| RAMASSER1, verbe trans. I. − Resserrer en une masse. A. − [Le compl. désigne une chose] Une rigole coulait de l'autre côté. Elle ramassa tous les plis de sa jupe, et se tenait au bord, indécise: − « Voulez-vous mon aide? − Inutile (...) » (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 11).Je la vis ramasser d'un geste ses beaux cheveux, qu'elle tordit en un nœud fait à la hâte (Bourget, Disciple,1889, p. 199). − MAR. Ramasser les voiles. ,,Abattre, déverguer et ranger les voiles dans leurs sacs respectifs`` (Barber. 1969). Mais le baromètre baisse rapidement, nous « ramassons » les voiles hautes dans la soirée et cette précaution n'est pas inutile car vers 10 heures nous essuyons un formidable coup de vent (Charcot, Expéd. antarct. fr.,1906, p. 5). B. − [Le compl. désigne une pers. ou une partie de son corps] Synon. replier.Son voisin, un gaillard des compagnons, ramassa ses longues jambes pour que Juliette pût poser sa petite valise [dans l'autocar] (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 26). − Empl. pronom. réfl. Se ramasser sur.Se pelotonner, se mettre en boule, dans une attitude de repli physique et moral. Synon. se blottir, se recroqueviller; anton. s'étendre, s'étirer, s'étaler.Dans une maison (...), tout espace réduit où l'on aime à se blottir, à se ramasser sur soi-même, est, pour l'imagination une solitude (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 130).Au fig. Se replier sur. Un premier degré de faiblesse provoque devant l'insuccès un repli affectif de l'acteur malheureux: il se ramasse sur son passé, sur son enfance (Mounier, Traité caract.,1946, p. 452). ♦ Se mettre en boule afin de concentrer ses forces pour l'effort ou l'attaque. Tout à coup, il se ramassa, se lança comme un loup. Avant que l'autre eût seulement bougé, il tombait sur les épaules d'un homme allongé là (Pourrat, Gaspard,1922, p. 234).Jos-Mari se ramassa, et, d'une dernière pesée, il balança la masse comme l'aurait fait son frère Peter (Peyré, Matterhorn,1939, p. 31). − Fréq. au part. passé. Assis ou accroupis, pelotonnés, ramassés, genoux serrés, coudes au corps, comme s'ils voulaient retenir leur tiédeur qui s'en va, ils [les hommes dans la tranchée] se pressent contre le voisin, d'une épaule qui mendie (Benjamin, Gaspard,1915, p. 141). − Au fig. Formuler avec concision. Synon. condenser.Le savant arrive à ramasser dans un petit nombre de formules, qu'il appelle lois, d'innombrables files de phénomènes (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 101). ♦ Empl. pronom. [Suarès] ne fait point effort pour (...) se réduire et se ramasser; la moindre pensée s'amplifie de tous les échos qu'elle éveille en sa grande âme (Gide, Journal,Feuillets, 1911, p. 350). II. − Réunir, rassembler ce qui est dispersé. Synon. regrouper. A. − [Le compl. désigne une chose] Ramasser des cartes, des feuilles mortes, des ordures. Elle ouvrit son tiroir jusqu'au fond et commença à ramasser des timbres éparpillés (Chardonne, Épithal.,1921, p. 256).Juliette ramassa ses affaires, les rangea dans la petite valise (Triolet, Prem. accroc,1945p. 24).D'un geste nerveux Maria ramassa les papiers qui traînaient sur la table et les roula en boule (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 324). − En partic. Ramasser de l'argent. Accumuler petit à petit, à force de travail. Synon. amasser.Ma marchandise et mes écus ramassés à la sueur de mon front servent à donner vos bals (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 350). B. − [Le compl. désigne une pers. (souvent dans un cont. milit.)] Ils arrivaient suivis de huit cents hommes (...). C'était tout ce qu'on avait pu ramasser pour le moment de seigneurs et de routiers (A. France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 149).Bohémond, en dépit des périls qu'il courait lui-même (...), ramassa 300 chevaliers, quelque 400 piétons et partit pour Édesse (Grousset, Croisades,1939, p. 79). − Empl. pronom., au fig. Dans tous les climats, les notables, les féodaux, les chefs de clientèle tendent naturellement à réclamer le parlementarisme, tandis que les petites