| RABBIN, subst. masc. RELIG. JUIVE A. − Docteur de la Loi. Le fameux rabbin Moïse Maimonide (...) nous apprend qu'à la fin de la grande captivité un très-grand nombre de Juifs (...) se fixèrent à Babylone (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 191).Au XIesiècle, un rabbin français, Rashi, composa un commentaire de la Bible et du Talmud (R. Aron, Les Années obscures de Jésus, Paris, Grasset, 1960, p. 173). − En partic. Maître du Talmud. Du IIIeau Vesiècle, dans les écoles palestiniennes et babyloniennes, les générations de rabbins appelés amoraïm s'appliquent à discuter, à commenter, à expliquer la Mishnah (P. Démann, Les Juifs, 1960, p. 39): 1. Le Talmud descend en droite ligne de la Bible, les richesses morales et religieuses qui constituent l'enseignement prophétique se retrouveront ici. Avec cette différence que les rabbins ont élargi et approfondi les paroles des Prophètes, que ce qui n'était que simple indication est repris par eux et amplifié à l'infini.
E. Gugenheim, Les Portes de la Loi, 1982, p. 58. B. − Chef religieux d'une communauté juive; titulaire du diplôme délivré par une école ou un séminaire rabbinique. Rabbin orthodoxe, conservateur, libéral. Animateur spirituel de sa communauté, le rabbin n'est en aucune façon un prêtre; il ne joue pas le rôle d'intermédiaire entre Dieu et les hommes; il ne confesse ni n'absout; il n'a pas l'exclusivité de la célébration des offices (...): le rabbin est, avant tout, le maître qui guide et qui instruit (Encyclop. univ.t. 201975, p. 1603). ♦ Grand rabbin. Rabbin titulaire d'une fonction, d'un siège ou d'un mérite particulier. Le pain azyme de la rue des Écouffes (...) est fabriqué sous la surveillance du Grand Rabbin, lequel se fait assister pour ce rite d'un autre rabbin (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 104): 2. Entre rabbin et grand rabbin, il n'y a pas de distinction fondamentale (...), le titre [de grand rabbin] est attaché soit à la fonction ou au siège d'un rabbinat, soit accordé à titre personnel. (...) ce titre est porté de droit et à vie par le Grand Rabbin de France, le ou les grands rabbins du Consistoire central, le Directeur du Séminaire et le Grand Rabbin de Paris.
R. Berg, M. Urbah-Bornstein, Les Juifs devant le dr. fr., 1984, p. 37. C. − [En Ukraine et en Pologne, en partic. dans la seconde moitié du xixes.] Rabbin miraculeux. Rabbi hassidique (v. ce mot rem. s.v. rabbinisme) (considéré sous le seul aspect de thaumaturge). Je venais d'assister, dans la petite ville de Bels, à un de ces banquets étonnants qui, chaque samedi, réunissent dans la synagogue tous les Juifs de l'endroit autour d'un rabbin miraculeux (Tharaud, An prochain, 1924, p. 98).V. miraculeux A 3 ex. de Tharaud. Prononc. et Orth.: [ʀabε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1351 rabain « docteur de la loi juive » (Jean le Long, trad. Odoric de Pordenone, Voyages en Asie, éd. H. Cordier, p. 72-73 cité par R. Arveiller ds Fr. mod. t. 17, p. 140: quatre rabain franc); 1540 rabbin (P. Doré, L'image de vertu, 185b ds Rom. Forsch. t. 32, p. 141: les rabbins des Juifz); 2. 1808 rabbin « chef spirituel d'une communauté juive » (Décret impérial du 17 mars ds B. des Lois de l'Empire français, 4esérie, t. 8, p. 218); 1808 grand rabbin (ibid.). Empr., prob. par l'intermédiaire d'un lat. médiév.rabbinus (1552 ds Latham, mais sans doute att. antérieurement) ou de l'ital. rabbino (rabino, déb. xives. à Florence, v. Prati et DEI) à l'araméen rabbι
̄n, plur. de rabb « maître » ou à l'hébr. postbiblique rabbι
̄
(v. rabbi). Dans ce dernier cas, la termin. -in (-inus, -ino) proviendrait d'une adaptation du mot hébr. p. assim. de la finale -ι
̄
à un suff. connu. Fréq. abs. littér.: 142. DÉR. Rabbinat, subst. masc.a) Dignité, fonction de rabbin. L'imposition des mains, rite juif de l'ordination du rabbinat (Renan, Marc-Aurèle, 1881, p. 527).À l'époque talmudique, aussi bien en Palestine qu'en Babylonie, le rabbinat n'était pas une profession organisée, car « il est interdit de faire de la Torah un instrument de travail ». (...) la plupart des sages (honorés du titre de rab, rabban ou 'hakham) exerçaient des métiers d'artisans (forgerons, cordonniers, scribes) ou s'adonnaient au commerce ou à l'agriculture. Le « rabbinat classique » est apparu en Europe vers le XIIesiècle et s'est caractérisé essentiellement comme un phénomène urbain (Encyclop. univ.t. 201975, p. 1603).b) Ensemble, corps de rabbins. Le rabbinat traditionnaliste; français. Chacune (...) [des] trois grandes divisions actuelles du judaïsme religieux possède ses propres institutions, son rabbinat, ses synagogues, ses écoles, − séminaires rabbiniques ou universités de type moderne, ou écoles talmudiques de type traditionnel (yeshivôt), − ses associations et organisations diverses (P. Démann, Les Juifs, 1960, p. 45).Les membres du rabbinat consistorial reconnaissent l'autorité du Grand Rabbin de France et se soumettent à son arbitrage pour tout ce qui concerne l'application du règlement général du corps rabbinique (R. Berg, M. Urbah-Bornstein, Les Juifs devant le dr. fr., 1984, p. 40).Grand Rabbinat de France. Services qui dépendent directement du Grand Rabbin de France. Traditionnellement habitués à recourir à leurs cadres religieux, les rapatriés [d'Afrique du Nord] s'adressèrent au Grand Rabbinat de France et au Consistoire Central de France et d'Algérie pour trouver une solution à leurs problèmes (B. Blumenkranz, Hist. des Juifs en France, 1972, p. 429).− [ʀabina]. − 1resattest. a) 1842 « dignité, fonction de rabbin » (A. Cerfberr in Les Français peints par eux-mêmes, Province III, p. 189 ds Quem. DDL t. 12), b) 1883 « ensemble des rabbins » (A. Cahen, Le rabbinat de Metz pendant la période fr. [1567-1871] ds R. des ét. juives t. 7); de rabbin, suff. -at*. L'ital. rabbinato est att. au xviies. d'apr. DEI, et l'angl. rabbinate en 1702 au sens a et en 1892 au sens b d'apr. NED. |