| * Dans l'article "RATTRAPER,, verbe trans." RATTRAPER, verbe trans. I. − Empl. trans. A. − 1. Saisir à nouveau, reprendre une personne, un animal ou une chose qu'on avait laissé échapper. Rattraper un prisonnier. Je m'échappais en chemise et je sautais comme un lapin. Ma mère me rattrapait sous un meuble pour me mettre au lit (A. France, Livre ami, 1885, p. 9). − Au fig. ♦ Récupérer, regagner quelque chose; s'activer. C'est toujours cinq mille francs de rattrapés, ma chère... Ils sont à toi, les voici (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 881).Voyageurs et cochers regagnaient leur voiture pour rattraper le temps perdu et gagner, d'un coup de galop, le prochain village où l'on devait (...) relayer (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 115).Au crépuscule, le train brûlait la halte pour rattraper son retard (Sartre, Mots, 1964, p. 160). ♦ Retrouver. Rattraper le fil d'un discours. Le député se mit à parcourir ses feuilles, lui aussi, pour rattraper le fil des événements (Vogüé, Morts, 1899, p. 279). − Au fig., fam. Rattraper au tournant*. 2. Saisir une chose avant qu'elle ne tombe. Rattraper ses lunettes. Renan, rattrapant, avec sa langue agile, les morceaux de sa glace à la framboise qui s'enfuyaient (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 53).Le raga, à Macassar, fut d'abord un jeu que le souci de lancer ou rattraper la balle avec des gestes précis, réguliers et gracieux, a élevé au niveau d'une véritable danse (Cuisinier, Danse sacrée, 1951, p. 38). B. − [À propos d'une maladresse, d'une imprudence, d'une erreur, d'une faute, d'un inconvénient] 1. Diminuer, réparer, regagner. Malgré son implantation solide chez les fonctionnaires et dans quelques régions, FO n'a pas rattrapé son retard (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 94). − En partic. [À propos d'une action ou d'une parole intempestive ou maladroite] Il eut conscience de sa bêtise (...) et tâcha de rattraper sa phrase (Zola, Nana, 1880, p. 1168).C'est encore moi, une fois de plus, qui vais être forcé de rattraper tes gaffes (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 45). 2. Parvenir à corriger, à modifier, reprendre avec succès. Rattraper une maille, une mayonnaise, une sauce; rattraper un dessin, un trait. D'autre part, la plasticité de cet habillage rattrape les inégalités possibles de hauteur du cliché et supprime la mise en train qui serait nécessaire sans cela (Civilis. écr., 1939, p. 8-14).Établir un réseau de canaux de navigation en « rattrapant » les dénivellations par des écluses (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 200). − MÉCAN. Rattraper le jeu d'un mécanisme. Réduire par un dispositif approprié le jeu qui existe entre deux pièces en mouvement. Ce défaut est désormais jugulé et toutes les directions seront toujours sûres si on lave, graisse, vérifie et rattrape les jeux périodiquement (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 233). 3. Expr. ,,On ne m'y rattrapera plus; bien fin qui m'y rattrapera. Je serai tellement sur mes gardes qu'on ne me trompera plus en pareil cas (...). Je ne risquerai plus chose pareille, je ne m'exposerai plus à semblable aventure`` (Ac.). C. − Rejoindre une personne ou un animal qui a pris de l'avance. Dittmer s'en allait. Arnoux le rattrapa pour lui mettre dans la main deux billets de banque (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 45).Le sacristain décharge rudement son pasteur et détale si roide que le plus vite des diablotins ne l'eût pas rattrapé à la course (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 73). − P. anal. Rejoindre un axe de circulation. Ils prirent par les petites rues du haut du village, pour rattraper le chemin à deux traits de Senancourt sans emprunter la route, où c'eût été un problème que de s'introduire dans la file des camions (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 257): 1. Il n'y avait donc ni dragons ni gendarmes, à la Victoire? On l'ignorait. Tous semblaient rassurés. Et, faisant volte-face, ils descendirent du côté de Beaumont, ils coupèrent à travers champs, pour rattraper la route de Joiselle.
