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RECONNAÎTRE, verbe trans.
I. − Empl. trans.
A. − [Dans l'ordre des perceptions sensibles: mémoire, jugement] Identifier.
1. Qqn reconnaît qqn/qqc.Synon. vieilli ou littér. connaître.
Reconnaître qqn en/dans qqn/qqc.[Le compl. d'obj. désigne la nature, ou un trait caractéristique ou générique de la pers.] La ligne du dessin (...) est (...) la trace d'un geste qui saisit et exprime la forme. C'est pourquoi, dans le dessin, on reconnaît aussi bien l'artiste que le modèle (Alain,Beaux-arts, 1920, p. 276).À cette débandade nous n'avions rien à opposer que notre silence, un silence plus douloureux certes que méprisant, car dans ces dos qui fuyaient chacun de nous reconnaissait un camarade, un ami, le compagnon de longues heures (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 294).
Reconnaître qqn/qqc. à + compl. désignant le signe distinctif, la marque caractéristique.Dans un salon familier, je sens et reconnais la France à l'agrément de la conversation, à l'indulgence des mœurs, à je ne sais quelle générosité légère, à la grâce des visages féminins (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 125).Plusieurs fois elle crut reconnaître Daniel à sa démarche, dans la lueur des réverbères (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p. 589).
Loc. proverbiale. On reconnaît l'arbre à ses fruits. Synon. vx l'arbre se connaît à ses fruits (v. fruit1B 1).
Reconnaître qqn/qqc (pour) être + attribut désignant la nature, l'identité de la pers. ou de la chose.Une demi-douzaine de ces oiseaux moqueurs et chanteurs, que l'on reconnut être des « faisans de montagne » (Verne,Île myst., 1874, p. 108).Si Noblet, de la brigade des garnis, ne s'était trouvé face à face, un soir, chez la Troyon, avec un homme qu'il reconnut pour être le vicomte Drouet d'Eslon, il aurait juré que l'homme qu'il venait arrêter (...) était Ballmeyer! (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 77).V. atterrage ex. 3.
Reconnaître qqn pour/comme + attribut.Quand je pense à ce noble peuple d'Athènes (...) où une marchande d'herbes reconnaissait Théophraste pour étranger (Renan,Avenir sc., 1890, p. 322).Ce que j'appelle Lorraine, ce que je décris sous le nom de Lorraine, n'est peut-être qu'un sentiment très vif de mes limites. J'ai reconnu le vieil arbre lorrain comme le poteau où ma chaîne me rive (Barrès,Cahiers, t. 5, 1907, p. 288).
2. Découvrir dans une perception présente (principalement visuelle, auditive ou tactile) l'image, la notion ou le nom de quelqu'un ou de quelque chose dont on a déjà eu l'expérience ailleurs ou dans le passé. Synon. vieilli remettre.L'air de la marche était une espèce de pot-pourri composé de plusieurs morceaux parmi lesquels, à ma grande satisfaction, je reconnus la chanson du roi Dagobert (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 54).Elle avait d'ordinaire une bonne mémoire des lieux, qui se réveillait quand elle était sur place (...). Elle reconnut bien les alentours de la station (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p. 70).
Reconnaître qqn.Reconnaître son maître, un vieux camarade. La duchesse (...) ne l'eût pas reconnu à le voir passer dans la rue; elle le trouvait ce qu'il était en effet, l'un des plus jolis hommes de l'Italie (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 125):
1. On lui présenta les jeunes filles et les jeunes gens qu'elle ne connaissait pas (...). Je me disposais à faire moi-même cette présentation. Mais, avant que j'eusse pu rien dire, la jeune fille s'avançait vers lui avec une décision et une gravité surprenantes: − Je reconnais Augustin Meaulnes, dit-elle. Et elle lui tendit la main. Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 263.
Reconnaître (bien) là qqn/qqc.Retrouver quelqu'un, quelque chose avec sa nature profonde, ses tendances véritables, son caractère propre. Sur mon lit d'hôpital, l'odeur de l'encens m'est revenue si puissante; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr... Je reconnais là ma sale éducation d'enfance (Rimbaud,Saison enfer, 1873, p. 238).C'est très gentil d'avoir pensé à moi, répondit-elle (...), je vous reconnais bien là, mon cher monsieur Cabillaud (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p. 208).
