| QUI(-)VIVE,(QUI VIVE, QUI-VIVE) loc. interj. et subst. masc. I. − Loc. interj. [Interrogation criée par une sentinelle pour sommer toute personne de se faire reconnaître] Synon. qui* va là?Halte-là, qui vive? Par une nuit obscure, la patrouille, faisant halte sous la hêtrée, entendit quelqu'un devant elle. « Qui vive? » Pas de réponse! (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 35). II. − Subst. masc. A. − Le cri de « qui vive ». Tout à coup, à la bifurcation de la route, ô terreur! − Des figures effrayantes et contractées apparurent (...); un terrible Qui vive! retentit dans les ténèbres (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 252).Comme au qui vive de la sentinelle, ils se mirent à galoper, sans répondre, le poste prit les armes, des coups de feu partirent (Zola, Débâcle, 1892, p. 479). B. − État où l'on est sur ses gardes, prêt à parer à une attaque, à un danger, à une menace. [Besenval] était loin de regretter ces temps de trouble et d'agitation féodale (...). Il se félicitait donc de vivre sous un régime qui avait mis fin à ce qui-vive perpétuel (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 12, 1857, p. 498).La nuit blanche et la lumière crue défaisaient les visages (...) le salon peuplé à cette heure insolite évoquait le qui-vive et l'incertitude d'un campement improvisé en plein vent (Gracq, Syrtes, 1951, p. 119). − Le plus souvent en loc. adv. sur le qui-vive. Se tenir, vivre sur le qui-vive. Cependant le maître de la maison (...) était toujours sur le qui-vive, à cause des huissiers, (...) couchant chaque nuit dans un quartier différent (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 400).Moi, une grenade dans chaque main (...), m'arrêtant tous les dix centimètres pour m'orienter, écouter, voir, entendre, flairer le danger, aux aguets, sur le qui-vive, toutes mes facultés tendues et le cœur mortellement chahuté (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 125). Prononc. et Orth.: [kivi:v]. Ac. 1694-1740: qui vive; 1762, 1798: qui-vive; 1835, 1878: qui-vive ,,on écrit plus ordinairement qui vive? sans tiret et avec un point d'interrogation``; 1935: qui-vive; Littré, DG: qui-vive, qui vive; Rob.: qui-vive; Lar. Lang. fr.: qui vive? loc. interj. et qui-vive n. masc. Prop. Catach.-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp., p. 288: qui vive, inv. Étymol. et Hist. A. Loc. interj. 1419 (Chron. du Religieux de St-Denis d'apr. A. Thomas ds Romania t. 44, p. 101: Interrogati secundum communem modum loquendi: Qui vivat, qui vivat? respondebant: Rex, regina et dux Burgundie, nomen Dalphini tacentes); 1478-80 Qui esce? Qui vive? (G. Coquillart, Plaidoyé ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 7); ca 1500 Qui vive? « vive qui? » (Farce nouvelle de folle Bobance, Rec. gén. des Sotties, éd. E. Picot, t. 1, p. 257). B. Subst. masc. 1626 (d'Aubigné, Hist. universelle, éd. A. De Ruble, t. 6, p. 16); 1690 être sur le qui vive (Fur., s.v. vive). Comp. de qui* et de vive1, exclam. Certaines des 1resattest. (cf. aussi Rec. gén. des Sotties, t. 3, p. 201) indiquent nettement la signif. de cette loc. interj. servant à demander à un inconnu de quel parti il était (A. Thomas ds Romania t. 44, p. 101 à la suite de Clédat ds Rev. de Philol. fr. et prov., t. 9, p. 233, cf. aussi M. Roques ds Romania t. 47, p. 137). L'hyp., plus conforme à la compréhension actuelle de l'expr. interprétant qui vive? « qui est là vivant? y a-t-il âme qui vive? » (A. Jeanroy ds Romania t. 37, pp. 294-296) supposerait que l'interprétation qui transparaît dans les premières attest. soit déjà le résultat d'une fausse étymologie. Fréq. abs. littér.: 53. |