| RAVE, subst. fém. I. A. − BOT. Plante potagère crucifère à racine charnue, aplatie ou arrondie. Les plantes fourragères sont connues en Europe depuis longtemps: rutabaga, betterave, carotte, rave, sont présents dans les jardins (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 108).Cette vaste friche, en partie marécageuse, devint en quelques années un domaine productif par le marnage, la culture des raves, la rotation quadriennale (fourrage, blé, orge ou avoine), et des fermiers du Norfolk s'enrichirent en l'imitant (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p. 195). B. − P. méton. Racine comestible de cette plante. Soupe aux raves. Si vous dites un mot de ceci, je me soucie de vous couper la tête comme de couper une rave (Balzac, Tén. affaire, 1841, p. 40).Caton, qui fait le sobre pour avoir le droit d'être avare, qui se nourrit de raves pour avoir le droit de nous laisser mourir de faim (Dumas père, Catilina, 1848, I, 2, p. 31). C. − Synon. de radis.Les radis très-allongés, ayant par exemple de 0 m,10 à 0 m,20 ou plus de longueur et qui portent à Paris le nom de raves ou petites raves, ont aussi quelques variétés... (J. Decaisne, Ch. Naudin, Manuel de l'amateur des jardins, t. 4, 1870, p. 117).On dit parfois (...) « rave » pour désigner le radis (Ac. Gastr.1962). II. − MINES. Lampe à feu nu utilisée autrefois par les mineurs du Nord. On emploie [une lampe à huile portée] horizontalement à l'aide d'une sorte de poignard (...). Le prix de la rave avec son piqueron, varie... (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 997). REM. [En compos. ou en appos.] a) Chou-rave V. chou comp. 3. b) Céleri(-)rave,(Céleri rave, Céleri-rave) subst. masc.V. céleri.De la même façon, on peut préparer les petits artichauts nouveaux, les courgettes (détaillées en quartiers ou façonnées en grosses gousses), les champignons de couche, les cœurs de céleri en branches ou les céleris raves (détaillés en quartiers) (Gdes heures cuis. fr., P. Montagné, 1948, p. 191). Prononc. et Orth.: [ʀa:v]. Martinet-Walter 1973 [ɑ] (10/17), [a] (7/17); Rob. 1985 [a], [ɑ]; Lar. Lang. fr. [a]. Étymol. et Hist. Ca 1195 [ms. fin xiiies.] vivre de pain et de rabes (Ambroise, Guerre sainte, éd. G. Paris, 10096 [:ábes]); 1322 fr.-prov. rave (d'apr. Bl.-W.1-5); ca 1393 raves (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 121, 36). Rave est une forme fr-prov. (on notera aussi dès le xiiies. a. liég. rave, influencé par la forme liég. rape) corresp. à l'a. fr. reve (xiies., Gloss. Tours, éd. L. Delisle ds Bibl. Éc. Chartes, 6esérie, t. 5, p. 331; survit en Nivernais, Champagne et Franche-Comté, v. FEW t. 10, p. 69b), issu du lat. rapa, plur. du subst. neutre rapum « rave, navet », empl. comme fém. sing. (Celse, Columelle, André, Bot., p. 270). La forme rabe est d'orig. mérid. (a. prov. raba 1233-35, Peire de La Mula ds Rayn.), peut-être parce que cette racine constituait au Moy.-Âge la principale nourriture des habitants du Limousin et de l'Auvergne (G. Paris, éd. citée, p. XXXVIII). Rave « navet » a pu être confondu avec rave « radis » (fin xies. judéo-fr. rafne, Gl. de Raschi, éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 869; xiies. ravene, Gloss. de Tours, ibid.; ca 1200 rabe, Jean Bodel, Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 4572 [forme d'orig. mérid.]; ca 1223 raffle, Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Koenig, 2 Mir 12, 184; 1530 rave, Palsgr., p. 260b encore noté par Ac. 1878; 1600 rave douce O. de Serres, Théâtre d'agric., Genève, M. Berjon, 1611, p. 633), issu du lat. raphanus « raifort, radis » (André Bot., p. 270). Deux procédés ont contribué à lever l'ambiguïté entre rave « navet » et rave « radis »: l'empl., pour désigner ce dernier, de nombreux dér. (FEW t. 10, pp. 64a-65b), d'autre part, l'empr. à l'ital. du mot radis*. Fréq. abs. littér.: 56. DÉR. Ravière, subst. fém.Champ, terrain consacré à la culture des raves. Labourer une ravière (Fén.1970).− [ʀavjε:ʀ
̥]. − 1resattest. 1456 rabiere (Arch. nat. JJ 187, ch. 184 ds Du Cange, s.v. rabina), 1539 raviere (Est.); de rave, suff. -ière*. |