SYNT. Reconnaître un accent, un air, un objet, un visage; reconnaître qqn/qqc. à peine, bien, parfaitement, vite, tout d'abord, aussitôt, soudain, immédiatement, tout de suite, sur-le-champ, aisément, facilement, sans peine, au passage, dans l'ombre; reconnaître qqn dans la rue; d'abord ne pas reconnaître qqn; croire reconnaître qqn; il semble à qqn reconnaître qqn/qqc.; reconnaître le pas, la voix, la démarche, l'écriture de qqn; reconnaître à l'odeur, à l'oreille; ne reconnaître personne, plus personne; faire reconnaître qqn; se faire reconnaître.
3. Explorer, visiter pour observer la nature, la disposition, la configuration (d'un lieu); chercher à déterminer (la situation de). La promenade à pied était si agréable que l'Empereur a voulu la continuer. Au bout de quelque temps, comme le jour baissait, il a voulu que la calèche allât seule reconnaître le chemin jusqu'à la porte de MlleMasson (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 376).J'y serai avant toi! J'irai reconnaître le secteur et voir de jour la gueule des poules. La nuit, ça les avantage trop! (Vercel,Cap. Conan, 1934, p. 38).
Spécialement
DÉFENSE. Effectuer une reconnaissance sur le terrain pour repérer les lieux, observer la position de l'ennemi. J'étais parmi les éclaireurs. Nous ne voyions rien. C'est une des grandes finesses de la guerre. On envoie pour reconnaître l'ennemi des gens qui reviennent sans avoir rien reconnu, ni connu (A. France,Rôtisserie, 1893, p. 330).
MAR. [Le compl. désigne une terre, une côte, un feu]
S'en approcher et en déterminer très exactement l'identité, les caractéristiques propres, ainsi que la position où l'on se trouve (d'apr. Soé-Dup. 1906 et Gruss 1978). Synon. effectuer la reconnaissance* de, arraisonner.Pour se rendre de France à la Louisiane, on va jusqu'à présent reconnaître Saint-Domingue; ensuite (...) on reconnaît le cap Catoche, celui de Saint-Antoine, et l'on va droit à l'embouchure du Mississipi (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p. 12).V. arraisonner ex. 3:
2. Il fallait veiller les navires qui, du Nord, du Sud et de l'Ouest, après des jours et des nuits au large venaient reconnaître la terre avant de s'engager dans la mer d'Irlande ou se diriger vers l'Est. Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 59.
Découvrir (une terre, une côte inconnue jusqu'alors). Nous voyagions au nord de la terre de Grant, à la hauteur du quatre-vingt-troisième parallèle, détachés tous les deux, Samuel et moi, de la fameuse expédition Nordens-Kiold, avec, pour mission particulière, de reconnaître la mer de Lincoln, tout simplement (Duhamel,Suzanne, 1941, p. 113).
CHASSE, empl. abs. ,,On envoie reconnaître entre les chasses pour savoir s'il y a des cerfs courables dans un pays, ou bien dans les temps de sécheresse, parce qu'il est avantageux pour les valets de limier de savoir le jour de la chasse, à peu près ce qu'il y a de cerfs dans leur quête et de quel côté ils donnent`` (Baudr. Chasses 1834). Empl. trans. J'en fais juge le général: j'avais reconnu mon cerf la veille; c'était un porte-six (Jouy,Hermite, t. 4, 1813, p. 173).
INFORMAT. Repérer par codage une forme en vue d'un traitement. V. reconnaissance A 1 b ex. du Monde aujourd'hui.
B. − [Dans l'ordre de la croyance, des opinions, du jugement ou des mœurs] Poser que quelqu'un ou quelque chose est tel qu'il est ou qu'il se prétend être.
1. Qqn reconnaît qqn.Admettre l'authenticité de. Reconnaître un Dieu, une religion, un culte. Si ces bêtes grossières [les hommes] s'accordent dans leur erreur pour reconnaître Dieu (...), ce sera un fait bien positif puisqu'il dure depuis que le monde est monde (Delécluze,Journal, 1827, p. 419).Et le prêtre ne peut pas plus renier le soldat que le soldat le prêtre. Et le centurion ne reconnaît pas moins Jésus-Christ sur l'arbre de la Croix, que Jésus-Christ ne reconnaît le centurion (Psichari,Voy. centur., 1914, p. 77).
