| QUIET, QUIÈTE, adj. Littéraire A. − [En parlant d'une pers., de l'âme, de l'esprit] Qui est tranquille, dépourvu d'inquiétude, de soucis, de passions. Ils sont fort tranquilles tous les deux, sans émotion et sans fièvre, admirablement quiets, parce qu'ils savent à n'en pas douter, l'un qu'il va être président, l'autre qu'il ne le sera pas (Barrès,Cahiers, t. 5, 1906, p. 17).Il est tranquille, il est tout quiet, il a réussi à endormir son mal. Il fait tout ce qu'il peut pour rester quiet (Giono,Gd troupeau, 1931, p. 44). − [P. méton.; en parlant d'une manifestation de l'être, d'une action, d'un sentiment] Une filandreuse chronique suintant la suffisance repue, le cynisme quiet, la nullité sentencieuse (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p. 60).Actions de tremblement, actions de fièvre et de frémissement, nullement kantiennes, actions d'une mortelle inquiétude; nos seules bonnes actions peut-être; nullement planes, nullement quiètes, nullement calmes, nullement horizontales (Péguy,V.-M., comte Hugo, 1910, p. 827).Les hommes s'abâtardissent dans la quiète certitude d'un état-providence qui les protégera de tous les risques de l'existence, et renoncent à leur libre arbitre (Univers écon. et soc., 1960, p. 1-10). B. − [En parlant d'une chose] Qui est dépourvu d'agitation, de mouvement, de trouble. On la voit [Ste-Lydwine] adorant, elle aussi, l'Agneau, dans ce paysage de mansuétude, dans ce site quiet (...) au milieu de ce silence qui s'entend (Huysmans,Ste Lydwine, 1901, p. 177).B..., l'ami d'A... fut-il un peu envieux d'une liaison aussi quiète? (Colette,Apprent., 1936, p. 15).Dans ces matinées quiètes où l'on domine une mer toute sommeillante encore de la nuit (Gracq,Beau tén., 1945, p. 89). REM. 1. Quiètement, adv.,littér. Dans la quiétude, dans la tranquillité. Je suis charmé de te savoir rétabli de ta désagréable chute et installé tellement quiètement dans ta nouvelle résidence (Sainte-Beuve,Corresp., t. 1, 1836, p. 110).Le meilleur moment du jour, c'est une demi-heure dans ma baignoire (à la d'Aurevilly) à achever quiètement le premier chapitre de Ferrero (Gide,Journal, 1907, p. 226). 2. Quiétise, subst. fém.,hapax. Tranquillité excessive. Je trouvais dans la quiétise de Joseph quelque chose de louche (Sand,Maîtres sonneurs, 1853, p. 42). Prononc. et Orth.: [kjε], fém. [kjεt]. [kɥijε] ds les dict. du xixes. et déb. xxes. Voir Littré, DG, Barbeau-Rodhe 1930; mais déjà [kjε] ds Fér. Crit. t. 3 1788, Land. 1834, Gattel 1841; auj. [kjε]. V. Lar. Lang. fr., Rob. 1985; mais Warn. 1968 [kjε] et [kɥi-]. V. questeur. Même tendance pour quiétude (Lar. Lang. fr: [kjetyd] ou [kɥietyd]; Rob. 1985: [kjetyd], vx [kɥijetyd]). Dans quiétisme, -iste, [kɥi-] résiste mieux (Lar. Lang. fr., Rob. 1985: [kjetism], [kɥijetism]). Att. ds Ac. dep. 1694; fém. 1694: quiette, 1718: quiete, dep. 1740: quiète. Étymol. et Hist. Fin xiiies. [ms.] masc. quiete (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 406, note 19; cf. l'éd. Fr. J. Carmody, II, 91, 7, 59, quite var. ms. F: 1284); 1671 masc. quiet (Pomey); dès 1690 Fur. signale ,,On ne le dit plus gueres qu'en ces phrases. Il a l'ame quiete ... Ce malade a passé une nuit fort quiete``. Empr. au lat.quietus « qui est en repos, tranquille », dér. de quies, quietis « repos ». Fréq. abs. littér. 35. |