gens se ramassent autour du pouvoir autoritaire (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 169). C. − Au fig. Rassembler. J'essaye de ramasser quelques idées sur l'Italie d'aujourd'hui (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1866, p. 121).Alors, il ramassa ses forces, et d'une façon à faire trembler: « Ton temps viendra! hurla-t-il (...) » (Pourrat, Gaspard,1922p. 40).Dewrouckère ramasse son courage et regarde Brunet en face (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 271). III. − Prendre à terre. A. − [Le compl. désigne un fruit, un légume, un animal ou une chose qui y pousse, y vit ou s'y trouve naturellement] Ramasser des cornichons, des escargots, des pissenlits, des pommes de terre, des marrons, des coquillages, des noix. Il s'y perdait facilement [dans la forêt] avec Odette, quand ils allaient y chercher des champignons ou des fraises (Dieu, ce que j'aimais ramasser des champignons!) (Triolet, Prem. accroc,1945p. 294).Le petit se baissa, ramassa un caillou et le laissa tomber dans l'eau (Sartre, Mort ds âme,1949p. 119).P. ext. Cueillir. Les cosses de petits pois qu'elle avait « ramassés » tombèrent de son tablier (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse moutonnier des Landes,1976, p. 114). − Loc. Ramasser (qqc.) à la pelle*. B. − 1. [Le compl. désigne une chose qui est tombée] Ramasser une pièce de monnaie, un crayon, un torchon, un jouet, une balle de tennis, des feuilles mortes. L'album vola à travers la pièce et tomba aux pieds de Joseph qui le ramassa (Green, Moïra,1950, p. 80).Je m'étais baissé pour ramasser mon mouchoir que j'avais laissé tomber (Camus, Esprits,1953, ii, 2, p. 475). − Loc. fig. Ramasser le gant*. 2. [Le compl. désigne une personne qui est tombée et que l'on aide, le cas échéant, à se relever] L'aîné, glissant sur le toit d'ardoises (...) se cassait la clavicule et demeurait muet, courtois, en demi-syncope, au pied du mur, attendant qu'on vînt l'y ramasser (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 14).Elle oublie que son père était un ivrogne qu'on ramassait sur les trottoirs et que sa mère a fait des journées (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 76). ♦ Empl. pronom. réfl. Se relever après être tombé. Ce costume de saltimbanque était le vrai costume de la danse d'Anatole, une danse folle (...) où le danseur (...) bondissait, tombait, se ramassait (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 230).Ils soulevèrent le banc, et le vieux culbuta, au milieu des éclats de rire. Christophe (...) vit le vieux, qui se ramassait péniblement, et, au lieu de se plaindre, se confondait en excuses (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 615). ♦ Au fig., pop., fam. Subir un échec. Synon. se planter.Foin de suspense. Je me suis ramassée. Ce premier échelon socialo-culturel, eh bien! je l'ai loupé (M. Michel-Bahsi, Poupoune,1975, p. 77 ds Cellard-Rey 1980). − Loc. fig. ♦ Ramasser qqn dans la boue, dans le ruisseau, sur le trottoir, etc. Relever quelqu'un qui se trouvait dans une situation méprisable, indigne, l'en faire sortir. Il cherchait une position sociale. Et c'est alors que je l'ai ramassé presque sur le pavé. Vous m'entendez: sur le pavé! (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 19).Voir panné, ex. de Mirbeau. ♦ Fam. Ramasser qqn à la (petite) cuiller*. C. − P. ext. [Dans des loc. fam. et pop.] Ramasser une bûche (v. bûche2), une pelle*, un gadin*, une gamelle*. Tomber. ♦ Au fig. Ramasser une bûche (v. bûche2), une veste*. IV. − Récupérer, recueillir. A. − [Le compl. désigne une chose] 1. [Le compl. désigne de l'argent] Synon. de gagner, récolter, se procurer.Il fallait donner nos représentations partout où nous avions chance de ramasser une recette (Malot, Sans fam.,1878, p. 105).Il s'agissait de ramasser de l'argent pour un home d'enfants, on ne pouvait pas refuser (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 263): Si la sourde rumeur du quartier ne mentait pas, cet argent, ramassé dans quelque horrible cloaque sanglant, eût été la rançon d'un prince du Négoce parisien.
Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 12. 2. En partic. a) Vx. Ramasser l'émail. ,,Le prendre chaud et liquide dans la cuiller de fer où il a été mis en fusion avec du verre, pour en faire ces filets que les émailleurs appellent du canon`` (Havard 1890). b) Ramasser le lait. Faire la collecte du lait. [Le] laitier en gros (...) se charge de faire ramasser le lait chez les cultivateurs (Pouriau, Laiterie,1895, p. 108). 3. Au fig. Il m'en aurait conté bien d'autres (...) de ces histoires qu'il a ramassées je ne sais où (Mérimée, Théâtre Cl. Gazul,1825, p. 386).J'espère qu'il donnera quelques bons coups aux Italiens et ramassera un peu de gloire pour la France (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 353). − Loc. verb., pop., fam. ♦ Ramasser (une engueulade, une volée, etc.). Recevoir. Synon. fam. prendre (une volée, une fessée, etc.).Quand Dolci ramassait une querelle, il était entendu que don José lui devait servir de second (Feuillet, Onesta,1848, p. 309).Absol. Ça que nous allons ramasser [= être injuriés] moi et toi! (Musette, Cagayous chauffeur,1909, p. 144). ♦ Ramasser (un rhume, la grippe, etc.) Attraper. Il faisait un temps à ramasser dix mille fluxions de poitrine (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1866, p. 87). B. − [Le compl. désigne une pers.] Souvent péj. Récupérer, recueillir pour emmener avec soi. Tâche de me ramasser quelque chanteur et de me l'amener ici; plus il y aura de monde, moins on fera attention à nous (Dumas père, Chev. d'Harmental,1849, iii, 5, p. 254).Paulais promenait des femmes qu'il ramassait n'importe où, au gré de sa fantaisie pittoresque (Triolet, Prem. accroc,1945p. 188). 1. a) [Le compl. désigne une pers. se trouvant dans un état qui nécessite des soins] [Le chevalier de Sévigné] l'avait emportée [une petite fille abandonnée] dans son manteau et en avait pris soin (...). Il avait été, pensait-il, ramassé lui-même un jour par le bon Pasteur comme il avait ramassé cet enfant (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 14, 1858, p. 160).Le lendemain, des agents cyclistes ramassèrent sur un banc des quais une pauvre folle endormie qui réussit, après quelques mois de traitement, à se faire rapatrier aux États-Unis (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 73). b) Pop. [Le suj. désigne un agent de l'autorité, le compl. désigne une pers. se trouvant dans une situation irrégulière] Synon. de prendre, emmener.Ah! nom de Dieu... S'ils [des policiers] ne me ramassent pas, ce sera la veine (Carco, Homme traqué,1922, p. 244). ♦ Se faire ramasser par (la police, les flics). L'Agent, à l'ouvrier: Vous voulez vous faire ramasser, vous? L'ouvrier disparaît (A. France, Crainquebille,1905, 1ertabl., 3). 2. En partic. Ramasser (des écoliers, des ouvriers). Effectuer le ramassage (des écoliers, des ouvriers). Déjà, souvent l'église de village est vide et l'on parle de plus en plus de fermer l'école et de ramasser les enfants en autobus pour les réunir au groupe scolaire du chef-lieu de canton (Traité sociol.,1967, p. 319). REM. Ramassure, subst. fém.,région. (Canada), péj. Personne sans domicile ni travail, que l'on veut bien recueillir chez soi. Pour comble de malchance, le Survenant, cette ramassure des routes, ce fend-le-vent, s'est arrêté au Chenal du Moine. Que ne passait-il son chemin! (Guèvremont, Survenant,1945, p. 158). Prononc. et Orth.: [ʀamase], [-mɑ-], (il) ramasse [-mas], [-mɑ:s]. [-ɑ-] dans ce type de verbes p. anal. avec [-ɑ-] d'un mot base en -as (ici ramas*). Dep. le xixes., substitution de [-a-] à [-ɑ-] dans un certain nombre de mots en -as: bras, cadenas, fracas, etc., ainsi que dans des formes verbales fortes en -asse: embrasse, cadenasse, fracasse, etc., en partie sous l'infl. de l'[-a-] inaccentué des inf.: embrasser, cadenasser, fracasser, normalement ant. et bref (voir