[P. allus. hist. aux paroles prononcées par le légat du pape au cours du massacre des Albigeois, pour justifier une position ou une démarche] Dieu reconnaîtra, saura reconnaître les siens. Fra Silvio: Dieu saura reconnaître les siens. Lucciana: Et vous, vous êtes parmi les siens? Fra Silvio: Dieu sait que je l'aime et que je le sers. Il me traitera pour l'éternité selon son bon plaisir (Salacrou,Terre ronde, 1938, ii, 3, p. 204).
DROIT
DR. INTERNAT. PUBL. Faire acte de reconnaissance d'un gouvernement, d'un État. La France reconnaît les États et non les gouvernements (Sand-BéaPol.1976).
DR. CIVIL. Reconnaître un enfant (naturel). Faire acte de reconnaissance d'un enfant naturel. Son oncle est mort, laissant une fille naturelle qu'il n'avait jamais reconnue (Mérimée,Double mépr., 1833, p. 57).Reconnaître une écriture. Faire acte de reconnaissance d'une écriture. Reconnaître une dette. Faire acte de reconnaissance d'une dette.
2. Qqn reconnaît qqc.
a) Accepter pour vrai et déclarer comme tel(le) (une idée, un jugement, une opinion, la réalité d'un fait) après enquête ou après objection ou doute. Reconnaître les dégâts, les faits; reconnaître l'existence, l'évidence, le bien-fondé de qqc.; reconnaître qqc. sans peine, aisément, facilement; finir par reconnaître qqc. Les belles âmes arrivent difficilement à croire au mal, à l'ingratitude, il leur faut de rudes leçons avant de reconnaître l'étendue de la corruption humaine (Balzac,Illus. perdues, 1843, p. 563):
3. ... le temps orne les beaux édifices, en dénudant la forme durable, et offre ainsi ces beaux modèles, hors desquels l'art architectural ne peut rien. Le génie humain n'a donc qu'à reconnaître ici le beau de ses propres œuvres. Alain,Beaux-arts, 1920, p. 180.
PHILOS. ,,Adhérer à une proposition après l'avoir mise en doute`` (Piguet 1960).
[Le suj. désigne une chose] Admettre. Dans tous les cas de ce genre, la délictuosité (...) ne dérive pas tout entière de la vivacité des sentiments collectifs qui sont offensés, mais reconnaît une autre cause (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 49).
Tenir pour vrai en conclusion de recherches, d'études, en diagnostic final. Synon. constater, être amené à conclure, à connaître, à savoir.Reconnaître une maladie; reconnaître aujourd'hui, bientôt qqc. C'est dans ce cahos [sic] apparent, que nous avons commencé par porter la lumière. Nous avons cherché à en découvrir la composition, et à en reconnaître les premiers élémens (Destutt de Tr.,Idéol. 2, 1803, p. 19).
Admettre et proclamer le statut officiel, l'existence juridique de. Reconnaître une loi; reconnaître l'authenticité d'un document; reconnaître des droits à qqn. Le petit nombre des contrats que reconnaît l'ancien droit, dit Voigt, contraste de la manière la plus frappante avec la multitude des obligations qui naissent du délit (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 115).Après dix ans de plaidoirie, la compagnie déclare ne pas reconnaître la compétence des tribunaux ottomans et veut qu'on aille au consulat devant le consul allemand (Barrès,Cahiers Orient, 1914, p. 29).
En partic. [Le compl. d'obj. désigne un acte répréhensible] Synon. avouer, confesser, convenir de.Reconnaître son erreur, ses erreurs, ses faiblesses, ses torts. Il reconnut l'énormité de sa faute, et qu'il s'était d'une deuxième fois livré en vain, livré pour rien à Chantal comme jadis à Chevance (Bernanos,Joie, 1929, p. 703).
Reconnaître que + ind.; reconnaître + inf.Synon. admettre, avouer, concéder, convenir (de, que).Il faut bien reconnaître que; on doit reconnaître que; force est de reconnaître que. Si nous reconnaissons n'avoir d'aucun objet, fût-il même tout rationnel, un genre de certitude où notre personne au fond ne se trouve en jeu, il ne faudra pas nous étonner d'avoir été conduits à voir dans la liberté affirmée un acte de la liberté (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. xxxvii).Je m'étais endormi sur la banquette et le contrôleur me secouait. « Votre billet! » Il me fallait reconnaître que je n'en avais pas (Sartre,Mots, 1964, p. 90).[En incise] Il faut le reconnaître. Mais, reconnaissons-le, toutes ces révolutions, avec leurs exagérations parfois éphémères, ont eu un mérite: celui de rendre manifeste, en les caricaturant, certaines possibilités que l'essence même de l'art plastique devait receler (Jeux et sports,1967, p. 743).
