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RAPINE, subst. fém.
A. −
1. Action de brigandage, de pillage accompagné de violences, notamment lors d'une guerre; comportement prédateur d'une nation à l'égard d'une autre. Une rage aveugle peut continuer à armer les puissances de rapine contre toute liberté, toute indépendance, toute fierté, qu'elles soient soviétiques, indiennes, annamites, ou simplement les nôtres (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 168):
1. Si toutefois il subsiste encore un honneur dans les peuples, c'est un étrange moyen de le soutenir que de faire la guerre, c'est-à-dire de commettre tous les crimes par lesquels un particulier se déshonore : incendie, rapines, viol, meurtre. A. France, Orme, 1897, p. 187.
P. méton. Butin, prise de guerre. Les Barbares avoient dépouillé le monde, et leurs rapines étoient restées dans les lieux où ils s'étoient établis (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p. 275).
2. P. anal. [À propos des animaux de proie] Pour apaiser sa soif inextinguible de sang, elle [la fouine] avait dû, comme ses sœurs en rapine, délaisser les taillis déserts et chercher vers le village la pâture de chaque jour (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 89).Je n'ai jamais cueilli que la fleur d'aubépine Aux printemps finissants qui voulaient défleurir Quand les oiseaux de proie proclamaient leurs rapines D'agneaux mort-nés et d'enfants-dieux qui vont mourir (Apoll., Alcools, 1913, p. 89).
B. − Détournement de biens publics ou privés opéré par quelqu'un qui abuse de son pouvoir, de ses fonctions. Synon. concussion, exaction, malversation, prévarication.Dès que les fermes d'asile seraient en activité, elles rompraient toute communication avec les marchands, et organiseraient, sous la direction du ministre, leurs agences qui, correspondant entre elles, éviteraient toute rapine intermédiaire (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 66).Sylla (...) prit (...) des mesures pour que les concussionnaires ne pussent mettre en sûreté le fruit de leurs rapines en le transmettant à des tiers complaisants (Mérimée, Conjur. Catilina, 1844, p. 220).
C. − [Sans idée explicite de violence] Vol, petit vol, maraude; p. méton., objets ainsi dérobés. Aller à la rapine. Cette vie de rapine dans les clos et dans les vergers se mêlait à une curiosité amoureuse du ciel, à des attaches mystérieuses aux astres de la nuit, qui bien souvent la faisaient coucher à la belle étoile (Goncourt, Élisa, 1877, p. 53).La Philiberte loge dans une hutte en torchis (...) et elle vit, selon l'occasion, de charités ou de rapines (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1070):
2. ... il y avait de tout, du pain, des pommes, des litres de genièvre entamés: une vraie caverne scélérate, du butin entassé depuis des semaines, même du butin inutile, du savon et du cirage, volés pour le plaisir du vol. Et le petit, tout seul au milieu de ces rapines, en jouissait en brigand égoïste. Zola, Germinal, 1885, p. 1369.
Prononc. et Orth.: [ʀapin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 « vol, enlèvement ou détournement indu » (Chronique Ducs Normandie, 7439 ds T.-L.); 2. ca 1175 « proie, butin » (ibid., 390, ibid.). Empr. au lat.rapina « vol, pillage, action d'emporter », de rapere « emporter, entraîner, ravir ». Fréq. abs. littér.: 124.
DÉR.
Rapinerie, subst. fém.,vieilli. Acte de rapine. Les rapineries des conquérants, des occupants (Lar. Lang. fr.). [ʀapinʀi]. 1reattest. déb. xviiies. [av. 1720] (MmeDu Noyer, Lettres ds Trév. 1752); de rapine, suff. -erie*.