G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o1 1981, p. 215, 217). Pour ramasser, maintien de [-ɑ-] dans tout le xixes. et encore au xxes.: Littré distingue (il) ramasse (de ramasser1) avec [-ɑ:-] (comme dans le reste de la famille) et ramasse (traîneau) avec [-a-]; Warn. 1968, Pt Rob.: [-ɑ-]; Rob. 1985: [-ɑ-], [-a-]; mais Lar. Lang. fr. et Martinet-Walter 1973, s.v. ramassé (11/17) [-a-]. Homon. et homogr. ramasser2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Réunir en une masse, un tout 1. a) α) ca 1213 trans. « rassembler, regrouper des personnes » cont. milit. ramasser grant gent (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 72, 14); 1552 (Est., s.v. colligere, collectitius: ost ramassé de toutes sortes de gens); 1653 (Vaugelas, Quinte Curce, III, Paris, A. Courbet, p. 213: gens ramassez de toutes sortes);
β) 1538 réfl. (Est., s.v. colligere); 1616 id. (D'Aubigné, Hist. univ., III, XIV, éd. A. de Ruble, t. 2, p. 112: dix à dix [...] se ramassoyent pour percer [vers l'ennemi]); b) 1785 fam. « appréhender (un coupable) » ramasser (des filles) (Mercier, Tabl. de Paris, CCCXXX ds Brunot t. 6, p. 1219); 1867 pop. se faire ramasser « se faire arrêter » (Delvau); 2. a) fin xiiies. [ms. déb. xives.] « rassembler, collecter ce qui est dispersé » en parlant des éléments d'une œuvre littéraire (Richier, Vie de St Remi, éd. P. Meyer, 270; 334 ds Notices et extr. des mss de la Bibl. nat., t. XXXV, 1, p. 127b et 128b); 1580 part. passé fém. plur. adj. (Montaigne, Essais, II, XXXVI, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 755); id. péj. (Id., ibid., II, X, p. 418: bruits qu'ils ramassent ès carrefours des villes); b) 1535 fin. ramasser les amendes (Coutume d'Ypres, § 155 ds Grand coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t. 1, p. 850); c) 1656 réfl. « (en parlant de choses) se réunir en un point central » phys. (Bossuet, Sermon sur la Providence ds
Œuvres, éd. abbé Velat et Y. Champailler, p. 1046); 3. a) [1536 part. passé adj. fig. « solide, éprouvé(?) » (Jean Chaperon, Grans regretz de Mlledu Palais ds Anc. poés. fr., t. 5, p. 138: Ragot, preud'homme ramassé, Venez m'ayder à soullas ramasser)] 1580 id. « (d'un animé) aux formes épaisses et larges » la taille forte et ramassée (Montaigne, op. cit., II, XVII, p. 641); 1754 p. ext. objet ramassé (Condillac, Traité des sensations, III, 3 ds Littré); b) α) 1607 réfl. « (d'un animé) se pelotonner sur soi-même » (Oudin Esp.-fr. ds Gili, s.v. arrebajudura: en se ramassant pour se cacher); av. 1767 ramasser son corps en boule (Malfilâtre, Narcisse, II ds Littré);
β) 1655 réfl. fig. se ramasser en soi-même (Molière, Étourdi, II, 11); c) 1723 « replier un objet sur lui-même afin de réduire la place qu'il occupe » techn. ramasser l'émail (Savary); 4. fig. a) « réunir, rassembler pour quelque effort » 1572 r'amasser son esprit a grand peine (Ronsard, Franciade, III, 854 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 16); 1638 ramasser un reste de vigueur (Rotrou, Antigone, III, 2 ds
Œuvres, Paris, t. 4, 1820, p. 39); av. 1704 ramasser ses forces (Bossuet, 2eSermon Pass., 2 ds Littré); b) « concentrer, résumer »
α) en parlant de personnes 1651-56 (Corneille, Imitation, III, 43 ds
Œuvres, éd. A. Stegmann, Paris, Seuil, 1963, p. 1002a: J'enseigne à ramasser en moi tout son désir); av. 1704 ramasser en peu de mots (Bossuet, Réunion des Protestants..., I, I, 2 ds Littré);
β) en parlant de choses 1675 trans. (Id., La Vallière, ibid.: [la passion des richesses] ramasse en elle-même toutes les autres); 1685 réfl. (Id., Oraison funèbre Palatine ds