Reconnaître qqc. à qqn.[Le compl. d'obj. désigne une qualité, un défaut, un attribut de la pers., un trait de comportement] Synon. accorder, attribuer.Reconnaître un don, un mérite à qqn. L'aliment ne diffère pas assez chez ces deux peuples d'Occident (...) pour qu'on soit tenté de lui reconnaître une action trop considérable sur le caractère de leurs génies respectifs (Faure,Espr. formes, 1927, p. 89).Certes elle n'éprouve pour Gurau rien qui ressemble à la passion que décrivent les auteurs. Et pourtant, elle lui reconnaît une espèce de beauté (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p. 151).
b) Qqn reconnaît qqc.[Le compl. d'obj. désigne un bienfait] Se souvenir de, en manifestant de la reconnaissance, de la gratitude. Synon. gratifier, savoir gré* de.Reconnaître un service, de bons offices:
4. − Voilà comme tu reconnais les bontés qu'on a pour toi! voilà comme tu me recompenses des soins tout paternels que je te prodigue! Car, sans moi, où serais-tu? que ferais-tu? Qui te fournit la nourriture, l'éducation, l'habillement (...)! Flaub.,MmeBovary, t. 2, 1857, p. 95.
II. − Empl. pronom.
A. − Empl. pronom. réfl.
1. Vx ou littér. Reprendre ses esprits. Synon. reprendre connaissance, reprendre conscience, se retrouver.Le cœur lui battait encore et il eut l'impression de n'être plus tout à fait la même personne depuis quelques minutes. Il s'assit sur un banc pour se calmer, pour se retrouver et se reconnaître (Green,Chaque homme, 1960, p. 319).
2.
a) Retrouver son identité. À présent, une apparence de froide politesse couvre à la fois caractère et actions. Aussi je n'estime pas que beaucoup puissent se reconnaître aux portraits effarés que l'on fait de nous (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p. 134).Quand il se regarda dans la glace, il ne se reconnut pas et salua (Éluard,Donner, 1939, p. 108).
b) Se reconnaître en/dans qqn, dans qqc.Retrouver des traits de sa personnalité dans une autre personne, dans une chose. Se reconnaître dans son fils, dans un récit, dans un personnage. Ô l'aveugle qui ne se reconnaît pas dans l'étranger rencontré face à face, tout à coup, déjà ennemi par le regard et le pli haineux de la bouche, ou dans les yeux de l'étrangère! (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 163).Le grand scandale de Rousseau fut sa passion pour la solitude. Chez des âmes sensibles qui par ailleurs se reconnaissaient en lui, il était honni à cause de cette singularité (Mauriac,Trois gds hommes dev. Dieu, 1947, p. 79).
3. Se reconnaître + attribut du compl. d'obj.
a) S'avouer être. Se reconnaître coupable. N'est-ce pas se rapprocher des choses, se fondre en elles, que se reconnaître étranger à son propre entendement? (Milosz,Amour. init., 1910, p. 130).Il n'y a point d'orgueil dans un cèdre à se reconnaître le plus grand arbre des arbres (Valéry,Variété IV, 1938, p. 108).
b) Empl. pronom. réfl. indir. Avouer avoir. Se reconnaître des torts. Une poésie fort acceptable monta de son cœur à sa tête; il se reconnut une enfance rêveuse, une adolescence mélancolique, une jeunesse contemplative (Gobineau,Pléiades, 1874, p. 187).
B. − Empl. pronom. réciproque. [Corresp. à supra I A 2 a] Se reconnaître mutuellement, réciproquement; se reconnaître aussitôt. Dès que Louis XIV et lui [Bossuet] se furent trouvés en présence et reconnus, ils sentirent, l'un qu'il avait trouvé son monarque (...) l'autre son évêque (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 351).V. madrigalique dér. s.v. madrigal ex.
C. −
1. Se retrouver, se repérer dans un lieu. Synon. s'orienter.Il nous désigna deux chambres (...). Mon premier soin fut de me reconnaître. Nos chambres donnaient sur les champs (A. France,Rôtisserie, 1893, p. 71).À force de déambuler d'un bord de l'ombre à l'autre, on finissait par s'y reconnaître un petit peu, qu'on croyait du moins... Dès qu'un nuage semblait plus clair qu'un autre on se disait qu'on avait vu quelque chose (Céline,Voyage, 1932, p. 34).
