| RAVAUDER, verbe trans. A. − 1. Raccommoder à l'aiguille, rapiécer, repriser de vieux vêtements. Ravauder des chaussettes. Sa mère tôt veuve, lavant et ravaudant le linge des commères dans sa pauvre chaumine (Bernanos,Imposture, 1927, p. 364).Mais son entrée dans la famille Beauchemin lui conféra un tel sentiment de sécurité que, s'il lui arrivait encore de frissonner en ravaudant les rudes hardes des hommes, elle s'interdisait des pensées frivoles de la sorte (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 51). − Empl. abs. Trois sœurs, destinées, non seulement à enseigner à lire, à écrire aux jeunes paysannes (...) mais encore à coudre, à tricoter, à ravauder, à rapetasser (Fabre,Courbezon, 1862, p. 47).Elle avait si souvent cousu et ravaudé des veillées entières, plié, compté le linge (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p. 17). − Ravauder qqc.1de qqc.2Le fond du pantalon noir (...), ravaudé d'un bout de jupe bleu marine (Hamp,Champagne, 1909, p. 196). 2. P. ext. Remettre en état, réparer. Synon. rafistoler, retaper (fam.).Les sièges carrés, à la paille rude ravaudée chez soi (Pesquidoux,Livre raison, 1925, p. 146).Une vieille maison qu'on ravaude; au premier coup de marteau, elle vous tombe dessus (La Varende,Indulg. plén., 1951, p. 195). 3. Au fig. Arranger avec plus ou moins de bonheur, démarquer; compiler sans art. [Le concert Lamoureux] ravaude tranquillement de vieux programmes et le bourgeois se précipite (Chabrier ds Boschot, Mus. et vie, 1931, p. 194): Il n'y a pas longtemps qu'un homme des classes savantes fut guillotiné pour quelque tour de son art. (...) il montra peu de philosophie (...). Les journaux qui s'étaient nourris de son crime, de son procès, de sa prison, de son supplice, le payèrent en « réclames ». Ils ravaudèrent un peu sa fin piteuse et lui firent des derniers moments présentables.
Veuillot,Odeurs de Paris, 1866, p. 278. − Empl. abs. Mettre à la suite des pièces de différentes origines. [Flers et Caillavet] ravaudent, ils calquent, ils déguisent (Léautaud,Théâtre M. Boissard, 1926, p. 68). B. − Vx. Fouiller, rechercher dans. Nous ravaudâmes les vingt-cinq collèges, les bibliothèques, les tableaux, le muséum, le Jardin des Plantes (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 251). Prononc. et Orth.: [ʀavode], (il) ravaude [-o:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1530 ravaulder ses vieulx [habillemens] (Palsgr., p. 655a; 461a); 2. 1581 trans. « tourner et retourner, bouleverser » (F. d'Amboise, Dialogues, I, 184 r ods Hug.: ravauder ou brouiller ses papiers dans ses coffres); 1611 intrans. (L'Estoile, Mém., 2epart., p. 113 ds Gdf. Compl.); 3. 1583-90 « malmener, reprendre en paroles » (Brantôme, Connest. de Montmorency III, 303 ds Hug.); 4. a) 1585 trans. « ressasser, rabâcher » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. M. Guichard, XIX, p. 259: Les premiers seuls traits de musique et chansons qu'il ouït ravauder sur deux meschantes harts d'osier); av. 1679 intrans. « revenir sur une même chose, la ressasser » (Retz, Mém., éd. Grands Écrivains, t. 4, p. 213: Le fort de M. le cardinal de Mazarin était proprement de ravauder, de donner à entendre, de faire espérer); b) 1677, 18 juin ravauder quelque chose « tenir un discours hors de propos » (Sévigné ds Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 2, p. 272). Dér., à l'aide de la dés. -er, du subst. m. fr. ravaut « sottise, bourde » (1360 doner un ravaut a [aucun] « lui en faire accroire » Chevalier au cygne, éd. F. de Reiffenberg, 7370 ds T.-L.), « dépréciation, abaissement du prix d'une marchandise » (1587, Valenciennes ds Gdf.), var. wallonne et pic. (FEW t. 14, p. 143b) de raval « dépréciation (d'une monnaie) » (1445, 7 mars Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 1, p. 198), déverbal de ravaler*, spéc. au sens de « diminuer (en parlant d'un prix) » (1551 doc. ds Gdf.), la notion de « chose dépréciée, de vil prix, sans valeur, méprisable » semblant sous-tendre l'ensemble des sens de ravauder (FEW t. 14, p. 150a). Fréq. abs. littér.: 56. Bbg. Baist (G.). Spanische Etymologien. Z. rom. Philol. 1881, t. 5, p. 560. − Guir. Étymol. 1967, pp. 22-24. − Kress (N.). L'Étymol. de ravauder. B. jeunes Rom. 1969, n o16, pp. 1-11. |