Œuvres, éd. abbé Velat et Y. Champailler, p. 159). B. Prendre par terre des choses dispersées pour les réunir 1. a) 1549 (Ronsard, Les Bacchanales, 104, t. 3, p. 190: Abel [...] qui ramasse les flaccons [de Silène] tombez à bas Et les fleurs); 1559 ramasser [un anneau tombé à terre] (Amyot, Hommes illustres, Artaxerce, XXX, éd. G. Walter, t. 2, p. 978), empl. condamné par Ménage (Obs. lang. fr., Paris, Cl. Barbin, 1672, p. 379) qui préfère amasser; b) 1574 « collecter (les fruits de la terre) » ici, p. image (Ronsard, Tombeau de Charles IX, 118, t. 17, p. 8: Une telle moisson abondante en vertu Se perdroit sans profit... Si la Muse ne l'eust quelque peu r'amassée Ainsi qu'un laboureur...); c) 1895 p. ext. fam. ramasser une bûche « tomber » (d'apr. Esn., s.v. bûche); 2. a) 1640 réfl. « se relever après être tombé » (Oudin Curiositez: Ramasse toy − releve toy, vulg.); 1920 p. ext. se ramasser « tomber à terre (d'une personne) » (Bauche); b) 1694 ramasser un homme « faire monter un piéton dans son carrosse » (Ac.); 1835 fig. où avez-vous ramassé cet homme-là? (Ac.). Dér. de amasser*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 2 494. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 977, b) 3 889; xxes.: a) 5 017, b) 3 815. DÉR. 1. Ramassement, subst. masc.a) Position ramassée, repliée. S'enfonçant dans son fauteuil avec le ramassement de l'homme qui se dispose à écouter, qui devient tout oreilles, il mit son menton dans sa main (A. Daudet, Nabab,1877, p. 143).Tout à coup, dans un ramassement de main, il attrapa une mouche (Goncourt, Journal,1891, p. 158).b) Sports (lutte). Ramassement de bras, d'épaule, de jambe. ,,Prise qui consiste à déséquilibrer l'adversaire en s'emparant d'un bras, d'une épaule ou d'une jambe`` (Petiot 1982). Dans la lutte à terre, c'est-à-dire lorsqu'un des adversaires se trouve à quatre pattes, si l'autre s'empare d'un de ses bras, c'est un ramassement de bras (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.,1954, p. 375).− [ʀamasmɑ
̃], [-mɑ-]. − 1resattest. a) α) 1558 fig. « action de rassembler, assemblage, amalgame » (Est. Perlin, Descr. des roy. d'Angl. et d'Escosse, fol. 8 r ods Gdf.: [langaige] ramassement de toutes langues), ex. isolé, 1910 id. le ramassement de ce triple faisceau [Le Cid, Horace, Cinna convergeant vers Polyeucte] (Péguy, V.-M., comte Hugo, p. 803),
β) 1879 fourmillant ramassement d'individus (E. de Goncourt, Zemganno, p. 222), b) 1636 « action de ramasser, de recueillir » (Monet, p. 725a), très rare, 1913 (Péguy, Ève, p. 939: le ramassement des débiles glaneurs), c) 1877 « action de se ramasser sur soi-même » (A. Daudet, loc. cit.); de ramasser1, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér.: 12. 2. Ramassette, subst. fém.a) ,,Léger clayonnage dont on garnit la faux des moissonneurs afin de réunir en javelles les tiges de blé coupées`` (Fén. 1970; dict. xixeet xxes.). b) Région. (Belgique et Nord de la France). ,,Petite pelle pour ramasser les miettes, les cendres`` (Baet. 1971, p. 357). − [ʀamasεt], [-mɑ-]. − 1resattest. a) 1842 « clayonnage adapté à la faux » (Ac. Compl.), b) 1942 wall. « pelle à poussière » (d'apr. FEW t. 6, 1, p. 451a); terme wall., dér. de ramasser1, suff. -ette*; b semble à distinguer de l'helvétisme ramassette* « petit balai », qui, d'apr. FEW t. 10, p. 43a est dér. de ramasse* « balai ». 3. Ramassoire, subst. fém.a) ,,Planchette pour nettoyer l'eau sur laquelle on pose les couleurs`` (Chesn. t. 2 1858; dict. xixes.). b) Région. (Suisse romande). ,,Pelle à balayures en fer`` (Pierreh. 1926). Il y a encore un balai, un seau et une ramassoire (Ramuz,Nouvelles,p. 35, ibid.).− [ʀamaswa:ʀ], [-mɑ-]. − 1reattest. terme de marbreur de papier a) 1765 « planchette servant à nettoyer l'eau où surnagent les couleurs » (Encyclop. t. 10, p. 73a, s.v. marbrer), b) id. « outil pour rassembler la couleur étendue sur la pierre » (ibid.); de ramasser1, suff. -oire*. BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 535. − Dub. Dér. 1962, p. 31 (s.v. ramassement). − Gredig (S.). Essai sur la form. du vocab. du skieur fr. Davos, 1939, pp. 70-72. - Quem. DDL t. 5, 17. |