| QUEUE1, subst. fém. I. A. − [Désigne une partie du corps] 1. [Chez des mammifères terrestres] Appendice plus ou moins développé et flexible, généralement poilu et dont l'axe squelettique est un prolongement de la colonne vertébrale. Si le petit chien a la queue courte, tu pourras l'appeler Bobtail, qui veut dire écourté; s'il l'a en gimblette, ce serait Trundletail, qui signifie queue arrondie (M. de Guérin, Corresp., 1833, p. 93).Mes rayures brunes deviennent noires, ma palatine blanche s'enfle en jabot éclatant, et le poil de mon ventre passe en beauté tout ce qui s'est vu jamais. Que dire de ma queue, évasée en massue, alternativement annelée de fauve, noir, fauve, noir, fauve, noir? (...) Quelle chatte me résisterait? (Colette, Dialog. bêtes, 1905, p. 103): 1. La queue des mammifères est susceptible de trois sortes de mouvemens: l'un par lequel elle se redresse ou s'élève; un autre par lequel elle se fléchit ou s'abaisse; et un troisième par lequel elle se porte sur les côtés.
Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 186. SYNT. Artère, muscle, nerf, os, veine de la queue; base, bout, extrémité, insertion, naissance, origine, pointe, racine de la queue; poil de la queue; battement, coup de queue; battre, frétiller de la queue; remuer la queue; queue en l'air, en panache, en tire-bouchon, en trompe, en trompette; queue préhensile, prenante (de certaines espèces de singes); queue d'âne, de bœuf, de brebis, de chat, de cheval, de cochon, de lapin, de mouton, de rat, de souris, de vache. ♦ Chat à neuf queues. V. chat1. − P. anal. (de couleur). Queue de vache, loc. adj. inv. [En parlant des cheveux, du système pileux] D'un jaune, d'un roux passé, pisseux. Moustaches queue de vache. Elle trouvait la femme très vieille pour ses trente ans, l'air revêche, malpropre avec ses cheveux queue de vache, roulés sur sa camisole défaite (Zola, Assommoir, 1877, p. 425).M. Colombin était tout ce qu'on peut imaginer de plus jovial, de plus pivoine, avec des taches de rousseur et un poil queue de vache tout à fait envahissant (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 233). − Spécialement ♦ HIPPOL. Queue à l'anglaise. Queue dont les muscles abaisseurs ont été sectionnés transversalement de manière qu'elle reste constamment relevée. (Dict. xixeet xxes.). Queue en catogan. Queue dont les crins ont été coupés très courts, près de la racine (Dict. xixeet xxes.). Queue à tous crins. Queue non taillée (Tondra Cheval 1979). Queue en balai. Queue dont les crins ont été coupés net assez longs (Tondra Cheval 1979). Queue de rat. Queue peu fournie en crins. Le cheval blanc allait toujours, allongeant la tête, et la queue droite, une petite queue de rat sans poil dont il se battait les fesses de temps en temps (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1188). ♦ FOURR. Fourrure de la queue de certains animaux. Collet, robe garni(e) de queues de martres. Ces Alsaciens avaient encore, l'un son large tricorne et ses grosses bottes à clous luisants, l'autre son petit gilet rouge, sa veste courte, son bonnet à queue de renard et ses hautes guêtres de toile à boutons d'os (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 509).Elle mit sa cape avec un col de fourrure, (...) mit un chapeau fait d'une queue de renard argenté enroulée, qui lui descendait jusqu'aux sourcils noirs et luisants (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 142). ♦ ART CULIN. Morceau de boucherie correspondant à la queue de certains animaux d'élevage. Queue d'agneau, de mouton, de porc; queue de bœuf braisée, à la dijonnaise; queue de cochon farcie. Le ménage avait le goût des curiosités gastronomiques, venues des quatre coins du monde. Cette fois, on se décida pour un potage queue de bœuf, des rougets de roches grillés, un filet aux cèpes, des raviolis à l'italienne, des gelinottes de Russie (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 353). − HIST. Pacha à une, deux, trois queues. Pacha qui a le droit de faire porter devant lui, comme marque de sa dignité, une, deux ou trois queues de cheval. Le comte de Bonneval, brillant à la guerre, versatile en amitiés (...) terrible aux Turcs sous le prince Eugène, puis Turc lui-même et pacha à plusieurs queues (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 5, 1852, p. 499). − Loc. fig. ♦ Fam. Avoir la queue basse, la queue entre les jambes. Être confus, honteux. Le lion de pierre qui se tenait à la porte, la tête baissée, la queue entre les jambes (...) dans l'attitude humiliée qui convient à la force devant la justice (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 17). ♦ Fam. Tirer le diable par la queue. V. diable1. ♦ Pop. Pas la queue d'un, d'une. Pas un seul, une seule. C'est du propre que vos livres, me disait-elle; voyez seulement si vous en vendez la queue d'un (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 9).Je ne demandais rien à personne (...). Je faisais tranquillement mon boulot; les Fritz, j'étais pas contre: j'en avais pas vu la queue d'un (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 75).En partic. N'avoir pas la queue d'un. Manquer d'argent. (Dict. xxes.). − Proverbe. Quand on parle du loup*, on en voit la queue. − [P. allus. à l'action d'Alcibiade, rapportée par Plutarque (Alcibiade, X), qui coupa la queue d'un chien, disant que tant que les Athéniens seraient occupés à parler de cet acte étrange ils ne diraient pas de mal de lui] Si l'on vous disait, dans vos voyages, que j'ai une canne-fée, qui lance des chevaux, qui fait éclore des palais, crache des diamants, ne vous en étonnez pas et riez avec moi. Jamais la queue du chien d'Alcibiade n'a été si remueuse. J'ai encore trois ou quatre queues comme celle-là à couper pour les Parisiens (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1835, p. 244). 2. [Chez des vertébrés autres que les mammifères terrestres et chez les invertébrés] Partie effilée du corps, opposé à la tête. Queue de crocodile, de crustacé, de dauphin, de dorade, de lézard, de morue, de poisson, de scorpion, de reptile, de ver; queue écailleuse. Toutes les espèces de serpens à sonnettes, répandent au loin la terreur, par le seul frémissement des écailles de leur queue (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 330).Tantôt elle [une carpe] montait vers moi; mais, à peine touchée d'un rayon de lumière épandu sous les eaux, elle donnait un coup de queue et s'enfonçait en ondulant dans les profondeurs (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 226). ♦ ART CULIN. Partie charnue de l'abdomen de certains animaux. Queue de homard, de langouste, de langoustine, de colin. Est-il rien de plus agréable en ce bas monde que de s'asseoir, avec trois ou quatre vieux camarades, devant une table bien servie (...) et là (...) de plonger la cuiller dans une bonne soupe aux queues d'écrevisses qui embaume (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 24). − Loc. fig. Queue de poisson. V. poisson1. ♦ Écorcher l'anguille* par la queue. − Proverbe. [P. réf. à la loc. lat. in cauda venenum] Dans la queue le venin, à la queue gît le venin. Le danger apparaît quand une affaire touche à sa fin; le trait perfide est caché à la fin d'un écrit. Comme nous le disons entre augures, c'est dans la queue qu'est le venin, in cauda venenum! (Feuillet, Rom. j. homme pauvre, 1858, p. 319). 3. Vulg. Membre viril. Synon. bite (pop.), pénis, quéquette (fam.), sexe, verge.Huysmans parlait des surprises qu'aimait à faire Maupassant aux gens (...) qu'il recevait dans son intimité: c'était (...) de se peindre des chancres formidables sur sa queue toute vermillonnée (Goncourt, Journal, 1888, p. 748).Comment peut-on aimer un intellectuel! Vous avez une balance à la place du cœur et une petite cervelle au bout de la queue (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 157).V. bite ex. de Genet, membre I A 2 b ex. de Goncourt. 4. Ensemble des plumes du croupion des oiseaux. Queue de canard, de dinde, de faisan, de pie, de coq; queue en panache. Des paons en liberté traînaient les splendeurs de leur queue sur les marches du perron (Sandeau, Sacs, 1851, p. 8).Ces cases [celles des Massa] abritent une faune particulière: des hirondelles à queue semi-blanche ont construit leur nid au sommet de la voûte (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 881): 2. La nature lui a donné, de plus, pour se gouverner, une queue, formée pour l'ordinaire de plumes longues, droites, et dont les barbes sont égales. La queue de l'oiseau est son gouvernail; car il ne la dirige pas plus tôt d'un côté, que sa tête se porte de l'autre, et il change à son gré la direction de son vol.
Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 153. − Loc. fam. Mettre un grain de sel sur la queue d'un moineau, d'un oiseau. Réussir quelque chose d'impossible. Les jeunes gens conseillaient en riant à Simon de Nantua de lui mettre, pour l'attraper, un grain de sel sur la queue ou plutôt de lui gratter la tête. Il n'y avait rien (...) qui fût plus agréable aux perroquets (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 171). −
ŒNOL. [À propos d'un vin dont le bouquet s'épanouit dans la bouche] Faire queue de paon dans la bouche. Un dégustateur de Bordeaux qui dit d'un vin qu'il fait la queue de paon dans la bouche s'égale à plus d'un poète (Valéry, Regards sur monde act., 1931, p. 261). B. − Partie grêle et allongée d'un végétal. 1. Pédoncule d'une fleur, d'un fruit. Synon. tige.Queue de melon, de poire, de pomme; tisane de queues de cerises; queue de capucine, de pâquerette, de rose, de violette. Georges chercha les cerises qui se tenaient deux à deux par la queue, pour en faire des pendants d'oreille à sa sœur (A. France, Balth., Abeille, 1889, p. 183).Nous revoyions tous (...) la fleur rose de sa boutonnière à la queue baignant dans un flacon plat caché sous le revers de l'habit (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 224): 3. Les lourds cocos sont suspendus aux palmiers avec encore plus de précautions. Ils viennent en grappe, attachés à une queue commune, plus forte qu'un cordage de chanvre de la même grosseur.
Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 96. 2. Pétiole d'une feuille. [Les feuilles] des chênes sont corticées et attachées à des queues fort dures (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 221). 3. Tige tenant à certaines parties comestibles (d'une plante). Le pavé était devenu gras, bien que le temps fût sec: des tas de queues d'artichauts, des feuilles et des fanes, rendaient la chaussée périlleuse (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 630).Il mange (...) avec une rapidité extraordinaire. Il a déjà fini ses radis quand on m'apporte les huîtres. Il ne reste sur son assiette qu'un paquet de queues vertes et un peu de sel mouillé (Sartre, Nausée, 1938, p. 138).Nous évitions avec soin les bolets de Satan à la queue rouge (...). Nous ne ramassions que les jeunes cèpes à la queue galbée, et dont la tête était coiffée d'un beau velours tête-de-nègre ou violacé (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 79). II. − P. anal. A. − de forme et de position 1. Élément, de forme allongée, qui prolonge ou termine tout ou partie de quelque chose. Dans beaucoup de charrues, le soc a la forme d'un triangle rectangle prolongé ou non en arrière par la queue (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 14). ♦ Piano à queue; piano demi-, quart de queue. V. piano2A 1 a α.Empl. subst. Un grand queue; un demi-, quart de queue. (Dict. xxes.). ♦ Queue de violon. Partie où les cordes sont attachées. [Le] bouton (...) [est une] petite pièce de bois ou d'ivoire (...) où s'attache la queue du violon (BrenetMus.1926, p. 41). ♦ Queue d'avion. Partie postérieure et effilée du fuselage. [On construit des] avions spéciaux. − Avion canard (...) sans queue, autogire, hélicoptère (Guillemin, Constr., calcul et essais avions, 1929, p. 79).J'ai vu dans un hangar ouvert un bel avion; des étoiles rouges partout, une faucille et un marteau sur la queue, des inscriptions de tous les côtés; et en avant le mot: Lénine (Malraux, Espoir, 1937, p. 561). − Partie de certains objets qui permet de les saisir, de les manipuler. Queue de casserole, d'écumoire, de fourchette. Un petit pupitre a ses casiers de bois blanc remplis de pots d'onguents jaunes et bruns d'où sortent les queues des spatules (Goncourt, Sœur Philom., 1861, p. 209).Quelques ustensiles en métal: les poêles, à longue queue afin que l'on pût les manier de loin au milieu des gens assis devant le feu; les louches et les deux chaudrons traditionnels (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 160). ♦ Loc. fig. Tenir la queue de la poêle. Avoir des responsabilités, du pouvoir; être en position de décider, de commander. [Ma mère] ne voulait pas qu'on fît des dépenses pour elle. Vingt sous sont vingt sous (...). Vous direz: ce n'est rien. C'est bon pour ceux qui ne tiennent pas la queue de la poêle de dire ça; mais elle qui la tient, qui fricote (...) elle sait que c'est quelque chose (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 76).En tout cas, pour le patron, il me semble qu'il n'est pas maigre. − Dame! mon cher, ai-je répondu, quand on tient la queue de la poêle, on se soigne (Léautaud, Journal littér., 4, 1924, p. 397): 4. Pour tenir la queue de la poêle et savoir comment frira le poisson, j'ai voulu être propriétaire en nom pour la moitié qui sera commune entre Pillerault, le bonhomme Ragon et moi.
Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 15. − Partie effilée d'un outil permettant de l'adapter, de le fixer sur un support. Queue de l'outil; queue d'un foret, d'une fraise; queue cylindrique, conique, à carré d'entraînement. Le tranchant [de la faux] se termine à une extrémité par la pointe et à l'autre par un talon. Derrière le talon une queue constituée par une épaisseur de métal sert à raccorder la lame du manche (Ballu, Mach. agric., 1933, p. 287). − Prolongement d'un signe graphique. ♦ Queue de note. Trait qui part du corps de la note, qui monte ou descend perpendiculairement à travers la portée. Ses notes [de Haydn] avaient la tête si petite et la queue si fine, qu'il les appelait (...) ses pieds de mouche (Stendhal, Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 70).La queue des notes [de musique] doit être faite à droite si elle est en haut, et à gauche, si elle est en bas (Dupré, Harm. analyt., t. 1, 1936, p. 32). ♦ Queue de lettre, de chiffre. Partie qui excède le corps d'une lettre, d'un chiffre. Le signe de ce nombre [neuf] a la queue en bas, comme une comète qui sème des monstres; et neuf est l'emblème de toute vicissitude funeste (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 13).L'écriture de Vidame était (...) d'un dessin élégant et cursif qui rappelait assez bien les écritures au XVIIIesiècle, avec toutefois des queues trop longues et des boucles un peu grêles (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 79).Loc. fig., pop. Faire, ajouter des queues aux zéros. Falsifier des écritures, une comptabilité à son profit. Il est radin et se débrouille en faisant des queues aux zéros, ça fait sa cagnotte! (Dussort, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 89). ♦ Queue de paraphe. Prolongement ornemental d'un graphisme: 5. Au bas de la page, il improvise une signature. Elle tombe, comme une pierre dans l'eau, dans une ondulation et un remous de lignes à la fois régulières et capricieuses, qui forment le paraphe, un petit chef-d'œuvre. La queue du paraphe s'égare, se perd dans le paraphe lui-même.
Renard, Poil Carotte, 1894, p. 143. − DIPLOM. Lettre scellée sur simple queue. Lettre dont le sceau est attaché à un lambeau flottant du parchemin découpé dans la feuille même. (Dict. xixeet xxes.). Lettre scellée sur double queue. Lettre dont le sceau est suspendu à une bande de parchemin traversant une incision pratiquée dans le repli de la pièce (Dict. xixeet xxes.). − ASTRONOMIE ♦ Queue de comète. Projection lumineuse de gaz qui suit le corps céleste et qui est toujours dirigée à l'opposé du soleil. Je lui sais bon gré (...) de secouer un peu le joug de son compatriote Newton, et de rapporter à l'électricité plusieurs phénomènes qui en dépendent évidemment, tels (...) les longues queues des comètes, que les newtoniens attribuent à l'attraction (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 162).Les comètes à longue queue sont rares. La queue se forme à condition que la comète se rapproche sensiblement du soleil et qu'elle comporte la quantité de gaz nécessaire (Muller1980). ♦ Queue de la Grande Ourse, de la Petite Ourse. Ensemble des étoiles qui en prolongent le quadrilatère. (Dict. xixeet xxes.). − COUT. Queue de bouton. Partie saillante percée d'un trou, qui permet de coudre un bouton (Dict. xixeet xxes.). P. méton. Longueur de fil laissé entre le bouton et le tissu auquel il est cousu. Les fils seront laissés assez longs et entourés serré (...). On appelle cela « faire une queue » au bouton, cette queue étant en rapport avec l'épaisseur du tissu (Arnou, Mét. tailleur, 1952-53, p. 29). − MAÇONN. Queue d'une pierre. Partie d'une pierre posée en boutisse qui disparaît dans la maçonnerie sans la traverser de part en part. Les avant-becs en pierre de taille des ponts, si les pierres n'ont pas une queue suffisante [se détachent parfois] (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 178). 2. Vêtement, partie d'un vêtement qui pend, qui se prolonge en arrière. a) Extrémité d'une robe, d'un manteau qui traîne par terre à l'arrière. Synon. traîne.Robe à queue. Deux petits nègres portent la queue de son manteau de cour (Meilhac, Halévy, Gde duchesse de Gérolstein, 1867, ii, 4, p. 240).La queue de sa robe de velours vert, brodée en mosaïque d'argent, de perles et de pierreries, bruissait et serpentait derrière elle (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 311). b) Queue (de morue, de pie). Basques plongeantes à l'arrière d'un habit. Habit à queue. Un jeune homme, vêtu d'un habit à queue de pie, d'un gilet très échancré, d'une chemise ornée de petits tuyaux, d'un pantalon noir mal coupé, s'avança et, après s'être incliné, bêla doucement ce chant plaintif (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 141): 6. L'habit, couleur cannelle, se recommandait au caricaturiste par une longue queue qui, vue par derrière, avait une si parfaite ressemblance avec une morue que le nom lui en fut appliqué. La mode des habits en queue de morue a duré dix ans, presque autant que l'empire de Napoléon.
