettre quelqu'un sur le bon chemin » ici fig. de pechié retraire e redrecier (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 653); 1536 au propre (Calvin, Institution chrétienne, éd. J. D. Benoit, II, VIII, 356, t. II, p. 185: redresser en la voye son bœuf et son asne, quand ils seront esgarez); 2. 1176-81 « remettre en ligne droite ou dans sa forme initiale ce qui est courbé, tordu, déformé... » s'a il les fers redreciez (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 4710); 3. 1280 « rectifier, corriger ce qui paraît faux, erroné, injuste » (Clef d'Amour, 1941 ds T.-L.); 4. 1559 « reprendre quelqu'un qui se trompe » (Amyot, Cic. et Dém., 3 ds Littré); 5. 1885 électr. (H. Fontaine, loc. cit.); 6. 1929 automob. (Mauriac, loc. cit.). Dér. de dresser*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 2 255. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 374, b) 2 778; xxes.: a) 3 780, b) 4 653. DÉR. 1. Redressable, adj.Qui peut être redressé. Tout ce qui se passe par diverses folies guérissables et par diverses opinions fausses et redressables des hommes (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 205).Des apparences fondées sur un désir de facilité ou sur des aversions redressables (Encyclop. éduc., 1960, p. 131).− [ʀ
ədʀ
εsabl̥]. − 1resattest. xives. voie ... redreçable « droit, direct » (Serm. lat.-fr., ms. de Salis, f o159 r ods Gdf.), attest. isolée, à nouv. au xixes.: a) 1842 bot. (Ac. Compl.), b) 1845 « qui peut, qui doit être redressé » (Besch.); de redresser, suff. -able*. 2. Redressage, subst. masc.a) Technol. Action de remettre dans la forme ou la position normale une pièce ou une matière déformée en cours de fabrication. Synon. rare de redressement (v. ce mot B).Redressage. − Les peignes ont été cintrés plus ou moins lors du découpage. On les redresse en les faisant ramollir et en les pressant à la main ou avec une sorte de taloche sur un marbre plat (Rousset, Trav. pts matér., 1928, p. 117).b) Peauss. Opération de finition des peaux. (Dict. xxes.). c) Postes et télécomm. ,,Opération consistant à placer un pli dans la position qui permet son oblitération mécanique`` (cilf, nov. 1975 ds Clé mots). − [ʀ
ədʀ
εsa:ʒ]. − 1resattest. a) 1771 peauss. « action de redresser des peaux » (Trév.), plus gén. b) 1842 « action de redresser » (Ac. Compl.), en partic. 1858 métall. (Chesn.); de redresser, suff. -age*. BBG. − Quem. DDL t. 16, 27. |