| RABOT, subst. masc. A. − Outil de menuiserie, consistant en un ciseau ajusté obliquement dans un support de bois ou de métal, utilisé pour aplanir, amincir une pièce de bois ou pour y faire des moulures, des rainures. Dresser (une planche) au rabot; rabot à dégrossir, à moulurer, à rainer. Il y a des rabots longs, courts, étroits, à fer rond, droit, oblique ou échancré; des rabots à moulures, à plates-bandes (...) etc.; et, suivant le cas, les ouvriers leur donnent le nom de rabot tout simplement, ou celui de grande, de petite varlope, (...) de bec-d'âne (Jossier 1881). On raye les panneaux destinés à recevoir le placage avec un rabot à dents (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 13).Rabot ordinaire, p. ell., rabot. Rabot de petite dimension à semelle plate, utilisé pour supprimer les inégalités de surface d'une pièce de bois. Donner un coup de rabot à une planche, passer le rabot sur une planche, passer une planche au rabot. On les rabote [les bois] alors avec un rabot rond conforme au dessin pour l'intérieur du cercle, et la partie extérieure est rabotée avec un rabot ordinaire (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 166). − Au fig. Coup de rabot. Action de supprimer ce qui est excessif. L'apologie [de Catinat par lui-même] est un peu longue; je n'ai pas promis qu'elle serait élégante; il manque un coup de rabot à cette façon d'écrire de Catinat (Sainte-Beuve, Nouv. lundi, t. 3, 1862, p. 446).Les réductions de dépenses qui s'imposent sont-elles l'essentiel du problème français? Des coups de rabot sur le budget et même les indispensables réformes de structure (...) suffiraient-ils à donner à notre peuple l'élan et la foi qui animent d'autres nations? (Reynaud, 1953ds Doc. hist. contemp., p. 192). B. − P. anal. (de forme ou de fonction) 1. Dispositif utilisé pour aplanir ou polir une surface, notamment de métal, de marbre, de terre. On construit des rabots rustiques en disposant derrière une herse une ou plusieurs poutres qui égalisent le sol derrière la herse (Ballu, Mach. agric., 1933, p. 38).Les chocolats granulés ou en poudre sont obtenus en râpant mécaniquement des pains de chocolat (rabot à chocolat) (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 38). − AGRICULTURE ♦ Rabot à raies. Outil utilisé pour rabattre les arêtes formées par la charrue. (Dict. xxes.) ♦ Rabot de pré. Outil utilisé pour aplanir les taupinières. (Dict. xxes.). − HIST., PRÉHIST. Synon. mod. racloir.L'outillage lithique comprend des outils de forme aurignacienne ou solutréenne: burins, grattoirs, rabots (S. Blanc, Init. préhist., 1932, p. 69). 2. Outil de maçonnerie utilisé pour remuer le mortier. On mélange le tout [sable et chaux ou ciment] à l'aide du rabot à mortier (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1929, p. 28). REM. Rabotin, subst. masc.Outil de tailleur de pierre pour dresser, équarrir la pierre. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth.: [ʀabo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. du xives. « outil de menuisier servant à enlever les inégalités d'une surface de bois » (Roques t. 2, III, 3429: leviga. playne vel rabot); 2. désigne divers instruments dont on se sert pour aplanir, polir, étaler, notamment a) 1342 « pierre dure employée au pavage, et qui est une variété de liais » (Arch. hospit. de Paris, II, 125 ds Gdf. Compl.); b) 1432 « râble de boulanger » (A.N., JJ 175, pièce 159, ibid.); c) 1482 « instrument composé d'une pièce de bois et d'un long manche, employé pour remuer le mortier » (Compt. de Nevers, CC 70, f o106 r o, A. Nevers, ibid.); d) 1676 « outil servant à polir des métaux » (Félibien, p. 715); e) 1812 « morceau de bois dur utilisé pour polir les glaces, le marbre » (Mozin-Biber). Forme masc. de rabotte « lapin » (att. dans le Centre, v. FEW t. 16, p. 730a), issu de *robotte « id. », v. rabouillère; le changement de sens de « lapin » à « rabot » peut s'expliquer par une compar. de la forme de l'objet avec celle de l'animal, cf. bélier, chevalet, chèvre, poutre, etc. (FEW t. 16, p. 731). Fréq. abs. littér.: 50. Bbg. Gamillscheg (E.). Ausgewählte Aufsätze. Jena-Leipzig, 1937, pp. 226. − Orr (J.). Words and sounds in English and French. Oxford, 1953, p. 59. |