| RAJEUNISSEMENT, subst. masc. A. − 1. Action, fait de rajeunir. Les traditions − qui se retrouvent dans certains textes alchimiques − relatives au feu comme moyen de rajeunissement et d'immortalité (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p. 171). − En partic. Effet des méthodes cherchant à compenser les conséquences de la sénescence; ces méthodes. Cure de rajeunissement. Depuis Steinach, un grand nombre de travaux ont été consacrés au rajeunissement par la greffe (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 128): 1. ... on a donné le nom de rajeunissement à une amélioration de l'état général, à un sentiment de force et d'élasticité, à un réveil des fonctions génésiques, etc. Mais l'aspect meilleur présenté par un vieillard après le traitement n'indique pas qu'il a été rajeuni.
Carrel, L'Homme, 1935, p. 216. 2. Fait de paraître (plus) jeune. Au physique, peut-être à cause que le Malin se retirait de lui, Éliézer était devenu presque un joli homme (...) il avait quinze ans de moins. Ce rajeunissement m'agaçait tout autant que le reste du personnage (Jammes, Robinsons, 1925, p. 203).V. bière2ex. 1. 3. Fait de se sentir (plus) jeune, de retrouver un état psychologique et moral caractéristique de la jeunesse (entrain, vigueur, désir de vivre, d'entreprendre...); état en résultant. C'est [la femme] la source inépuisable des rajeunissements imprévus, des réveils dans la langueur, des oublis dans la fatigue (Michelet, Journal, 1857, p. 327): 2. S'il avait aimé la petite sans s'en douter, il aurait éprouvé près d'elle ce rajeunissement de l'être entier, qui crée un homme différent dès que s'allume en lui la flamme d'un désir nouveau.
Maupass., Fort comme la mort, 1889, p. 252. − P. anal. Synon. de régénération.Je me dis qu'au moins j'aurai joui dans ma solitude de quelques jours purs et sereins, et du rajeunissement de la nature (Maine de Biran, Journal, 1815, p. 58).L'unique autorité existante se trouvait là [Rome], le rajeunissement ne pouvait naître que de la terre sacrée où avait poussé le vieux chêne catholique (Zola, Rome, 1896, p. 12). B. − 1. Action de réparer, de remettre à neuf ce qui s'est détérioré avec le temps; résultat de cette action. Synon. rénovation, restauration.Ce rajeunissement extérieur jurait avec la vétusté des autres bâtiments d'exploitation et la malpropreté insigne de la cour (Sand, Meunier d'Angib., 1845, p. 67). − GÉOL. ,,Reprise de l'érosion, sur un relief pénéplané [de pénéplaine] ou aplani, par abaissement du niveau de base des cours d'eau: c'est le début d'un nouveau cycle d'érosion`` (Fouc.-Raoult Géol. 1980). 2. a) Action de transformer quelque chose pour l'adapter à la situation moderne; fait de se transformer pour s'adapter à la situation moderne. Synon. modernisation, rénovation.Rajeunissement de l'agriculture, de l'industrie. En relevant les parlements, Louis XVI a empêché un rajeunissement de l'état (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 20).La fréquentation [d'autres administrations par les fonctionnaires] (...) assurera aux organismes ou aux administrations les recevant des rajeunissements ou des novations nécessaires (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 246). b) Action d'abaisser l'âge moyen d'un groupe social, professionnel; situation où l'âge moyen d'un groupe s'abaisse. Rajeunissement démographique; rajeunissement des cadres, des dirigeants. Mille autres obstacles trop longs à déduire, s'opposent au rajeunissement du Sacré Collège (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 475).Il envisageait des réformes, un rajeunissement de ses équipes (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 126). 3. Dans le domaine intellectuel ou artist.Action, fait de reprendre une forme, une idée, un thème en le renouvelant. Actuellement, les compositeurs se contentent d'un rajeunissement de la théorie classique (R. Lenormand, Harm. mod., 1913, p. 3).Toute son œuvre [d'Anatole France] n'est qu'emprunt, imitation (...) rajeunissement de mille choses prises partout (Léautaud, Théâtre M. Boissard, 1943, p. 312): 3. Il y aurait bien encore quelques remarques à faire au sujet d'Atala: par exemple, sur ce côté d'Antiquité, de génie antique, qui s'y retrouve déguisé trop souvent et comme parodié sous des costumes sauvages, mais parfois aussi dans toute la beauté d'un véritable rajeunissement.
Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 254. Prononc. et Orth.: [ʀaʒ
œnismɑ
̃], [-ʒø-]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 rajonisement « action de rajeunir » (ici, en parlant des branches que l'on coupe pour provoquer des pousses nouvelles) (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, 5708); 1877 un procédé de rajeunissement (Hugo, Art d'être gd-père, p. 166); 2. 1828 « action de redonner une force ou une activité nouvelle; fait de retrouver un nouvel aspect » ce renouvellement, ce rajeunissement de l'esprit humain (Guizot, Hist. civilis., leçon 12, p. 19); 3. 1834 « fait de paraître ou de se sentir plus jeune » (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, p. 154); 4. 1848 « diminution de la moyenne d'âge d'un groupe social » le rajeunissement du sacré collège (Chateaubr., loc. cit.); 5. 1963 géomorphol. rajeunissement du relief (Lar. encyclop.). Dér. de rajeunir*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 88. Bbg. Quem. DDL t. 25 (s.v. rajeunissement des cadres). |