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RALLIEMENT, subst. masc.
A. −
1.
a) Action de rassembler, de réunir des éléments qui étaient dispersés. Synon. rassemblement, regroupement; anton. déroute, dispersion, éparpillement.Ralliement des chasseurs, des soldats, de la troupe. Ce qui te semble un spectacle est le ralliement des escadrilles, les commandements qu'on leur donne, leur départ en chasse (Proust, Temps retr., 1922, p. 758).
b) Action, fait de se rassembler, de rejoindre d'autres éléments, ayant quelque chose en commun. Synon. rassemblement, regroupement; anton. débandade, déroute, éparpillement.Le ralliement d'une flotte, d'une armée navale (Ac. 1835-1935). Armée profondément ébranlée. Milliers de ralliements individuels (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 484).
Subst. (indiquant ce qui sert au ralliement) + de ralliement.Signal, drapeau de ralliement. Dès qu'il était serré de près, il congédiait ses cavaliers en leur assignant un lieu de ralliement (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 41).− À demain soir, dans la forêt! (...) C'était le cri ancien de ralliement, le rendez-vous où les mineurs de jadis allaient comploter leur résistance aux soldats du roi (Zola, Germinal, 1885, p. 1362):
Des points de ralliement sont fixés dans la forêt: « l'étoile du perche », le « moulin », « la chapelle ». Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 217.
Au fig. Ces réponses (...) deviennent des points de ralliement autour desquels les penseurs de tous les temps se rangent en écoles (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 208).Ce cri de ralliement des novateurs d'il y a cinquante ans est devenu le synonyme d'enthousiasme factice (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 101).Aussi apparaît-il [l'ouvrage de Mabillon] dans le recul de l'histoire comme un pôle attractif, centre de ralliement (...) qui domine tout le développement ultérieur de la diplomatique (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 642).
ART MILIT. Mot de ralliement. Mot, expression qu'on doit dire pour montrer qu'on est du même camp que quelqu'un. Toutes les deux heures, ainsi qu'en pays ennemi, retentissaient les cris de faction. − Qui vive?... Avancez au mot de ralliement! (Zola, Germinal, 1885, p. 1456).
Au fig. Ces chefs-d'œuvre des réflexions de l'antique et de la plus pure philosophie (...) ne sont plus que (...) des mots de passe et de ralliement, des instruments de cette guerre civile permanente dont l'entretien est la plus grande affaire de tant de gens (Valéry, Variété IV, 1938, p. 167).
2. P. méton. Signal, signe auquel on peut se rallier ou indiquant qu'on doit procéder au ralliement, au regroupement. Un mot, une phrase, le sentiment qui inspire même dans un regard, est comme un ralliement auquel ils [les exilés] obéissent (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1833, p. 2).
Loc. Sonner le ralliement. La nuit venait; on sonnait le ralliement (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 176).Baudoin fit alors sonner le ralliement et ramena ses soldats pour leur partager enfin les richesses du camp ennemi (Grousset, Croisades, 1939, p. 65).
Au fig. [Vanier] sonna aux poètes nouveaux un ralliement qui fut entendu (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Hommes d'auj. (Léon Vanier), 1885-93, p. 370).On entend quelquefois éclater dans le texte [de Stendhal] (...) certaines locutions, presque des interjections (...) qui sonnent le ralliement de l'énergie (...), le réveil de la volonté d'être encore ce que l'on fut (Valéry, Variété II, 1929, p. 87).Et chaque dimanche sur l'antenne de Radio Paris écoutez la Rose des Vents qui sonne le ralliement des volontés françaises (L'Œuvre, 19 janv. 1941, p. 2).
B. − Fait de faire sienne une cause, une opinion, d'y adhérer, de rejoindre un parti. Synon. adhésion; anton. abandon, lâchage (fam.).
Ralliement de qqn à qqc.Un mot sinistre d'un Français dont je ne veux pas écrire le nom: « Je ne joue pas les perdants. » Cela pour expliquer son ralliement à la cause de Vichy (Green, Journal, 1941, p. 104).
Ralliement de qqn.Baudouin Ier(...) avait épousé la princesse Arda, fille d'un chef arménien du Taurus (...) qui lui valut le ralliement de l'élément arménien prépondérant à Édesse (Grousset, Croisades, 1939, p. 104).
Ralliement à qqc.Il comptait trente ans de services sous les régimes précédents, et dix années de ralliement au gouvernement actuel (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 325).Un très large ralliement à l'habitat individuel a pour corollaire quasi inévitable le triomphe des moyens de transports individuels (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 360).
[Sans compl.] C'était un de ces très rares députés de la droite à qui (...) les votes de complaisance et les ralliements sont inconnus (Gyp, Leurs âmes, 1895, p. 127).
Prononc. et Orth.: [ʀalimɑ ̃]. Ac. 1718-1762: ralliement; 1798: -ie- ou -î-; 1835: -ie- ,,on prononce ralîment``; 1878: -ie- ,,on prononce et plusieurs écrivent ralîment``; 1935: -ie- ,,on prononce ralîment`` (î = syll. longue). V. gaiement. Étymol. et Hist. Ca 1175 (Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 2179). Dér. de rallier*; suff. -ment1*; cf. l'a. fr. ralïance « cri de ralliement » ca 1220 (Anseïs de Carthage, 4691 ds T.-L.: ralïanche), puis « action de se rallier » ca 1355 (Bersuire, T. Liv., ms. Ste-Gen., f o290dds Gdf.) − xves. (Alain Chartier, Œuvres, L'Esperance, éd. Duchesne, p. 282; cf. éd. Fr. Rouy, p. 27: aliance), et le m. fr. ralliage « action de réunir (des personnes) » 1609 (J.-P. Camus, Diversitez, t. 2, f o161 r o). Fréq. abs. littér.: 261. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 269, b) 166; xxes.: a) 247, b) 642. Bbg. Gohin 1903, p. 373.