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RECEVEUR, -EUSE, subst.
Surtout au masc.
A. − ADMIN., DR., LÉGISL. FINANCIÈRE. Personne chargée de percevoir les deniers publics. Bureau, caisse du receveur. Peut-être avait-il été receveur à la porte d'un abattoir, ou sous-inspecteur de salubrité (Balzac, Goriot,1835, p. 19).C'est bien avec ce cumul des fonctions de payeur et de receveur (...) que l'on trouve l'essence même de la fonction moderne de trésorier-payeur général (A. Neurrisse, Le Trésorier-payeur général,Paris, P.U.F., 1986, p. 8).
[Avec un compl. prép. de] Receveur des douanes. Padoie, ancien employé des finances, qui venait d'être nommé receveur des contributions à Vannes (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Soirée, 1887, p. 582).Elle resta trois jours absente. Le receveur de l'enregistrement l'avait déjà signalée comme disparue au commissariat (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 105).Receveur (particulier) des finances. Fonctionnaire qui, dans chaque arrondissement, effectue toutes les opérations de la trésorerie, pour le compte du trésorier-payeur général (d'apr. Barr. 1967). Receveur des impôts. Comptable public rattaché à la Direction générale des impôts, chargé du recouvrement de l'ensemble des impôts indirects autres que ceux relevant de la Conservation des hypothèques, et de certains impôts directs (d'apr. Jur. 1981).
POSTES ET TÉLÉCOMM. Receveur des postes, p. ell., receveur. Personne chargée d'administrer un bureau de poste. V. poste1B 1 b.
HIST. Receveur des gabelles, des tailles. Un salaire, mais toujours arbitrairement fixé et bas. Le poids d'une charge si mal posée devient parfois si lourd que le receveur des tailles s'en inquiète (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 218).Le triomphateur du canal du Midi fut, non un ingénieur chevronné, mais un receveur de gabelles du nom de Pierre-Paul Riquet (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 204).
[Suivi d'un adj. ou d'une appos.] Receveur divisionnaire, principal; receveur spécial. Impôts à recouvrer par les comptables (receveurs-percepteurs des cantons et receveurs particuliers des finances dans les arrondissements) (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 309):
1. ... il n'existe pas dans une mairie une caisse où se trouverait l'argent des recettes pour payer les dépenses. C'est le receveur municipal, ou percepteur, fonctionnaire du ministère des Finances, qui reçoit les fonds... Fonteneau, Cons. munic.,1965, p. 54.
Receveur buraliste. Préposé de la régie chargé de recevoir les déclarations des redevables et de percevoir les droits. Si l'on ajoute 8 676 facteurs ruraux, 1 000 agents de bureaux de distribution des lettres, et 8 840 receveurs buralistes des contributions indirectes, le personnel des finances se compose de plus de 80 000 agents (Vivien, Ét. admin.,t. 1, 1859, p. 176).
HIST. Receveurs diocésains (Lep. 1948). Receveur général. Comptable qui avait pour fonction essentielle de centraliser les aides collectées par les receveurs (d'apr. A. Neurrisse, Le Trésorier-payeur général, Paris, P.U.F., 1986, p. 17):
2. Si après avoir touché les intérêts pendant un certain temps, la rente s'est élevée, et si l'on désire vendre (...), on remet son inscription au receveur général qui la fait vendre et en compte le montant aussitôt qu'il est avisé du transfert par la trésorerie qui porte la somme reçue à son compte... Boyard, Bourse et spécul.,1853, p. 173.
Receveurs particuliers (Lep. 1948). Agents chargés de recevoir des élus les impôts perçus par eux, de recevoir les produits du domaine, et de verser le tout entre les mains d'un receveur général.
B. − Employé(e) préposé(e) à la recette dans les transports publics. Receveur d'autobus, d'omnibus. La receveuse du tramway (Ac.1935).Un contrôleur d'omnibus et un receveur (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 476).Puisque je vous dis que je suis receveur de tramway! (Malraux, Espoir,1937, p. 644).
C. − CIN., subst. fém. La receveuse des billets, dans un spectacle (Ac.1835, 1878).
D. − MÉD., BIOL. Anton. donneur (v. ce mot A 1).
1. [Lors d'une transfusion ou d'une perfusion sanguine] Personne qui reçoit du sang. Les accidents de transfusion surviennent quand les globules du donneur sont précipités, agglutinés, par le sérum du receveur (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 90).
Receveur universel. Sujet appartenant au groupe sanguin AB (dans le système A B O) pouvant recevoir du sang de n'importe quel groupe (A, B, AB ou O) (d'apr. Thinès-Lemp. 1975). Les individus AB ne peuvent donc fournir leur sang qu'à leur propre groupe, mais ils peuvent en recevoir de quiconque: ce sont les receveurs universels (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936p. 91).
2. Malade sur lequel on greffe un tissu ou un organe prélevé sur un donneur. Pendant ces deux jours, la greffe du cœur a mobilisé tous les moyens d'information. Les familles du donneur et du receveur ont été interviewées, photographiées, amenées au micro (L'Express,6-12 mai 1968, p. 83, col. 3).Rein d'un donneur vivant de la fratrie du receveur, partageant avec ce dernier certains marqueurs biologiques spéciaux de la personnalité (Le Monde aujourd'hui, 8-9 juill. 1984, p. ii, col. 3).
En appos. avec valeur d'adj. La réussite ou la non réussite d'une greffe dépend d'un certain « différentiel » entre l'organisme donneur et l'organisme receveur (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936p. 78).
E. − TECHNOLOGIE
1. IMPR. Ouvrier, ouvrière qui reçoit les feuilles imprimées sortant de la presse. Le conducteur (...) est généralement aidé du receveur de feuilles et du margeur qui constituent avec lui ce qu'on appelle l'équipe de la presse mécanique (Chelet, Lithogr.,1933, p. 164).
2. MINES ET CARR. Ouvrier préposé à une recette. On a (...) soin de disposer à la tête et au pied [du plan incliné] de faibles pentes et contre-pentes, pour aider les receveurs à former et à décomposer les trains (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 912).
Prononc. et Orth.: [ʀ əs(ə)vœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Lar. Lang. fr. [ʀ əsə-], Barbeau-Rodhe 1930 [ʀ əsvœ:ʀ], [ʀ əzvœ:ʀ], et dans le receveur [ʀsə-]. Martinet-Walter 1973, dans au receveur [ʀ əsə-] (15/18). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiies. « celui qui accueille, qui soutient moralement » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 58, 10 [susceptator]), seulement dans les trad. des psaumes, v. T.-L. et Gdf.; 2. a) ca 1170 recevur « celui qui a la charge de faire une recette pour l'État ou pour un particulier » (Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 139); b) 1416 receveur général (Rec. des historiens de la France, doc. financiers, t. 5 ds Quem. DDL t. 22); c) 1848 (Arrêté du Ministre des finances, 13 mai ds Littré Suppl.: fonctions de receveur buraliste des contributions indirectes et de débitant de tabac et de poudre); 3. a) 1835 receveuse des billets (Ac.); b) 1872 « ouvrier imprimeur » (Journ. officiel, 22 déc., p.8024, 2ecol. ds Littré Suppl.). Dér. de recevoir*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 271. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 423, b) 500; xxes.: a) 261, b) 365. Bbg. Quem. DDL t. 11, 16, 22.