| REDOUBLEMENT, subst. masc. A. − Action de rendre double, de répéter une deuxième fois; résultat de cette action. [L'enfant Jésus] allait commencer le renouvellement, Créer le nouveau Dieu dans ce redoublement, Créer le Fils de l'Homme au cœur du nouvel homme (Péguy, Ève,1913, p. 1064).L'hybridation, suivie de redoublement chromosomique, peut créer de nouvelles espèces, voire de nouveaux genres (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 63). − Spécialement 1. ENSEIGN. Fait de suivre une seconde fois l'enseignement d'une chose déterminée. Redoublement d'une année (d'enseignement), d'un cours. Le conseil de classe peut proposer l'une des quatre décisions suivantes: − l'admission de l'élève dans la classe supérieure (...) − le redoublement de la classe... (Encyclop. éduc.,1960, p. 136). 2. LING., PHONÉT. Répétition totale ou approximative d'un mot entier ou d'un ou plusieurs éléments d'un mot. Synon. réduplication.Redoublement d'une syllabe, d'une voyelle; redoublement onomatopéique. [La femme] sait d'instinct la langue enfant, elle en devine les secrets, le zézaiement, les consonnes liquides prodiguées, le redoublement des syllabes (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 113).Le redoublement d'un élément du mot peut résulter d'une faute de langage, ainsi que dans le parler des enfants; il peut être recherché pour son expressivité (hypocoristiques du type Mimi), ou pour sa valeur intensive (redoublement du t de lat. totus dans la forme qui a donné l'italien tutto); il peut avoir une valeur grammaticale, comme en grec où il fournit un élément de formation du parfait: le-luka (Mar.Lex.1933). 3. MUS. ,,Reproduction d'un son à distance d'une ou plusieurs octaves`` (Mus. 1976). Le redoublement de la fondamentale, qui renforce la basse en la reproduisant à l'octave, est le meilleur (Dupré, Harm. analyt.,t. 1, 1936, p. 23). 4. SPORTS a) ESCR. ,,Action de porter une seconde attaque, après une reprise de garde en avant ou en arrière, à l'adversaire qui a paré sans riposter ou a rompu sur l'attaque`` (Petiot 1982). b) FOOTB., RUGBY. ,,Action d'exécuter une passe redoublée`` (Petiot 1982). B. − Action d'augmenter, de reprendre avec plus de force ou d'intensité; résultat de cette action. Synon. accroissement, augmentation, recrudescence, renforcement.Redoublement d'amitié, de fureur, de larmes, de tristesse, de zèle. Sous la fenêtre, les hurlements éclatèrent avec un redoublement de violence. − Du pain! du pain! du pain! (Zola, Germinal,1885, p. 1439).Alors Antoine se penchant avec un redoublement de précaution, de tendresse, retira l'aiguille, et, du bout des doigts, mit une compresse sur la petite plaie (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 878).V. grain ex. 14. − MÉD. [Le suj. désigne la manifestation d'une maladie] Fait de redoubler, de croître en intensité. [Fantine] avait passé une très mauvaise nuit. Toux affreuse, redoublement de fièvre (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 305).Des convulsions dont les accès, les redoublements et les secousses de colère semblaient vouloir déraciner la vie chez le pauvre être qu'elles tordaient (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 132).V. magnétiser B ex. de Lamartine. Prononc. et Orth.: [ʀ
ədubləmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1375-79 [éd. 1541] « action de doubler (un tissu) en le repliant » (Jehan de Brie, Bon Berger, éd. P. Lacroix, p. 78); 2. 1539 « répétition, réitération » (Est.); 3. 1671 redoublement de fièvre (Pomey). Dér. de redoubler*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér.: 276. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 413, b) 635; xxes.: a) 523, b) 165. |