2. Au fig. S'y retrouver. Soutiendra-t-on que c'est le nombre des suffrages qui fait la vérité, et qu'avant Galilée la terre ne tournait pas? Je suis un peu embarrassé pour me reconnaître au milieu de tant de sophismes dont l'humanité se leurre (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p. 82).Je parcours à nouveau la dernière partie du volume, ces Nouvelles Nourritures que la plus récente édition joint aux premières; et m'y reconnais mal (Gide,Journal, 1943, p. 220).
[En cont. nég.] Ne pas, ne plus se/s'y reconnaître.S'embrouiller. Synon. s'y perdre, perdre le fil*, perdre les pédales (fam.).Elle tire de derrière le comptoir le « livre de police » (...). − On s'y reconnaît plus dans ces paperasses. Maltaverne, Prosper... Ça, au moins, c'est facile à retenir (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 116).Elle portait une robe d'intérieur mauve avec du chantilly et des passementeries, qui faisait toutes sortes de drapés, si bien qu'on ne s'y reconnaissait pas pour la défaire (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 307).
D. − Empl. pronom. passif. Être reconnu ou reconnaissable.
1. [Le suj. désigne un animé] Ce n'est pas à son collier que se reconnaît le chien. On a mal posé, depuis toujours, la question de la conscience créatrice (Faure,Espr. formes, 1927, p. 137).
2. [Le suj. désigne qqc.] On ne distingue ni le haut, ni le bas de ce corps [un cadavre en boule]; dans le tas qu'il forme, seule se reconnaît la poche béante d'un pantalon (Barbusse,Feu, 1916, p. 163).
Prononc. et Orth.: [ʀ əkɔnεtʀ ̭], (il) reconnaît [-nε]. Ac. 1694, 1718; reconnoistre: 1740-98: -oître; dep. 1835: -aître. Étymol. et Hist. I. Saisir, distinguer, identifier, connaître par la mémoire, le jugement 1. « retrouver dans sa mémoire l'idée d'une personne, d'une chose, quand on vient à la revoir ou à l'entendre » a) fin xes. reconnostre [aucun] (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 415: Dunc reconnossent lo senior, si l'adorent [les tres femnes] cum redemptor); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 272; 287); ca 1100 recunoistre [aucun] a [aucune rien] (Roland, éd. J. Bédier, 1639: En mi sa veie ad encuntret Rollant, Enceis nel vit, sil recunut veirement Al fier visage e al cors qu'il out gent); av. 1784 réfl. « trouver de la ressemblance entre une personne, une image et soi-même » (Diderot, Essai sur la peinture, V ds Œuvres, éd. Club fr. du livre, t. 6, 1970, p. 305: Qui ne se reconnaîtrait pas dans Molière? Et si l'on ressuscitait les héros de nos tragédies, ils auraient bien de la peine à se reconnaître sur notre scène); b) ca 1165 reconoistre [aucune rien] (Benoît de Ste-Maure, Troie, 30221 ds T.-L.), 1580 (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 467: la plupart des animaux qui vivent avec nous reconnoissent nostre voix); 2. ca 1165 réfl. « savoir où l'on se trouve grâce au souvenir d'un lieu qu'on revoit; se retrouver » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 25110 ds T.-L.); 3. a) « identifier, trouver, vérifier (grâce à un signe, un caractère) » 1172 reconnoissanz adj. sens passif « facilement reconnaissable » (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 3242: Qui est as armes puissanz [Yvains] Et desor toz reconoissanz, Si con cierges antres chandoiles Et la lune antre les estoiles...); ca 1200 reconnoistre [aucune rien] a [aucune rien] (Chatelain de Coucy, Chans., éd. A. Lerond, V, 42: Si coiement est ma doleurs celee Qu'a mon samblant ne la recounoist on); b) 1376 spéc. cynégét. soy recongnoistre « avoir connaissance des caractéristiques d'une bête d'après certains signes » (Modus, éd. G. Tilander, 36, 24, p. 68); c) 1636 « retrouver avec son véritable caractère » (Corneille, Cid, I, 5: Je reconnais mon sang à ce noble courroux); 4. ca 1276 réfl. « reprendre conscience de la situation, examiner ce que l'on doit faire; reprendre ses sens » (Adam de La Halle, Jeu de la Feuillée, éd. E. Langlois, 171); 5. 