| RAVALEMENT, subst. masc. A. − 1. AGRIC. ,,Action de receper le vieux bois d'un arbre ou d'une souche coupée trop haut`` (Forest. 1946). Le ravalement [des bois de taille de la vigne] peut se faire avec un sécateur à résection [à long manche] (Brunet,Matér. vitic., 1909, p. 135). 2. MENUIS. ,,Diminution d'une pièce de bois à certains endroits pour en faire saillir quelques parties`` (Littré). Ce ravalement doit avoir une surface un peu arrondie (...) et être garni de fer, afin que le frottement sans relâche des filets qu'on passe dessus, n'y produise pas d'inégalités (Nosban,Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 147). 3. P. ext., rare, p. exagér. Aspect concave, creusement. Sous certain éclairage qui faisait valoir la saillie de ses pommettes et le ravalement de ses joues, il ressemblait extraordinairement au portrait de Delacroix par lui-même (Gide,Si le grain, 1924, p. 517). 4. Au fig. Fait de dénigrer, de déprécier, de rabaisser. Synon. avilissement, rabaissement.Et il y a encore une chose plus triste que la bêtise, c'est que dans tout ce qui se dit, tout ce qui se crie, tout ce qui se gueule, vous ne touchez qu'une idiote envie, un désir homicide de ravalement (Goncourt,Journal, 1871, p. 799).Une pareille infamie, un pareil ravalement des êtres chers, sacrés, vénérés, au niveau de la bête, le laissaient épouvanté et révolté, comme le spectacle d'une odieuse dégradation infligée à ses idoles (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 264). 5. HIST. DE LA MUS. Clavecin à ravalement. À la fin du XVIIes., Nicolas Dumont, facteur français, construisait des Cl[avecins] dits « à ravalement », parce que leur clavier descendait d'une quinte « en aval » de celui des instruments similaires, et comprenait par conséquent jusqu'à 5 octaves (BrenetMus.1926, p. 82). B. − MAÇONN. Travail consistant à remettre à neuf le parement d'un ouvrage de maçonnerie en procédant de haut en bas; résultat de ce travail. Ravalement en plâtre; entreprise de ravalement; ravalement des façades d'immeubles: Il était si puissant, si en faveur auprès des gens en place qu'il arrivait (...) à faire retarder d'un an pour notre maison, seule de tout le quartier, les travaux de « ravalement », à obtenir du ministre, pour le fils de MmeSazerat qui voulait aller aux eaux, l'autorisation qu'il passât le baccalauréat deux mois d'avance, dans la série des candidats dont le nom commençait par un A au lieu d'attendre le tour des S.
Proust,Swann, 1913, p. 173. − P. anal., pop., p. iron. Maquillage. Elle travaille une heure par jour à son ravalement (Riv.-Car.1969). Prononc. et Orth.: [ʀavalmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1460 fig. « abaissement, mépris » (Robert Blondel, Des droits de la couronne de France ds
Œuvres, éd. P. A. Héron, t. 1, p. 315 ds Delb. Notes mss: trebucher en la fosse de ravalement douloureux); ca 1470 (Georges Chastellain, Vérité mal prise ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 290: mespris et ravalemens). B. 1. a) 1554, 9 mai archit. « partie en retrait d'un bâtiment, d'un mur » (Compte château de Chambord, éd. A. Salmon ds Bibl. Ec. Chartes, 4esérie, 1856-57, p. 63: une petite viz, commençant au dessus du ravalement dudict logis... servant à monter à la lanterne de la tour qui est au dessus du comble dudict logis); 1694 id. « petit renfoncement dans un pilastre, un corps de maçonnerie, de menuiserie » (Corneille t. 2, p. 323); b) 1676 maçonn. ravalement d'un mur (Félibien); 2. 1715 arboric. (La Quintinie, Instruction pour les jardins, 1, 20 d'apr. FEW t. 14, p. 143b; éd. 1740, t. 1, p. 18); 3. 1924 « aspect concave, creusement » (Gide, loc. cit.). Dér. de ravaler*; suff. -(e)ment1*. |