| RECALER1, verbe trans. A. − MENUIS. Dresser à l'aide d'une cale des bois à l'extrémité desquels on veut faire une surface de joint (en coupe droite, en coupe d'onglet ou en fausse coupe) à l'aide d'un ciseau ou d'un rabot (d'apr. Chabat t. 2 1876). Varlope à recaler. Empl. pronom. passif. Les plus grandes pièces se recalent au rabot, et dans un bois à ajuster, comme nous l'avons dit pour le placage (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 148). − Boîte à recaler. Instrument comportant une cale mobile, fixée à une vis, qui peut glisser dans la rainure pratiquée sur les parois de la boîte afin de serrer, selon diverses inclinaisons, les bois qu'on veut aplanir (d'apr. Chabat t. 2 1876). B. − 1. a) Qqn recale qqc.Mettre de nouveau d'aplomb, immobiliser quelque chose qui s'est ou a été décalé. Recaler une table. Les artilleurs se tiennent immobiles de chaque côté, quelques-uns appuyés (...) sur les palans avec lesquels ils ont placé et recalé la pièce (Goncourt, Journal, 1870, p. 643). b) Empl. pronom. réfl., pop. Se réinstaller le plus confortablement possible à la place qu'on occupait. Puis, toute cette cour des miracles se hissait, se retassait, se recalait dans les wagons (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 79). c) Pop. Qqc. recale qqn.Combler, rassasier. Synon. caler.Tout de même ça vous recale l'estomac. J'avais besoin de ça (Courteline, Gaîtés Esc., 1886, VI, p. 80). − Empl. pronom. réfl. Reprendre des forces, se refaire. Synon. se remplumer.Ah faut bien ça [l'Exposition de 89] pour se recaler, parce que (...) depuis quelque temps (...) c'est la misère en quatre volumes (Méténier, Lutte pour amour, 1891, p. 43). 2. Vieilli, arg. des artistes. Rectifier un travail, le corriger. Il faudrait pour l'Éducation récrire ou du moins recaler l'ensemble, refaire deux ou trois chapitres et, ce qui me paraît le plus difficile de tout, écrire un chapitre qui manque (Flaub., Corresp., 1852, p. 344). C. − Au fig., vieilli. Qqn recale qqn dans qqc.Remettre quelqu'un à la place qu'il occupait auparavant. Synon. rembarrer.Comme il a voulu empiéter sur mon territoire le plus personnel, je l'ai recalé dans son coin et à distance (Flaub., Corresp., 1852, p. 455). Prononc.: [ʀ
əkale], (il) recale [ʀ
əkal]. Homon. recaler2. Étymol. et Hist. 1. a) 1676 « ôter du bois avec la varlope » (Félibien); b) 1704 « polir le bois avec la varlope » (Trév.); 2. a) 1824 « caler une seconde fois un meuble » (Raymond); b) 1852 « (d'un texte) améliorer, corriger » (Flaub., loc. cit.); 3. 1845 pop. « rembarrer quelqu'un » (Besch.). Dér. de caler2*; préf. re-*. FEW t. 2, 1, p. 59 rattache le sens 3 (ainsi que le sens de « répliquer vivement » att. antérieurement dans certains parlers région. [1774 recalai, Grosley, Mém. hist. sur Troyes d'apr. Mignard]), à l'étymon. calare, v. recaler2. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 354. |