| RADIN, -INE, adj. Fam., pop. Qui lésine sur la dépense, avare. Il est radin! à la popote, il gueule comme un enfant de cochon quand ça dépasse deux cents balles par mois (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 99).C'était un saint, Monsieur du Thillot. C'était un modèle de pauvreté. Une soutane mitée à mort et des croquenots en dentelle de carton, noués avec de la ficelle. Il donnait tout à ses pauvres. Mais, pour pouvoir tout donner, il ne pensait plus qu'à l'argent. Il était radin comme personne (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 15).− Empl. subst. Un radin (...), ce compère, qui m'agréa pour un tout petit salaire, mais avec un contrat et des clauses longues comme ça, toutes à son avantage évidemment. Un patron en somme (Céline, Voyage, 1932, p. 510). Rem. Dans l'empl. adj., le fém. est peu usité; on rencontre plutôt la forme masc.: Lola, elle, ça la rendait folle [les vols de Boris], mais c'était normal, elle ne pouvait pas comprendre certaines délicatesses, d'autant qu'elle était un peu radin (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 146). REM. Radinisme, subst. masc.,plais. Avarice. Bangkok, (...) Bali, quatre semaines je suis folle de joie − connaissant le radinisme d'Arthur, je suis sciée (Le Nouvel Observateur, 12 mai 1980, p. 20, col. 1). Prononc.: [ʀadε
̃], fém. inv. ou [-in]. Étymol. et Hist. 1885?, 1920 pop. « homme, femme ,,près de ses pièces`` » d'apr. Esn.; 1928 adj. (Lacassagne, Arg. « milieu », p. 171); 1932 subst. (Céline, loc. cit.). Orig. obsc.; peut-être, comme le suggère Chautard Vie étrange Argot, pp. 426-427, suivi par Esn. et Cellard-Rey, p. ext. de sens de radin « gousset » 1835 (Raspail ds le Réformateur, 20 sept., p. 2), également att. au sens de « tiroir à argent » 1844 (Dict. compl. d'apr. Esn., s.v. radeau), de rade, radeau « tiroir de comptoir » 1836 (Vidocq, Voleurs, t. 2, p. 45), également « comptoir » rade 1844 (Id., Vrais myst. Paris, t. 4, p. 8), radeau 1821 (Ansiaume d'apr. Esn.), v. rade2. Autre explication ds FEW t. 10, p. 92b qui le rattache au fr. pop. radin, radon « gratin » 1821 (Desgranges, p. 75 ds Goug. Lang. pop., p. 168) remontant à un étymon rasitare, v. ratisser, raton2. Fréq. abs. littér.: 18. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907] p. 255. |