| REDONNER, verbe A. − Empl. trans. 1. Donner de nouveau à quelqu'un ce qu'il a déjà eu. Redonner à boire. Après chaque détonation (...) il tendait le bras derrière lui et quelqu'un s'emparait de l'arme et la lui redonnait chargée (D'Esparbès, Ceux de l'an 14,1917, p. 43): 1. Ensuite, comme les pauvres, habitués à ses largesses excessives, se plaignaient de la parcimonie de ses dons, elle leur disait: « Il m'est défendu de vous donner plus d'un denier à la fois, mais il ne me l'est pas de vous en redonner un chaque fois que vous reviendrez. »
Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 234. − En partic. Présenter de nouveau quelque chose au public. Redonner une comédie, un livre, une pièce. La Comédie-Française doit redonner « Le Soulier de satin » (Lar. Lang. fr.). − [Dans des loc. verb.] Donner à nouveau. Je n'aurai pas d'autre gendre, et tu n'auras pas d'autre mari, j'en redonne ma parole d'honneur au Bon Dieu (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 423).Ferdinand toi! Garde la boutique! Et ne me parlez plus surtout! Il redonnait maintenant des ordres... Il reprenait du ton (Céline, Mort à crédit,1936, p. 522). − VÉN. Relancer un animal. On redonne une bête aux chiens quand on la lance de nouveau (Baudr.Chasses1834). 2. Rendre à quelqu'un ou à quelque chose ce qui lui avait été pris ou retiré, ce qu'il n'avait plus ou pouvait ne plus avoir. Synon. restituer.Redonner confiance, (du) courage, (de l')espoir, des forces, du prestige, de la vigueur. Le repos forcé lui a redonné un peu le goût du travail (Gds cour. pensée math.,1948, p. 264): 2. Aujourd'hui, Gibert, le chanteur de salon, racontait qu'il y avait un médecin à Paris, dont la spécialité était le massage des figures de femmes, et qu'il obtenait des résultats étonnants, refaçonnant un visage déformé par la bouffissure ou la graisse et lui redonnant l'ovale perdu.
Goncourt, Journal,1889, p. 908. ♦ Redonner (la) vie. Rendre des forces, la santé à quelque chose. [P. anal.] On eût souhaité, après ces mois de sécheresse, quelque formidable tornade, abreuvant immensément le sol, et redonnant vie à la végétation endormie (Gide, Retour Tchad,1928, p. 963).Au fig. Rendre le goût de vivre à quelqu'un, faire revivre quelque chose. Le bonheur où nous avons atteint ne se refera pas. Il faut qu'il soit lui-même, passé dans l'éternité, parce que ce n'est pas nous qui lui redonnerons la vie (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 314). 3. Donner à une chose ce qu'elle a perdu, une propriété qu'elle ne possède plus. Le savon « Océan » (...) qui réduit à néant les taches les plus rebelles en redonnant au tissu l'éclat du neuf (A. France, Crainquebille,1905, 1ertabl., 3). B. − Empl. intrans. 1. a) Vieilli. Revenir à la charge. L'infanterie, qui avait été rompue à la première charge, se rallia et redonna avec un nouveau courage (Ac.). b) ,,La pluie redonne de plus belle. Elle redouble`` (Ac. 1798-1878). Le soleil redonne de plus belle (Ac.1935). c) Au fig., vieilli. Redonner dans + subst.Retomber dans (la même situation, le même travers). Revenu à Paris, il y avait été ressaisi par sa passion pour le métier des armes et par sa fougue de dissipation; il avait redonné à plein collier dans le désordre (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 89). 2. Redonner de + subst.Redonner de la voix. Donner à nouveau de la voix. Le gros homme frappe sur la table. Papa redonne de la voix, mais il n'est pas de taille (Duhamel, Terre promise,1934, p. 165). Prononc. et Orth.: [ʀ
ədɔne]; (il) redonne [-dɔn]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1remoit. xiies. « donner en retour, récompenser » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, CXV, 3); 2. ca 1175 « donner (à qqn) ce qu'il n'a plus, ce dont il manque » (Chronique Ducs Normandie, 2019 ds T.-L.); 3. 1176-81 « donner à nouveau » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 807); 4. 1176-81 « rendre, donner ce que l'on a reçu » (Id., ibid., 5697). B. Intrans. 1690 « revenir à la charge, redoubler » et en fauconn. « se remettre à (la poursuite du gibier) » (Fur.). Dér. de donner*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 359. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 242, b) 411; xxes.: a) 479, b) 807. |