| RACINER, verbe A. − Empl. intrans., AGRIC., BOT. [Le suj. désigne un végétal nouvellement implanté] Prendre racine, commencer à produire des racines. Cet arbre commence à raciner (Besch.1845). − Empl. factitif, p. métaph. J'ai rêvé de raciner l'individu dans sa terre (Barrès, Cahiers, t. 9, 1911, p. 319). B. − Empl. trans. 1. RELIURE. ,,Marbrer la reliure d'un livre à l'imitation des racines d'arbre`` (Comte-Pern. 1963). 2. TEINT., vx. Donner aux peaux et aux tissus la couleur fauve avec une décoction de racines, écorces et feuilles de noyer (d'apr. Havard 1890). Prononc.: [ʀasine]. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 fig. « se fixer, s'établir (d'un peuple) » (Wace, Brut, 5526 ds T.-L.); 2. a) déb. xiiies. « (d'un arbre) pousser des racines » (Sept Sages, éd. J. Misrahi, 1063); xiiies. [ms.] (Queste del S. Graal, BN fr. 12582, fol. 29 v ods Gdf.; éd. H. O. Sommer, Cycle arthurien, t. 6, p. 153, 30 et A. Pauphilet, p. 214, 24: enrac(h)inoit); b) ca 1240 « prendre racine, s'attacher en terre par les racines » (Miracles agn. de la Vierge, 9, 154, p. 37 ds T.-L.: [d'une personne] Ferm restut, ne sout ke fere, Cum c'il fust raciné a la terre). B. 1. 1669 terme de teinturier (Règl. sur les manuf. ds Littré); 2. 1827 terme de relieur (L. S. Le Normant, Manuel du relieur d'apr. Besch. 1845). Dér. de racine*; B, de racine « herbe à teinture » (1636, Monet, p. 721a), puis « racine, écorce, feuille de noyer servant à teindre en fauve » (1671 ds Littré); « tache noire imprimée à la peau par cette racine » (1820 Lesné, ibid.); dés. -er. DÉR. 1. Racinage, subst. masc.a) Reliure. Action de marbrer la reliure d'un livre à l'imitation des racines d'arbre; résultat de cette action (d'apr. Comte-Pern. 1963). Vous avez bouquiné sûrement sur les quais et il vous est passé entre les mains des vieux livres à la couverture rousse qui contenaient des dessins bizarres, des coulées de tons, des nœuds d'arbres, des tiges mouvementées; c'est ce qu'on appelle racinage (Closset, Trav. artist. cuir, 1930, p. 47).b) Teint. Action de donner aux peaux et aux tissus la couleur fauve avec une décoction de racines, écorces et feuilles de noyer; résultat de cette action (d'apr. Havard 1890). Dans la teinture en noir des draps, le racinage est l'action de plonger l'étoffe dans un bain, soit de brou de noix, soit de racine de noyer pied-de-bleu (Doin, Dict. teint., 1828, p. I).− [ʀasina:ʒ]. − 1resattest. a) 1674 teint. (Instr. gén. pour la teinture, art. 214 ds Littré), b) 1827 reliure ([L. S. Lenormand], Manuel du relieur, p. 153, ibid.); de raciner*, suff. -age*. 2. Racinement, subst. masc.,agric., bot. a) ,,Action par laquelle la racine s'enfonce dans le sol et s'y attache`` (Forest. 1946). Synon. enracinement.b) Au fig.
α) [En parlant d'une notion abstr.] Fait d'être solidement et profondément implanté. La société des secours mutuels de ce village est très fière d'une bannière qu'elle porte dans toutes les cérémonies. C'est la plus ancienne de l'arrondissement, à ce qu'on dit, et elle témoigne de l'ancien racinement de la fraternité en ce pays (Guéhenno, Journal « Révol. », 1937, p. 66).
β) [En parlant d'une pers.] Attachement profond à quelque chose. Les hymnes et les cantiques dont je voudrais nourrir un enfant favoriseront en lui toutes les influences familiales, régionales, historiques et corporatives; mais l'on me comprend bien mal si l'on attend que j'énumère les avantages de ce racinement (Barrès, Amit. fr., 1903, p. 18).− [ʀasinmɑ
̃]. − 1resattest. a) ca 1190 « souche, race » en parlant de Jessé (Herman de Valenciennes, Li Romanz de Dieu, éd. I. Spiele, p. 368, 2687; cf. Gdf.), b) « action par laquelle une racine s'enfonce dans le sol » [1543 empl. p. image (Bible, Esaye, ch. 40 [Is. XL, 24])], ibid.: Ceste plantation ne sement ne racinement; texte obscur, peut-être lire sem(em)ent?; neque plantatus neque status neque radicatus in terra eorum)], 1913 (Lar. mens., déc., p. 910), c) 1910 fig. synon. de enracinement (Péguy ds
Œuvres en prose, t. 2, p. 722); de raciner*, suff. -(e)ment1*. |