Balzac, Tén. affaire, 1841, p. 44. − Empl. subst., p. méton. L'habit lui-même. Je vais mettre ma queue de morue et je reviens (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 580). 3. Faisceau de cheveux réunis, à la hauteur de la nuque, par un lien serré. Queue poudrée; queue à cadenette, à la prussienne. [M. de La Billardière] a mis ses habits de gentilhomme ordinaire de la Chambre, tous ses Ordres, enfin il s'est fait poudrer; on lui a serré sa queue (pauvre queue) dans un ruban neuf. Or, je dis qu'il n'y a qu'un homme de beaucoup de caractère qui puisse se faire faire la queue au moment de sa mort (Balzac, Employés, 1837, p. 125).Sur son habit frétillait une grande queue noire presque aussi longue que son épée, qui, allant et venant sans cesse, l'avait badigeonné de poudre (Cl. Tillier, Mon oncle Benjamin, 1843, p. 11). ♦ Queue de/en salsifis. ,,Queue de cheveux longue et mince roulée par un ruban noir`` (Leloir 1961). ♦ Queue de cheval. Coiffure dans laquelle les cheveux longs sont resserrés en arrière au sommet de la tête et où ils retombent sur la nuque et les épaules. Parmi toute cette jeunesse du soir, celle qui traîne ses chemises à carreaux, ses spartiates (...) ses crinières en queue de cheval sur des robes noires constellées de pellicules (...) ses pull-over à cols roulés (...) elle redescendit le boulevard (Vialar, Bête de chasse, 1952, p. 72). B. − de position 1. a) Partie postérieure, arrière (d'une chose). Queue d'un avion, d'un bateau, d'un navire. L'appareil fusant [de la fusée à double effet] est contenu dans la tête de la fusée, l'appareil percutant dans le corps et la queue (Alvin, Artill., Matér., 1908, p. 234).Un petit trait de bleu, ici, vers la queue du sourcil, et là, dans l'angle des paupières, une belle petite pointe de rouge, pour aviver l'éclat de l'œil (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 238). ♦ Aviron* à queue. ♦ Loc. Faire (un) tête à queue. V. tête à queue. b) Fin (de quelque chose). Queue de l'averse, de l'orage; queue de l'hiver. Les religieux, pour qui l'aumône et le secours sont un devoir et un métier, tracent en tête de leurs épîtres trois lettres: J M J. Les francs-maçons posent trois points en queue de leur nom. Dos à dos, compères (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Oncle Sosthène, 1882, p. 22).L'équipe attendait, massée dans les fourrés de Bouchebrand, près de l'allée qui vient de la patte d'oie et passe à la queue de l'étang (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 294): 7. Le jour blanchissait, la queue du nuage, qui couvrait encore la ville d'une vapeur, laissait percer le rayonnement laiteux du soleil; et l'on sentait une gaieté hésitante au-dessus des quartiers, certains coins où le ciel allait rire.
Zola, Page amour, 1878, p. 1026. ♦ Vieilli. Queue d'une dette, absol. queue. Partie d'une dette qui est impayée; p. méton. dette. L'un de nous propose d'aller dans un café où nous pourrions rencontrer des connaissances. Le fils de Dieu (...) nous dit qu'il y avait laissé une queue d'une trentaine de francs, que ça serait une histoire (Poulot, Sublime, 1872, p. 100). − Loc. fam. ♦ Se mordre la queue. Tourner en rond. Cette nuit où je suis encore là ma dernière nuit sans fin mes dernières heures qui n'ont pas d'après et se mordent la queue s'accrochent vivent fantasquement et je vis libre et léger enfin léger (Duvert, Paysage de fantaisie, 1973, p. 151 ds Rey-Chantr. Expr. 1979). ♦ Sans queue ni tête. (Qui semble être) sans début et sans fin, (qui est) en désordre. Synon. incohérent.Je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu'il n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 3): 8. ... ils se disaient qu'il fallait changer le monde. Ils ne savaient pas encore comme c'est lourd et mou le monde, comme il ressemble peu à un mur qu'on flanque par terre pour en monter un autre beaucoup plus beau, mais plutôt à un amas sans queue ni tête de gélatine, à une espèce de grande méduse...
