| RADICALISER, verbe trans. Rendre radical, intransigeant. Mais dans les grandes crises, à l'occasion d'une épreuve qui me radicalise, en face d'une situation bouleversante qui m'attaque dans mes raisons dernières (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 71).Les marxistes purs comptent sur les militants − c'est-à-dire sur une action consciente et concertée − pour radicaliser les masses et susciter en elles cette conscience [de classe] (Sartre, Sit. III, 1949, p. 195).− Empl. pronom. Devenir plus extrême. Le collectiviste se radicalisera (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 362).Les antagonismes sociaux se sont radicalisés depuis mai 68 (La Croix, 13 mai 1973ds Gilb. 1980). Prononc.: [ʀadikalize], (il) radicalise [-li:z]. Étymol. et Hist. 1845 trans. et pronom. « rendre radical, devenir radical, poser, baser sur un principe, un fondement radical » (Richard), attest. isolée; 1899 pronom. « s'assimiler au parti radical » (Clemenceau, loc. cit.); 1917 trans. « rendre plus fondamental, plus extrême » (H. Guilbeaux, Let. à R. Rolland, in R. Rolland, Journ. des années de guerre 1914-1919, p. 1204 ds Quem. DDL t. 7). Dér. de radical*; suff. -iser*. Cf. aussi l'angl. to radicalize (intrans. 1823, trans. 1830 ds NED). DÉR. Radicalisation, subst. fém.Action de (se) radicaliser; résultat de cette action. On a raison de remarquer que ce n'est pas la plus grande misère qui fait les révolutionnaires les plus conscients, mais on oublie de se demander pourquoi un retour de prospérité entraîne souvent une radicalisation des masses (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 509).La lutte contre la structure autoritaire de l'Université est et doit être une lutte radicale: elle peut provoquer une radicalisation du climat social général (Le Nouvel Observateur, 27 mai 1968ds Gilb. 1980).− [ʀadikalizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1933 (W. Carmon, in La Litt. intern., n o1, pp. 164-165 ds Quem. DDL t. 18); de radicaliser, suff. -ation*, cf. aussi l'angl. radicalization (1885 ds NED). |