| RAPINER, verbe A. − Empl. intrans. 1. [Corresp. à rapine A; en parlant des animaux de proie] Chasser en usant de violence et de ruse. L'épervier blanc (...) est un écumeur (...) de grand chemin. Il ne quitte point la terre, il rapine au ras du sol (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 175). 2. [Corresp. à rapine B] Se livrer à des malversations. Nous étions tous grugés depuis longtemps par des seigneurs de la cour qu'on appelait courtisans, et qui rapinaient de leurs dix doigts d'une façon abominable (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 332). B. − [Corresp. à rapine C; sans idée explicite de violence] 1. Empl. intrans. Pratiquer la maraude, se livrer à de petits vols. Synon. chaparder, marauder.Ses deux plus jeunes enfants, qu'il faisait courir les rues, voler et rapiner (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 48). − Rapiner sur.Ce valet rapine sur tout ce qu'il achète (Ac.).En partic. Lésiner sur. Le petit fabricant [lyonnais] nourrit son ouvrier, rapine sur lui, le vexe (Michelet, Journal, 1839, p. 297). 2. Empl. trans. Chaparder. Les mendiantes pillardes qui, sans le demander, ramassent le poisson tombé des mesures (...). De petits bonshommes, plus vifs, raflent le butin sous le vent de leurs doigts. Ils n'ont comme outils qu'un bout de ficelle, pour enfiler, par les ouïes, le chapelet des poissons rapinés (Hamp, Marée, 1908, p. 18).Le sous-bois, quoiqu'en pente assez raide, était commode et feutré comme un tapis. Les chevaux en profitèrent pour baisser la tête et rapiner quelques touffes d'orties très appétissantes avec leur duvet printanier (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 137). Prononc. et Orth.: [ʀapine], (il) rapine [-in]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « ravir, enlever de force, détourner indûment » (Chron. de St-Denis, ms. Ste-Gen., f o41a ds Gdf. Compl.); 2. ca 1400 empl. abs. (E. Deschamps,
Œuvres, VI, 258, 13 ds T.-L.). Dér. de rapine*; dés. -er. DÉR. 1. Rapineur, -euse, subst.a) Au masc. Celui qui se livre au pillage. Tout maraudeur, tout rapineur pincé la main dans le sac (...) sera passé par les armes (Arnoux, Roi, 1956, p. 313).b) Au masc. ou au fém. Celui ou celle qui commet de petits vols, qui chaparde. Encore un rapineur en prison. Avant-hier, les gendarmes étaient amenés à contrôler un individu qui, à pied sur la RN 13, regagnait la région de Montbéliard (Les Dépêches du Doubs, 26 mars 1966, p. 5, col. 4).− [ʀapinœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. 1erquart xiiies. ravinous, var. rapineus adj. « voleur » (Renclus de Molliens, Miserere, 62, 2 ds T.-L.), 1306 subst. rapineur (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 699, p. 230); de rapiner, suff. -eux, -eur2*. 2. Rapinier, adj. masc.,vieilli. Qui se livre à la rapine (v. ce mot C). Maître pervers et rapinier que vous êtes (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 234).− [ʀapinje], fém. [-jε:ʀ]. − 1reattest. 1832 id.; de rapiner, suff. -ier*. |