Nizan, Conspir., 1938, p. 23. c) Spécialement − ASTRONAUT. Queue de poussée. ,,Poussée résiduelle d'un propulseur en fin de combustion`` (Sc. Techn. spat. 1978). − CHIMIE ♦ Produit de queue. Substance qui, dans un mélange liquide, a le point d'ébullition le plus élevé et qui distille la dernière. Les plateaux inférieurs [du rectificateur Barbet] ne renferment donc plus que les produits de queue (Ser, Phys. industr., 1890, p. 345). ♦ Faire la queue. [En parlant d'un mercure impur] Monter le long des parois d'un récipient. S'il est souillé de métaux étrangers, il perd sa fluidité, et ses gouttelettes prennent une forme allongée; on dit alors que le mercure fait la queue (Wurtz, Dict. chim., t. 2, vol. 1, 1873, p. 938). − IMPR. Queue de page. Fin de page laissée en blanc dans un livre; fin de texte, terminant une des divisions de l'ouvrage, et qui laisse un blanc au bas de la page. (Dict. xixeet xxes.). Tranche de queue. Tranche formée par la partie inférieure des pages (Dict. xixeet xxes.). − MUS. Queue de fugue. Synon. de coda.La queue est cette portion du sujet [de la fugue], par laquelle on le continue après sa seconde partie, et qui sert en même temps à préparer l'entrée de la réponse et à amener le contre-sujet (Chérubini, Cours contrepoint et fugue, 1835, p. 118). 2. a) Derniers éléments (d'un ensemble de véhicules, d'un groupe de personnes qui se déplacent dans la même direction, ou qui sont orientés dans le même sens). Queue d'une colonne, d'un convoi, d'un cortège, d'une escorte, d'une procession; se mettre à la queue; être à la queue; à la queue! J'étais encore loin de chez moi; je me décide à prendre une voiture: on m'indique une place de fiacre (...) j'y trouve effectivement les voitures (...) mais j'ai beau parcourir la file de la tête à la queue, je ne vois point de cochers (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 27).Cette voie [de contrôle] permet à la machine de passer de la tête à la queue du train (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 274).Dans le cavalier qui se tenait en serre-file à la queue du peloton, elle venait de reconnaître son vaurien de neveu (Aymé, Passe-mur., 1943, p. 160). b) Arrière d'une file de véhicules se déplaçant dans un sens donné. Descendre, monter en queue; voiture, wagon de queue. Il occupa (...) les loisirs de ce voyage souterrain en revisant ses notions de métrologie, vérifiant si à telle gare la sortie se trouvait en tête ou en queue, se récitant les noms de stations de telle ligne (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 74).[Gide] arpente le train, et me traîne à sa remorque tout le long des couloirs glacés, pour la plupart déserts. Nous parcourons plusieurs fois le convoi, depuis le fourgon de queue jusqu'à la voiture de tête, et vice versa (Martin du G., Notes Gide, 1951, p. 1382). − En queue. À l'arrière, en contournant les derniers rangs. Trois cents hommes d'armes du roi avaient passé le Tage à la file (...) et se disposaient à prendre en queue la troupe du Comte (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, pp. 179-180).[Henry Maret] prétend qu'il faut attendre une guerre entre la Russie et l'Allemagne pour prendre celle-ci en queue (Renard, Journal, 1910, p. 3). − Loc. fig., pop., vieilli. Faire la/des queue(s) à qqn. Tromper quelqu'un (généralement en se cachant, derrière son dos). Dans ses commencements, l'impôt sur les voitures, assis avec une sorte de timidité, permit aux messagers ces petites tromperies qui les rendaient assez contents de faire la queue aux employés, selon un mot de leur vocabulaire (Balzac, Début vie, 1842, p. 309).En partic. Loc. Faire la/des queue(s) à qqn. Faire des infidélités amoureuses. [Louis-Napoléon] (...) est un niais (...). Il a une maîtresse anglaise, une blonde, très jolie, qui lui fait toutes sortes de queues (Hugo, Choses vues, 1885, p. 212). ♦ Absol. Infidélité. Liaisons sans jalousie où l'homme et la femme se permettent des queues réciproquement, − ce qui n'ôte rien à l'amitié, au dévouement, − et où les queues de la femme sont quelquefois autorisées par l'amant (Goncourt, Journal, 1859, p. 668). 