| REDAN, REDENT, subst. masc. A. − Ressaut ou décrochement dans quelque chose. Je tombai. Par un bonheur inouï, je me trouvai sur le redan d'un roc où j'aurais dû me briser mille fois (Chateaub., Mém., t. 1, 1848, p. 307).Il ricanait (...) les regards fichés droits dans les miens (...). Nos camarades cachés par un redan de la paroi ne pouvaient nous apercevoir (Genevoix, Laframboise, 1942, p. 184). B. − Partie saillante dans la disposition de quelque chose. Synon. ressaut, saillie.Dans cette dernière disposition [en arcs octogonaux], les redans chevauchent les uns par rapport aux autres; on élargit de la sorte assez sensiblement la bande longitudinale qui contient les pavés des moindres dimensions (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 86).Les rayonnages en épi [de la bibliothèque de Trinity College à Cambridge par Christopher Wren] dessinent des redents qui circonscrivent de petits bureaux rectangulaires (A. Masson, P. Salvan, Les Bibliothèques, 1970, p. 35). − P. anal. Mais les rides creuses de ses joues, les redans de son crâne tortueux et sillonné, les salières qui marquent ses yeux et ses tempes, n'indiquent rien de débile dans sa constitution (Balzac, Fille Ève,1839, p. 100). C. − 1. ARCHIT. Ressaut d'un mur construit, sur un terrain en pente, formant comme une marche d'escalier (d'apr. Vogüé-Neufville 1971). En partic. ,,Une des découpures en forme de degrés, qui garnissent, soit les extrados des arcs, soit les arêtiers des gâbles, soit tout autre élément d'architecture`` (Noël 1968). Les arcades sont alternées de briques et de voussoirs en pierre. Le pinacle, à deux redans de chaque côté, est terminé par un couronnement cintré (Du Camp, Hollande, 1859, p. 172).On voit de très beaux et grands redents border intérieurement l'archivolte des trois avancées de portail de la cathédrale d'Amiens (Viollet1875). − [En Flandre] Pignon à redents. Chaque degré des pignons flamands. Quand un pignon, au lieu d'être fermé par la jonction de deux rampants, est taillé en escalier, on dit qu'il est à redents (Havard1890). 2. CHARPENT., MENUIS. Assemblage à redents. Assemblage exécuté au moyen de saillies sur une pièce et de creux sur l'autre qui s'ajustent parfaitement. Deux poutres superposées ou accolées peuvent être assemblées à redents (Chabat1881). 3. FOND. ET LAMIN. Bosse disposée dans la paroi supérieure du chenal de coulée afin d'arrêter les crasses avant qu'elles ne pénètrent dans l'empreinte (d'apr. Bader-Th. 1962). 4. FORTIF. ,,Ouvrage de fortification composé de deux faces qui forment un angle saillant vers la campagne et qu'on établit, de distance en distance, dans les circonvallations, afin que toutes les parties de l'enceinte se flanquent réciproquement`` (Chabat t. 2 1876). P. anal. [Dans une guerre de tranchée] Les tranchées étaient soigneusement défilées (...) des pièces de 75, montées en éclipse, flanquaient traîtreusement les redans en première ligne (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 20).Au fig. Retranchement. Une centaine [d'insectes] (...) grimpaient silencieusement le long de mon balai, pendant qu'un autre corps de troupe se dirigeait en bon ordre vers mon lit. Privé de mes armes, forcé dans mes derniers redans, je n'avais plus qu'à fuir (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p. 166). 5. MAR., AÉRONAUT. Décrochement extérieur pratiqué sur la coque d'hydravions et d'embarcations automobiles rapides, facilitant le déjaugeage (d'apr. Gruss 1952 et 1978). [L'hydravion] court sur son redan jusqu'au moment où il atteint la vitesse nécessaire au décollage (Guillemin, Constr., calcul et essais avions, 1929, p. 264).Les hydravions s'ébrouent, soulèvent des torrents d'eau et montent dans l'air bleu sécher leurs coques sans quilles ni redans (Morand, Route Indes, 1936, p. 335). Prononc. et Orth.: [ʀ
ədɑ
̃]. Ac. dep. 1694, Littré: -dan; mais DG: -dan ,,et mieux redent``; Lar. Lang. fr.: -dan ou -dent; Rob.: -dan ,,ou vieilli redent`` mais Rob. 1985, s.v. redan archit., v. redent, et s.v. redent: ,,on écrit parfois redan``. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 212: redent (et redenté). Étymol. et Hist. 1611 redent (Cotgr.); 1677 redan (Colbert, Lett., 4 juill.). Dér. de dent*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 23. DÉR. Redenté, -ée, adj.[Corresp. à supra C 1] a) Bât. ,,En forme de dents`` (Noël 1968). b) Archit. (ogivale). Redent redenté. Redent composé, formé de trois arcs de cercle se recoupant deux à deux (d'apr. Viollet 1875 et Jossier 1881). Les redents sont simples ou redentés (...) la figure 2 [présente] des redents redentés de deux sortes (...) Dans le second [exemple], il y a deux membres de profils, l'un pour le redent principal, l'autre pour le redent secondaire (Viollet1875).− [ʀ
ədɑ
̃te]. − 1reattest. 1875 (Lar. 19e); de redent, suff. -é*. BBG. − Archit. 1972, p. 171. |