1580 « discerner, découvrir grâce à un examen » (Montaigne, Essais, II, 11, p. 429: ceux qui reconnoissoient en sa physionomie [de Socrate] quelque inclination au vice); 6. a) 1580-88 milit. « chercher à connaître, à déterminer la situation, la disposition d'un lieu » (Id., ibid., 34, p. 739); 1664 mar. reconnoître la côte et les ports (Ablancourt, Ar. [trad. Arrian] l. 7 ds Rich. 1680); b) 1690 reconnoistre l'armée ennemie (Fur.); 1835 reconnaître une patrouille (Ac.). II. Admettre, tenir pour vrai, pour tel A. 1. a) xes. trans. « admettre, avouer (un tort, une faute commise) » (Passion, 196: Terce vez Petre lo neiez. Jesus li bons lo reswardet, Lui recognostre l semper fiz); ca 1100 reconoistre sun tort (Roland, 3588); déb. xiiies. recunussant adj. « qui avoue » (Chardry, Sept dormants, 1236 ds T.-L.); b) 1174-76 réfl. « reconnaître sa faute » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 5624); 1erquart xiiies. id. « se repentir » (Courtois d'Arras, éd. E. Faral, 437); 2. a) ca 1100 dr. médiév. « faire hommage de » reconoistre sun feu (Roland, 2680); b) 1160-74 « admettre [une personne] pour chef, maître » recongnoistre [aucun] a er e a seignor (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1534); id. spéc. recunoistre Deu « reconnaître la toute puissance de Dieu » (Id., ibid., III, 752); 3. « admettre pour vrai, réel (après avoir douté, malgré des réticences) » a) 1160-74 recongnoistre le droit de [aucun] (Id., ibid., C.A., 132; III, 7588); b) ca 1170 reconoistre la verité « admettre (après un doute) que quelqu'un a dit la vérité » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1208); ca 1240 (Coll. agn. Mir. Vierge, 55, 91, p. 234 ds T.-L.: sa vertu [de l'image de la Vierge] est tant fine Ke la reconeisent gent saresinee); c) 1174-87 reconoistre que (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 2838); d) 1588 réfl. (Montaigne, Essais, III, 13, p. 1115: D'autant es tu Dieu, comme Tu te recognois homme); 4. « admettre, déclarer comme sien » a) 1549 recognoistre son sing (Est.); b) 1675, 11 sept. reconnaître un fils (Mmede Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 850); 5. 1580 « attribuer (une faculté, une vertu...) » (Montaigne, op. cit., II, 12, p. 469: ces effets que nous reconnoissons aux autres animaux); 6. 1595 recognoistre (qqn) pour + attribut recognoistre pour le meilleur orateur du temps (Id., ibid., I, 26, p. 174). B. 1. 1erquart xiiies. réfl. « être reconnaissnt, se déclarer satisfait » (Courtois d'Arras, éd. E. Faral, 88); 1355 recognoissant adj. « qui témoigne de la gratitude » (Bersuire, Tit. Liv., BN 20312 ter, fol. 31 v ods Gdf. Compl.); 2. ca 1470 « donner un témoignage de gratitude, récompenser » (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 284); 1583-90 part. passé adj. recogneu « récompensé » (Brantôme, Capitaines estrangers, Prince de Melfe ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 2, p. 228). Du lat. recognoscere « retrouver, revoir dans son esprit, rappeler à sa mémoire; passer en revue, inspecter, examiner » à l'époque class.; « connaître, comprendre, se rendre compte »; « avouer sa faute » trans., dans la lang. chrét. (culpam recognoscere, ives., St Ambroise ds Blaise Lat. chrét.), l'empl. réfl. de ce sens étant relevé au Moy. Âge (se recognoscere « reconnaître son tort, faire des aveux » 852 ds Nierm.) Le mot est adopté par le vocab. féod. aux sens de « faire l'aveu d'un fief, reconnaître les droits d'un seigneur féodal » (recognoscere aliquid de aliquo, 1102, ibid.), et de « reconnaître, confirmer les droits de quelqu'un sur un bien » (recognoscere aliquid alicui, 1063, ibid.). Fréq. abs. littér.: 15 982. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 21 119, b) 20 267; xxes.: a) 22 900, b) 25 317. Bbg. Fennell (T. G.). La Morphol. du futur en moy. fr. Genève, 1975, p. 123.