| QUINTESSENCIER, verbe trans. A. − Vx. [Corresp. à quintessence A 2 b] Réduire, concentrer une substance pour n'en garder que la partie la plus subtile. La merveilleuse invention d'un médecin du Quartier Latin, qui avait trouvé le secret de quintessencier le typhus et le choléra dans une petite fiole (Coppée,Idylle pendant siège, 1874, p. 103). B. − Au fig. [Corresp. à quintessence B] 1. Rare. Exprimer sous une forme condensée l'essentiel d'une œuvre, d'un ouvrage. Ce livre abscons est tout simplement le travail d'un pédagogue préoccupé de quintessencier en un manuel très court toutes les connaissances scientifiques élémentaires relatives à la lecture et à la grammaire (Maeterl.,Gd secret, 1921, p. 197). 2. [Surtout dans le domaine des choses abstr.] Porter à un degré élevé de subtilité, de raffinement, de pureté. Synon. raffiner, subtiliser.Une fois que leur mot sublime est lâché, ses personnages [de Corneille] continuent de raisonner (...) ils raffinent et quintessencient les idées et les choses (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 3, 1851, p. 316). 3. Absol. [Avec une valeur dépréc.] Subtiliser à l'excès. Il ne faut pas tant quintessencier (Ac.1935). REM. Quintessencié, -ée, part. passé en empl. adj.a) Rare. Réduit à sa partie la plus subtile. Deux bocaux resplendissaient, l'un émeraude, jus quintessencié des forêts de juin, l'autre rubis (Arnoux,Gentilsh. ceinture, 1928, p. 127).b) P. anal.
α) Qui apparaît sous sa forme la plus concentrée, la plus raffinée. Quelque chose d'énorme (...) le fait d'une brute et d'un goujat! mais de la brute la plus abjecte, du goujat le plus quintessencié! (Courteline,Ronds-de-cuir, Homme qui boit, 1890, p. 222).
β) D'un degré élevé de subtilité. Vers ces sommets, au-dessus des temples, on est dans un Japon admirable, quintessencié, suprêmement élégant, recueilli, presque religieux, et l'on cesse de sourire, pour admirer (Loti,Trois. jeun. MmePrune, 1905, p. 172).
γ) Souvent avec une valeur dépréc. D'une subtilité excessive, trop recherchée. Synon. alambiqué, sophistiqué.Les distinctions moelleuses et subtiles des casuistes, (...) les expressions quintessenciées des précieuses (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 5, 1859, p. 324).Il faudrait maintenant analyser Volupté, ce roman si compliqué de sentiments, si quintessencié, que je n'ai jamais pu ouvrir sans songer à l'étrange reproche que Sainte-Beuve adressait à Balzac, en le trouvant obscur et difficile à lire (Zola,Doc. littér., Sainte-Beuve, 1881, p. 247).Ces mœurs parisiennes, si délicates, si complexes, si quintessenciées (Gyp,Éduc. prince, 1890, p. 21). Prononc. et Orth.: [kε
̃tesɑ
̃sje], [-tεs(s)ɑ
̃-], (il) quintessencie [-si]. Ac. 1694: quintessentier; dep. 1718: -cier. Étymol. et Hist. 1611 quintessencié, quintessencier (Cotgr.). Dér. sav. de quintessence*; dés. -er; cf. le m. fr. quintessenser « id. » 1576 (Brach, Poemes, Aimee, 59 v ods Hug.) − 1611, Cotgr.: quintessencé, quintessencer, ainsi que le subst. quintessencier en fr. mod. dep. 1800 (Boiste: quintescencier, distillateur). Fréq. abs. littér.: 23. |