| RADOUCIR, verbe trans. A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Rendre moins dur, plus conciliant. Synon. adoucir, apaiser, calmer.Lorsque Merlin lui dit qu'il devrait donner le bon exemple, en nageant à la tête de la Iredivision, cela le radoucit, et cet homme terrible se laissa persuader de former trois colonnes (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 227). − Empl. pronom. − Bougre de salaud, lui cria Alphonsine, indignée. Mais rongée de curiosité, (...) elle se radoucit: − Dis-moi la vérité, Survenant (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 154): 1. ... je me rendis chez Churchill. En abordant le Premier Ministre, je lui dis avec vivacité que je ne serais pas venu si j'avais su qu'il me faudrait être encerclé, en terre française, par les baïonnettes américaines. « C'est un pays occupé! » s'écria-t-il. Nous étant tous deux radoucis, nous abordâmes le fond des choses.
De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 78. − [P. méton. de l'obj.] Radoucir le ton, la colère de qqn. Elle descendit le perron, elle radoucit sa voix: − Ovide, mon enfant, veux-tu monter? (Zola,Conquête Plassans, 1874, p. 911). ♦ Empl. pronom. « (...) Tu te moques de moi! » dit Paule d'une voix violente. Son visage se radoucit: « Je te répète que je suis totalement à toi. Qu'est-ce que je peux faire pour te convaincre? (...) » (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 379). − P. anal. Que personne ne croie qu'une nouvelle guerre puisse (...) radoucir le sort du genre humain (Valéry,Variété IV, 1938, p. 91). − Part. passé en empl. adj. D'un ton radouci, il balbutia, lui, l'homme à la parole toujours si nette: − Allons, c'est bon. J'irai là-bas. On verra, on s'expliquera (Vogüé,Morts, 1899, p. 398): 2. le père alexandre, radouci [it. ds le texte]: La Torine... Sais-tu ce qu'il me faudrait? (...) Tiens, eh bien je buverais de bon coeur une goulée de marc... Tu sais, ce sacré marc de l'ânnée de l'éclipse...
Martin du G.,Testam. P. Leleu, 1920, I, p. 1141. B. − [En parlant du temps, de la température] Rendre plus doux. La pluie a radouci le temps. − Empl. pronom. La température, qui s'était refroidie tout à coup jusqu'à 6 et 8 degrés au-dessous de 0, s'est radoucie de nouveau le 2 (Maine de Biran,Journal, 1816, p. 103). − Part. passé en empl. adj. Paris plus animé; l'air radouci, et pluie tiède à la tombée du jour. L'odeur d'automne du Luxembourg à travers les grilles (Larbaud,Journal, 1931, p. 248). Prononc. et Orth.: [ʀadusi:ʀ], (il) radoucit [ʀadusi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 fig. « rendre moins dur » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 1361); 2. ca 1225 « apaiser, calmer » (Reclus de Molliens, Miserere, 236, 12 ds T.-L.); 3. 1669 verbe pronom. « devenir plus doux » (Molière, Tartuffe, III, 2). Formé de l'élém. re-* et adoucir*. Fréq. abs. littér.: 132. DÉR. Radoucissement, subst. masc.Action de radoucir, de se radoucir; résultat de cette action (supra A, B). La culture générale du globe (...) produira un radoucissement de vingt degrés dans cette contrée aujourd'hui plus glaciale que la Sibérie même (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p. 81).Ce qu'il y a de vraiment beau ici, c'est les pays, le ciel (...) et le radoucissement de Solange (Sand,Corresp., t. 2, 1838, p. 115).− [ʀadusismɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1671 (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 2, p. 449); de radoucir, suff. -issement*. |