| QUESTIONNEUR, -EUSE, subst. Personne qui a l'habitude de poser des questions, qui aime le faire ou dont c'est le métier. Questionneur indiscret. Ces braves gens eussent bien voulu remercier le généreux questionneur, mais en les quittant on l'avait vu, après avoir donné quelques ordres à un marin, monter à cheval et sortir de Marseille par la porte d'Aix (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 304).Il fallait apprendre la discrétion, le mystère, l'impassibilité. Acquérir une morgue exquise, polie, combinaison difficile, mais qui tient les questionneurs à distance (Maurois, Disraëli, 1927, p. 46):1. Pourquoi avez-vous fait cela? Goethe convint de tout. Que pouvait-il dire d'autre? Il avait sa manière de vaincre le fluide. Savoir. Faire. Mais l'art est long et l'œuvre ne répond jamais aux questionneurs. Comment aurait-il expliqué à ce Corse en mouvement la nécessité de mourir au commencement afin de revivre?
Alain, Propos, 1932, p. 1068. − Empl. adj. J'aime autant les enfants que les pauvres vieux. Un de ces enfants est fort gentil, vif, éveillé, questionneur; il voulait tout voir, tout savoir (E. de Guérin, Journal, 1836, p. 110).Tout comme au temps d'Ulysse, ils sont questionneurs et particulièrement soucieux de connaître de quel pays l'on vient (Gide, Carnets Égypte, 1939, p. 1077). ♦ [P. méton., en parlant d'une expression, d'une attitude] Air, yeux questionneur(s): 2. L'esprit constitué dans un système peut alors retourner à l'expérience avec des pensées baroques, mais agressives, questionneuses, avec une sorte d'ironie métaphysique bien sensible chez les jeunes expérimentateurs, si sûrs d'eux-mêmes...
Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 54. Prononc. et Orth.: [kεstjɔnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1694 et 1718 au masc.). Étymol. et Hist. A. Subst. 1554 [éd.] « personne qui aime à questionner » (Jean de Maumont,
Œuvres de S. Justin, f o263 r od'apr. Delb. Notes mss [le n ode f oindiqué par Delb. est erroné]); 1557 [éd.] « id. » (dupuiherbault, De la pénitence, Paris, J. de Roigny, f o120 v o). B. Adj. 1713 « qui aime à questionner » (Hamilton, Mém. du comte de Grammont, Cologne, P. Marteau, p. 21). Dér. de questionner*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 51. |