Zola, Germinal, 1885, p. 1422. − Au fig. Rejoindre le niveau plus avancé de. Le secteur tertiaire avait rattrapé le secteur industriel (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult., 1966, p. 25). ♦ ENSEIGN. Il me semble que le terrible M. Daru le père me disait: − Puisque (...) vous êtes tellement plus fort que vos sept camarades qui ont été reçus, vous pourriez même aujourd'hui, si vous étiez reçu, les rattraper facilement (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 437). II. − Empl. pronom. A. − Se rattraper à qqc.Retrouver son équilibre en se raccrochant à quelque chose. Le docteur s'arrêta et le pied de Tarrou, derrière lui, glissa sur une marche. Tarrou se rattrapa en prenant l'épaule de Rieux (Camus, Peste, 1947, p. 1323). − [Dans un cont. métaph.] MmeChampbaudet: Grâce, mon Paul! grâce!... J'allais vous perdre (...) et je me suis rattrapée à cette planche de salut! Tacaret, sévèrement: Il y a des planches, madame, auxquelles une femme qui se respecte ne se rattrape jamais (Labiche, Station Champb., 1862, iii, 9, p. 326). − Loc. verb. fig. Se rattraper aux branches. ,,Réussir à profiter d'une occasion inespérée pour rétablir une situation critique`` (Lar. Lang. fr.). B. − Se rattraper (sur qqc.) 1. Réparer une perte d'argent, de temps. Rastignac, qui venait de perdre, avant le souper deux mille francs, buvait et mangeait avec l'idée de se rattraper après le souper (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 323).Frantz: Comment vont vos petites affaires, maître Gottlieb? (...) Se marie-t-on beaucoup dans le pays? Gottlieb: Peu, peu; mais on y meurt pas mal. Je me rattrape sur les testaments (Augier, Pierre de touche, 1854, p. 132). 2. Rétablir un désavantage momentané; compenser un manque, pallier une insuffisance. [Colette] n'osait pas attaquer le roi directement, mais elle se rattrapait sur l'entourage, les gentilshommes du Grand-Club (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 128): 2. [Mouret] acheva d'expliquer le mécanisme du grand commerce moderne. Alors (...) au sommet, apparut l'exploitation de la femme (...). Maintenant, le baron comprenait (...) il finissait par admirer l'inventeur de cette mécanique à manger les femmes (...). Il eut le mot de Bourdoncle (...). − Vous savez qu'elles se rattraperont.
Zola, Bonh. dames, 1883, p. 461. − En partic. Réparer un retard, combler un handicap. Se rattraper à un examen; se rattraper à l'oral; se rattraper grâce au latin. Carlotta se trouvait d'ailleurs doublement désœuvrée parce qu'Edmond avait peu de temps à lui en raison des examens. Il piochait vite son programme, ne faisait que de brèves apparitions au Passage-Club, dans l'espoir de se rattraper. La chance allait couci-couça (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 433). REM. 1. Rattrape, subst. fém.,gymn. a) Action de rattraper l'une des deux barres en cours d'exercice aux barres asymétriques. Rattrape avec demi-tour (Piard, Gymn. fém., 1971ds Petiot 1982).b) Trapèze de rattrape. Trapèze que l'on saisit, après en avoir quitté un autre, à la voltige. Il faut que le trapèze de rattrape soit juste à l'endroit voulu (Vialar, Zingari, 1959, p. 134). 2. Rattrapé, subst. masc.,rare, mode. Pan d'étoffe relevé d'un vêtement féminin. Elle était habillée, sous sa mantille, d'un flot de velours noir qui, par un rattrapé oblique, découvrait en un large triangle le bas d'une jupe de faille blanche (Proust, Swann, 1913, p. 232). Prononc. et Orth.: [ʀatʀape], (il) rattrape [-tʀap]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1280 ratraper « attraper de nouveau » (Adenet le Roi, Cleomadés, éd. A. Henry, 4619); à nouv. 1564 (Thierry: Ratraper); spéc. 1690 (Fur.: Rattraper, signifie aussi, regagner, reprendre); 1862 pronom. se rattraper « se soutenir, se retenir » (Labiche, loc. cit.); 2. 1636 ratraper « atteindre, rejoindre » (Monet). Dér. de attraper*; préf. r-*. Fréq. abs. littér.: 999. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 333, b) 1 181; xxes.: a) 2 205, b) 2 002. DÉR. Rattrapable, adj.Qui peut être rattrapé. Grâce à cela, une plus grande régularité se trouve introduite dans la marche des trains dont les retards sont plus aisément rattrapables (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 71).− [ʀatʀapabl̥]. − 1reattest. 1951 id.; de rattraper, suff. -able*. |