| RAZ, RAS4, subst. masc. A. − 1. Courant marin très violent qui se manifeste dans un passage resserré. Malgré le calme, nous sommes terriblement secoués par le raz, et la mer par gros temps doit être affreuse ici (Charcot, Voy. îles Féroë, 1934, p. 41). 2. P. méton. Passage étroit où ces courants se font sentir. Raz de Sein, de Barfleur. Des lits de marée plus forts que ceux du four ou du raz de Brest (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 91).Les îliens, pendant les nuits de tempête, se figurent que les âmes des noyés pleurent dans le raz, qu'elles voltigent au-dessus de la mer, qu'elles montent sur le rivage et heurtent aux fenêtres (Queffélec, Recteur, 1944, p. 10). B. − Raz de marée 1. Énorme vague isolée, généralement d'origine sismique, qui déferle violemment sur la côte. C'était à croire qu'un raz de marée, provoqué par quelque commotion sous-marine, soulevait ces lames monstrueuses et les précipitait sur la muraille de Granite-House (Verne, Île myst., 1874, p. 319).Des villes entières sont détruites; la mer se soulève en vagues énormes, ou ras de marée, qui balaient les rivages sur de grandes étendues (Boule, Conf. géol., 1907, p. 18). 2. Au fig. Phénomène soudain et massif qui bouleverse une situation politique, sociale. Un raz de marée électoral. Les Américains, redoutant que la fin de la bataille d'Afrique y provoquât un raz de marée « gaulliste », firent un grand effort pour nous amener à composition (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 88). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ]. Rob.: ,,On prononce [ʀ
ɑ:z] dans l'expr. géogr. Pointe du Raz``. Homon. ras1, 3. Ac. 1835: ras de marée; dep. 1878: raz, ras (id. ds Littré, Rob. 1985, mais Lar. Lang. fr.: raz). Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 212: ras. Ac., Littré, Lar. Lang. fr.: raz de marée; Rob. 1985: raz de marée ou raz-de-marée. Étymol. et Hist. 1. Fin du xives. « courant marin violent, qui se fait sentir dans un passage étroit » (Froissart, Chroniques, éd. L. et A. Mirot, t. 13, p. 137: les ras Saint Mahieu en Bretaigne); 2. 1484 [éd. 1531] « passage resserré où se produisent ces courants » (Garcie, Grant routier, Rouen ds Fr. mod. t. 26, 1958, p. 56); 3. a) 1678 rats de marée (Guillet, III); b) 1946 fig. (Ambrière, Gdes vac., p. 273). Empr. à l'a. nord.rás « courant (d'eau); course, chute » (FEW t. 16, p. 668; De Vries Anord.). Le bret. raz est empr. au fr. (FEW t. 16, p. 668b; P. Quentel ds R. intern. Onom. t. 21, 1969, pp. 71-73). Fréq. abs. littér.: 41. Bbg. Baist (G.). Germanische Seemannsworte in der frz. Sprache. Z. für deutsche Wortforschung. 1903, t. 4, pp. 257-276. − Quentel (P.). La Pointe du Raz... R. intern. Onom. 1969, t. 21, n o1, pp. 71-73. |