| QUICONQUE, pron. rel. ou pron. indéf. I. − [Pron. rel. suj., marquant fortement l'indéfinition] Celui, quel qu'il soit, qui. A. − [Quiconque introd. une rel. suj.] Je suis celui qui parle aux rois; quiconque me résiste et me brave est impie (Hugo, Légende, t. 3, 1883, p. 359).Quiconque aime véritablement aime Dieu! (Milosz, Amour. init., 1910, p. 49). Rem. 1. Lorsque quiconque introd. une rel. suj., il ne doit pas être repris par le pron. pers. il; toutefois, Littré notait: ,,Malgré la décision des grammairiens, cela ne peut être considéré comme une faute, quand la phrase est longue``. 2. Lorsque quiconque désigne l'animé fém., l'adj. attribut avec lequel il se construit, peut être également du fém. Quiconque sera paresseuse ou babillarde sera punie (Littré). B. − [Quiconque introd. une rel. régime] Et il briserait comme une paille quiconque résisterait (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 560).Ils sont bravement partis de là pour invectiver, pour outrager quiconque ose demander justice (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 347). C. − [Quiconque introd. une rel. prép.] La complexité de la pensée n'est pas suffisante pour quiconque veut comprendre cet univers en proie à une évolution (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 59): ... [le] général De Gaulle (...) conservait des relations officielles avec la dictature de Vichy et s'apprêtait à traiter avec quiconque ouvrirait aux troupes américaines les portes de l'Afrique du Nord...
De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 24. Rem. La prop. rel. prép. peut se trouver en tête de phrase: Chez quiconque a le souci d'un perfectionnement moral, l'examen de conscience est un besoin (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 183). II. − [Pron. indéf.] Qui que ce soit, n'importe qui. A. − [Dans une prop. ell. compar., en fonction de suj.] Avec autant d'intensité que quiconque (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 192).Et comme chacun présume avoir autant et plus d'esprit que quiconque, chacun croit qu'il est le premier à aimer comme il aime (Blondel, Action, 1893, p. 177). − Empl. subst. Il suffit qu'un quiconque fasse quoi que ce soit (Péguy, Argent, 1913, p. 1122). B. − [En fonction de régime dir.] Elle n'a jamais voulu épouser quiconque (Benoit, Atlant., 1919, p. 226). C. − [En fonction de régime prép.] Puisque je vous ai promis de ne la révéler à quiconque (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1885, p. 102). Rem. Cet empl. de quiconque en fonction d'indéf. est condamné par certains grammairiens: ,,Il semble bien qu'un tel emploi de quiconque résulte d'une confusion avec des expressions analogues comme le premier venu ou n'importe qui... Il est curieux que cette manière de dire sans titre valable et sans exactitude se soit, au xixesiècle (surtout vers la fin) tant répandue`` (Le Bidois 1967, § 416-417) et soutenu par d'autres: ,,C'est à tort que les puristes condamnent l'emploi de quiconque n'appartenant qu'à une seule proposition et signifiant, comme sujet ou comme complément: « qui que ce soit », « n'importe qui », « personne ». Cet emploi, exceptionnel à l'époque classique (...), est reçu aujourd'hui par le meilleur usage`` (Grev. 1969, § 591, rem. 3). Prononc. et Orth.: [kikɔ
̃:k]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Pron. rel. indéf., introd. une rel. sans antécédent dont il est le suj. indéterm. 1. ca 1170 « celui, quel qu'il soit, qui » (Rois, III, XIX, 17, éd. E. R. Curtius, p. 161: Kiqunques eschaperad de la spée Azaël); ca 1175 (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Norm., 13958 ds T.-L.); 2. déb. xves. « peu importe qui, qui que ce soit qui » (XV Joies de mariage, éd. J. Rychner, III, 39). B. Pron. indéf. fin xviies. « n'importe qui, personne » (Bourdaloue, Retraite spirit., 6ejour ds Littré: railler... de quiconque). Issu de qui qui onques, loc. rel. indéf. (ca 1170 Rois, III, XIII, 33, p. 145, leçon ms. M; ca 1200 Dialogue Gregoire lo Pape, 194, 19 ds T.-L.), qui qu'onques (fin xiies. Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 608) propr. « quel que soit jamais celui qui », v. qui... qui (qui* I A 2 c) et onques*. A par la suite été rapproché du rel. indéf. lat. quicumque « quel... que; n'importe quel » et a perdu le -s adv. Fréq. abs. littér.: 1 155. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 217, b) 1 548; xxes.: a) 1 187, b) 1476. Bbg. Coyaud (M.), Ait-Hamou (K.). Indéf. et interr. Semantikos. 1976, t. 1, n o3, pp. 83-88. − Gondret (P.). Les Pron. et déterminatifs indéf. dans les phrases nég. en français... Thèse, Paris, 1980, pp. 78-81. − Sandfeld (Kr.). Synt. du fr. contemp. 1. Les Pron. Paris, 1965, p. 359, 360, 362, 391. |