3. a) [Dans un groupe à l'intérieur duquel est établi un classement, une hiérarchie] Partie qui est à la fin, qui regroupe les derniers. Queue de la classe. Quelle place as-tu obtenue dans la dernière composition? J'espère que tu n'es pas à la queue (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 126). − Vieilli. Ensemble, groupe de partisans sans grande valeur d'un parti. De cette obligation constante, où se trouve la tête sage et prudente des partis, d'obéir aux préjugés et aux folies des masses qui en font la queue, dérivent les actions que reprochent certains historiens aux chefs de parti (Balzac, Langeais, 1834, p. 229). b) Groupe des derniers partisans d'un homme célèbre, des derniers adeptes d'une école. Queue du classicisme. Également opposé aux excès de vengeance et de réaction contre la queue encore menaçante de Robespierre (...) [Daunou] maintient la doctrine républicaine dans son antique droiture et dans une mesure inaccoutumée (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 4, 1844, p. 309).Le romantisme se prolonge démesurément en eux [les poètes actuels]; ils en restent la queue attardée (Zola, Doc. littér., Poètes contemp., 1881, p. 129). C. − de forme 1. File de personnes qui attendent leur tour. Synon. file d'attente.Il se forme ici [à Paris], à la porte des spectacles, les jours qu'ils sont intéressants, une queue, c'est-à-dire une longue file d'amateurs (Stendhal, Corresp., 1803, p. 47).Le samedi, on pouvait voir des hommes battre la semelle dans les queues, devant des boutiques à enseignes arc-en-ciel, sur lesquelles on lisait: Débit d'alcool (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 284). ♦ Faire la queue, faire queue. Attendre son tour dans une file. On faisait queue aux portes des marchands (...). Faire queue, cela s'appelait « tenir la ficelle », à cause d'une longue corde que prenaient dans leur main (...) ceux qui étaient à la file (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 119): 9. ... ils virent qu'on faisait la queue − une queue fournie − devant le guichet. Costals déclara qu'il aurait volontiers vu ce film, mais qu'il se refusait absolument à faire la queue. « Qu'on fasse la queue à un théâtre, à un concert, passe encore. Mais je n'admets pas qu'on fasse la queue à un cinéma ».
Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1401. ♦ P. méton. Attente dans une file. Comme tous ces enfants [les étudiants] s'étaient grisés par leurs cris et leur queue de douze heures sur la place, on craignait de les voir aller trop loin, et la police les a dispersés (Sand, Corresp., t. 5, 1864, p. 20). − Loc. adj. À queue coupée. [En parlant d'une file, d'un cortège] Court. C'était un enterrement militaire. Une fourragère, conduite par un tringlot, portait un cercueil enveloppé dans un drapeau. À la suite, un piquet d'hommes, un adjudant, un aumônier et un civil. − L'pauvre petit enterrement à queue coupée! dit Lamuse (Barbusse, Feu, 1916, p. 89). − Loc. adv. À la queue(-)leu(-)leu. À la file; l'un derrière l'autre, à la file indienne. Défiler, marcher à la queue leu leu; se suivre à la queue leu leu. Je tendais des ficelles en l'air, d'une branchette à l'autre, en ligne droite, en diagonale, en zig-zag, en rond, en étoile, et quand les escargots étaient bien éveillés, on les plaçait à la queue-leu-leu sur ces ficelles, des centaines à la queue-leu-leu (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 127): 10. Les petites filles (...) dansèrent une danse singulière (...). Elles se mettent toutes, − comme on dit chez nous, − à la queue leleu; puis un jeune garçon prend les mains de la première et la conduit en reculant...
Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 537. ♦ Rare. À la queue (de). À la file. Ses questions bientôt tombèrent sur moi pressées l'une à la queue de l'autre (Fabre, Chevrier, 1867, p. 235). 2. En partic. a) Vieilli, TRANSP. Ruban de queue. Portion de route droite et plate. Les côtés de la route étant libres, le maître de poste (...) pouvait, par une belle matinée, parfaitement embrasser ce qu'en termes de son art on nomme un ruban de queue (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 4). b) JEUX (billard). Long bâton de bois effilé, tronconique, lisse et équilibré dont l'extrémité la plus fine (la flèche) est garnie de cuir et qui permet d'attaquer les billes. La société de l'endroit avait commis tant de saletés sur le billard, que les billes y restaient collées. Mais, la partie une fois engagée, Lantier qui avait un coup de queue extraordinaire, retrouva sa grâce et sa belle humeur (Zola, Assommoir, 1877, p. 624).On montait au billard (...). Ce soir-là, on avait même fait du feu dans le billard (...) et mon vieil ami prit sa queue, une queue très fine qu'il frotta de blanc avec grand soin (Maupass., Contes et nouv., t. 2, MllePerle, 1886, p. 631). ♦ Faire fausse queue. ,,Toucher la bille à faux`` (Petiot 1982). Prononc. et Orth.: [kø]. Homon. queux. