| RAMBINER, verbe Argot A. − Empl. trans. 1. Vieilli. Réparer, raccommoder. Tout le monde sait que son père rambinait les croknaux [les chaussures] (Rigaud,Dict. arg. mod., 1881, p. 320). 2. Au fig. a) Réconforter quelqu'un. Synon. rétablir, remonter* le moral.Ce mandat de cinquante sous que les potes me parachutaient au trou m'avait rambiné (Pt Simonin ill., 1957, p. 242). b)
α) Régler, arranger quelque chose. Il m'énervait avec (...) son air de croire qu'on avait rambiné la situation par magie, rien qu'en dérouillant un brin trois loquedus! (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p. 160). − Empl. pronom. Depuis toute cette comédie je me gafais dur des conséquences (...) J'attendrais donc encore un peu que ça se rambine de soi-même (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 397).
β) Réconcilier. Synon. raccommoder.Au lieu de lui faire ton petit juge, tu ferais mieux de nous rembiner et de monter dire à Violette qu'elle descende, que j' lui en veux pas (Marmouset,Au Lion tranquille, p. 52 ds Cellard-Rey 1980). ♦ Rambiner (le coup) avec qqn. Se réconcilier avec quelqu'un. T'as qu'à rambiner le coup avec elle, c'est un bon bifteck (Lacassagne,Arg. « milieu », 1928, p. 172).Si tu rembinais avec ta chèvre, que tu la re-aimes, tu penses pas, andouille comme elle est, que tu pourrais l'envoyer aux asperges? (M. Audiard,Le P'tit cheval de retour, 1975, p. 45 ds Cellard-Rey 1980). c)
α) Amadouer. Synon. faire du baratin, du rambin à qqn (infra dér.).Elle lui refaisait ça au bon cœur... aux bonnes intentions... elle essayait de le rambiner (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 669).
β) Relancer (dans une relation amoureuse ou d'affaire). Je reçus une délégation [de la truanderie avec qui j'avais rompu en 1915] qui me rambina (...) Et je repris le collier (Trignol,Pantruche, 1946, p. 34). B. − Empl. intrans. Faire des concessions pour faire la paix. Ce suif qu'on avait avec Ernest (...) méritait pas qu'on se mouille, à mon avis mieux valait rambiner (Pt Simonin ill., 1957, p. 242). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃bine], (il) rambine [ʀ
ɑ
̃bin]. Lar. Lang. fr., Rob. 1985: ram- ou rem-. Étymol. et Hist. A. 1. 1844 « réparer, raccommoder » (Dict. complet ds Esn.); 2. 1900 « chercher à se réconcilier, faire la paix » (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 239); 2. 1927 « remonter le moral, réconforter » (Dussort, Preuves exist., dép. par Esnault, 1938, p. 144). B. 1. 1910 verbe pronom. « recouvrer la santé » (ds Esn.); 1921 « se reconcilier avec quelqu'un » (ibid.). Formation pop. sur (dé)biner* « disputer, dénigrer », pour lui servir de contraire; élém. -r(e)*. DÉR. 1. Rambin, subst. masc.,arg. Excuse, flatterie, accommodement. Ma frime devait pas être brillante. Tout de suite, le gros, qu'avait le génie du rambin, m'a invité [à la séance cinématographique de sa maison] (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p. 118).Faire du rambin à qqn. Synon. de faire du baratin à qqn.Elle est placée, tu perds ton temps à lui faire du rambin (Lacassagne,Arg. « milieu », 1928, p. 160).Marcher au rambin. ,,Passer son temps à réparer ses maladresses, ses impairs par des excuses`` (Cellard-Rey 1980). − [ʀ
ɑ
̃bε
̃]. Lar. Lang. fr., Rob. 1985: ram- ou rem-. − 1resattest. a) 1899 « excuse invoquée pour rattraper une maladresse » et « flatterie, propos pour séduire » (ds Esn.), b) 1928 faire du rambin à qqn « lui faire la cour » (Lacassagne, loc. cit.), c) 1953 « réconfort » (Simonin, loc. cit.); déverbal de rambiner. 2. Rambineur, -euse, subst. et adj.,arg. (Personne) qui cherche à amadouer, qui cherche des accommodements avec quelqu'un. Je t'ai fâché, Max? demandait la môme, rambineuse en diable (Simonin,Cave se rebiffe, 1954, p. 21).− [ʀ
ɑ
̃binœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Lar. Lang. fr., Rob. 1985: ram- ou rem-. − 1resattest. 1899 « réconciliateur » (ds Esn.), 1928 « flatteur » (Lacassagne, op. cit., p. 241); de rambiner, suff. -eur2*. |