| RATON1, subst. masc. A. − 1. [Corresp. à rat A] Petit rat. Notre esprit s'infiltre autour des choses du monde extérieur, (...), de façon aussi irraisonnée et irrésistible qu'un raton explore à l'aide de ses adroites petites pattes les moindres détails du lieu où il est enfermé (Carrel, L'Homme, 1935, p. 40).Après avoir mis à nu, chez un raton nouveau-né, un lobe de la thyroïde, on l'aspire avec une fine pipette, et on l'introduit délicatement dans la chambre antérieure de l'œil d'un rat âgé de quelques semaines (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 74). 2. ZOOL. Raton laveur. Mammifère d'Amérique du Nord dont la face est masquée de noir et la queue annelée et qui a l'habitude de laver sa nourriture. Synon. (au Canada) chat sauvage (Dict. du fr. Plus, Montréal, CEC, 1988).Ratons laveurs (...) et Pandas sont tous omnivores, bons grimpeurs et peu sociaux (Zool., t. 4, 1974, p. 1073 [Encyclop. de la Pléiade]). B. − 1. [Corresp. à rat B; terme d'affection] Venez, mon petit raton (Ac.1798-1878). 2. Arg., vieilli. Enfant dressé à voler. Petit voleur de dix à douze ans que les grands voleurs font entrer le soir dans les boutiques pour voler l'argent du comptoir, ou pour leur ouvrir la porte (...) les Ratons savent se blottir dans le lieu le moins apparent (Vidocq, Voleurs, t. 2, 1836, p. 52).Si tu voulais, sans apprentissage, travailler comme nous, il t'arriverait malheur. Pour empêcher cela, je vais te mettre avec un bon garçon et tu lui serviras de raton (Malot, R. Kalbris, 1869, p. 193). C. − Pop., péj. Arabe, Nord-Africain. Synon. bougnoul(e), bicot2.Si (...) la droite française manœuvrée par le fascisme algérien, ne barrait pas la route au leader M.R.P. [M. Pflimlin], il mesurerait ce qu'a d'irréductible la résolution de ces « désespérés » qui ont pris les armes pour n'être plus jamais les ratons et les bougnoules de personne (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p. 54). Prononc. et Orth.: [ʀatɔ
̃]. Homon. et homogr. raton2et homon. ratons du verbe rater. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1269-78 « petit rat » (Jean de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 14010); 2. 1732 « terme d'affection adressé à un enfant » (Trév.); 3. 1756-68 « mammifère carnivore » (Buffon, Quadrupèdes, t. 8, p. 111); 1870 raton-laveur (Privat-Foc.); 4. 1927 « nom employé pour désigner un Nord-Africain » (La Pédale, 12 oct., p. 11, col. 2). Dér. de rat*; suff. -on*. Fréq. abs. littér.: 55. DÉR. Ratonnade, subst. fém.Violences exercées contre une communauté nord-africaine en représailles à des actions attribuées à certains de ses ressortissants. Mais le pire arriva bientôt. Le lynchage pur et simple. La chasse à l'arabe, la ratonnade ignoble et aveugle (Y. Courrière, La Guerre d'Algérie, Les Feux du désespoir, 1971, p. 554).P. ext. Violences exercées contre une minorité ethnique ou un groupe social. À l'approche de l'aube, tandis que Cohn-Bendit lance par la voie de la radio qui n'a pas cessé ses reportages « en direct » l'ordre de dispersion − il est 5 h 30 − les ratonnades donnent lieu à des scènes assez ignobles (P. Ponté, Histoire de la République gaullienne, 1971, p. 462).− [ʀatɔnad]. Lar. Lang. fr.: -n- mais Rob. 1985: -nn-, -n-. Les dér. des mots en -on comportant le suff. -ade s'écrivent le plus souvent avec -nn-: citronnade, cotonnade, etc. Exceptions: cantonade, limonade (voir Thim. Princ. 1967, pp. 55-56). Prop. Catach.-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 93: préférer la cons. simple dans tous les cas lorsque cela est possible. − 1reattest. a) 1960 « mouvement de violence déclenché contre une communauté nord-africaine » (Le Monde, 14 déc. ds Gilb. 1980), b) 1968 « brutalités exercées contre un groupe quelconque » (Le Monde, 24 mai, ibid.); de raton1, au sens 4, suff. -ade*. |