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 cue « appendice qui prolonge la colonne vertébrale de nombreux mammifères » (ici d'un cheval) (Roland, éd. J. Bédier, 1494); b) 1548 mettre la queue entre les jambes « être couard » (N. Du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, 164); 1606 s'en aller la queue entre les jambes (Nicot); c) 1651 tirer le diable par la queue (Scarron, Roman comique, éd. E. Magne, 48); 1656 il n'y en a pas la queue d'une « il n'y en a point du tout » (Oudin, Cur. franç., p. 355); d) 1542 « membre viril » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, var. E, 40, p. 82); e) 1877 cheveux queue de vache « roux » (Zola, Assommoir, p. 68); 2. ca 1440 a la queuleuleu « sorte de jeu où les enfants se tenaient en file les uns derrière les autres » (Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 1732); ca 1450 a la queue « en poursuivant » (Monstrelet, Chroniques, II, 127 ds Gdf. Compl.); ca 1500 se mettre a la queue de... « suivre, poursuivre » (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, II, 180); 3. 1121-34 cüe de peissun (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1368 ds T.-L.); 1833 finir en queue de poisson (Balzac, Ferragus, p. 14); 1909 queue de poisson « rabattement brusque d'un véhicule devant celui qu'il vient de doubler » (en cyclisme) (L'Auto, 21 janv. ds Petiot 1982); 1924 automob. (La Pédale, 18 mai, ibid.). B. 1. Ca 1225 la queue d'une poire (Gautier de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 19); 1940 des queues! « rien » (ds Esn.); 2. a) 1334 « poignées, manches de certains objets » (L. Delisle, Actes Normands, 119); b) 1548 « partie qui excède par le bas le corps d'une lettre » (T. Sebillet, Art poét. fr., éd. F. Gaiffe, 90); 1808 ajouter des queues aux zéros « falsifier des écritures à son profit » (Hautel); c) 1471 cowe « traînée lumineuse qui suit le corps des comètes » (J. Aubrion, Journ. ds Gdf. Compl.); ca 1535-74 queue... de comete (Melin de St Gelays,
Œuvres, éd. P. Blanchemain, I, p. 124); 1929 queue d'un avion (Guillemin, loc. cit.); 3. 1160-74 coe « bandelette de parchemin au bas d'un acte, supportant le sceau » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, t. 2, p. 118, vers 6268); 4. 1752 « tige de bois dont on se sert pour jouer au billard » (Trév.); 1835 faire fausse queue (Ac.); 5. ca 1225 coue « extrémité d'une robe, d'un manteau, qu'on laisse traîner » (Reclus de Molliens, Miserere, 103, 7 ds T.-L.); 1828-29 queue de morue (Vidocq, Mém., t. 4, p. 44); 1845 queue de pie (Sand, Péché de M. Antoine, t. 1, p. 310); 6. 1762 « cheveux ramenés en touffe et serrés derrière la tête » (Beaumarchais, Eugénie, éd. L. Collin, I, 58); 1952 queue de cheval (H. Bazin, Lève-toi, p. 66); 7. xiiies. faire la coe (à qqn) « le duper, le tromper » (De la Sorisete ds Rec. gén. des fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, IV, p. 165); 1859 faire des queues à qqn « faire des infidélités en amour » (Larch., p. 79). C. 1. 1160-74 coe « arrière-garde » (Wace, op. cit., p. 80, vers 5198); 2. 1563 maçonn. (B. Palissy, Recepte, p. 93); 3. 1566 (songes) qui n'ont ni teste ni queue « dépourvus de sens » (C. de Kerquifinen, trad. Gelli, Disc., III, p. 69 ds Hug.); 1835 sans queue ni tête (Gautier, Mllede Maupin, éd. Fasquelle, t. 1, [1928], p. 286); 4. 1687 « reste d'une dette » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 8, p. 27); 5. 1794 « file de personnes qui attendent leur tour » (Moniteur univ., 6 prairial, an II, p. 999, 2ecol. ds Littré); 1798 faire la queue (Ac.); 6. 1832 « texte qui laisse un blanc au bas de la page » (Raymond); 7. 1890 chim. produits de queue (Ser, loc. cit.). Du lat. cōda, autre forme de cauda « queue ». L'expr. sous A 2, à la queue leu leu, signifie à la queue, le loup! p. réf. à un jeu pratiqué par les enfants. Ceux-ci criaient à la queue! pour se mettre en ligne, puis le leu! (forme pic. loup), pour manifester leur peur quand le joueur représentant le loup, attaquait. L'art. le s'est transformé en leu p. assim. avec les sons voisins (voir C. D. Frank, The french locution A la queue leu leu, in Romanic Review, 1, p. 31 à 40). Fréq. abs. littér.: 2 758. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 563, b) 5 120; xxes.: a) 4 855, b) 3 024. Bbg. Quem. DDL t. 2, 6, 16, 17, 18, 22, 23. |