| RABAT-JOIE, subst. masc. inv. Familier A. − Vx. Occasion de chagrin, cause de tristesse qui vient troubler la joie. Comme il était à se divertir, il apprit la perte de son procès, et ce fut un grand rabat-joie pour lui (Ac.1798-1878). B. − Personne maussade, triste, qui trouble la joie des autres. Synon. bonnet* de nuit (fam.), éteignoir (fam.), trouble-fête.Champin: Quels rabat-joie que les pères! Boislangeais: On n'en a qu'un... Paf! il paraît au dessert pour vous troubler la digestion (Augier,Thommeray, 1874, p. 362).Le Moniteur universel, qui se charge volontiers des rôles de rabat-joie, nous signifie nettement de n'avoir pas à nous réjouir (Le Petit Parisien, 11 août 1877ds Vivac. lang. ds journ. paris., 1869-87).Dans la chambrée il y avait les rabat-joie, les pessimistes, les envieux: − Attention, les gars, faites gaffe (Vialar,Dansons, 1950, p. 34). ♦ [En parlant d'un animal personnifié] Malgré ton caractère de rabat-joie, de vieux garçon monomane et sans patience, tu es tout de même gentil, fit Durtal, d'un ton insinuant, pour l'amadouer [le chat] (Huysmans,Là-bas, t. 1, 1891, p. 119). − En appos. avec valeur d'adj. [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Ô ciel, rentrer dans les délices d'une inclination partagée! Repasser un bail avec la jeunesse! Cette idée fait battre le cœur une minute, avant que la raison, cette fée rabat-joie, n'ait souri et parlé (Amiel,Journal, 1866, p. 390).Vous aviez l'air de vous amuser comme deux petites folles, et vous n'aviez pas besoin d'une vieille grand'maman rabat-joie comme moi (Proust,Prisonn., 1922, p. 207).Des propos rabat-joie (Colin 1971). Prononc. et Orth.: [ʀabaʒwa]. Ac. 1694, 1718: rabat-joye; dep. 1740: -joie. Plur. des rabat-joie (Ac. 1935). Catach-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981: des rabat-joies. Étymol. et Hist. 1. Fin xive-déb. xves. subst. « personne triste » (Eustache Deschamps, VIII, 195 ds Gdf. Compl.); 2. 1437 empl. adj. vieillesse rabat joye (Charles d'Orléans, Songe en complainte, 451, éd. P. Champion, p. 115). Comp. de rabat, forme verbale de rabattre* et de joie*. Fréq. abs. littér.: 10. |