| QUESTION2, subst. fém. HIST. [Dans l'anc. procédure criminelle] Tourments gradués infligés à un accusé fortement soupçonné pour lui arracher des aveux ou le nom de ses complices. Question définitive, préparatoire; être, mettre à la question; donner, subir la question. Gérard Laguette, receveur général des revenus de la couronne, mourut dans les tortures de la question (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p. 358).Cette pratique atroce de donner la question n'est abolie en France que depuis la Révolution (Stendhal, Napoléon, t. 1, 1842, p. 81).♦ Question préalable. Tortures infligées à un condamné à mort, avant son exécution, pour qu'il livre ses complices. Le légat impérial étant arrivé, le procès [des chrétiens, à Lyon] commença. La question préalable fut appliquée avec une extrême cruauté (Renan, Marc-Aurèle, 1881, p. 306). ♦ Question ordinaire. V. ordinaire I A 1 b.Question extraordinaire. [Le grand-prévôt] revint se placer auprès de Christophe, auquel il dit fort doucement: − Mon ami, le Chancelier ayant appris que vous refusiez de répondre d'une manière satisfaisante à mes demandes, a résolu que vous seriez appliqué à la question ordinaire et extraordinaire (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 157).V. extraordinaire I A 2 ex. de Villiers de L'Isle-Adam. ♦ Chaise de question. Chaise sur laquelle on subissait cette torture. On s'empare de Coconnas, on l'étend sur la chaise de question, on le garrotte (Dumas père, Reine Margot, 1847, iv, 9, p. 159). ♦ Chambre de question. Pièce dans laquelle on était soumis à la question. M. Lebel me dit: − Voici [à la Conciergerie] un endroit curieux. Et il me fit entrer dans une salle ronde, voûtée (...). J'avais reconnu la fameuse chambre de la question (Hugo, Choses vues, 1885, p. 102). − Au fig. Connaître, c'est là notre faim. (...) Que la matière avoue enfin, Mise à la question par l'âme (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 298).Les sots sont de misérables infirmes, des bègues qui essaient de parler. À quoi bon les mettre à la torture, leur donner la question? (Green, Journal, 1953, p. 230): Puisque toute action aujourd'hui débouche sur le meurtre, direct ou indirect, nous ne pouvons pas agir avant de savoir si, et pourquoi, nous devons donner la mort (...). Au temps de la négation, il pouvait être utile de n'interroger que le problème du suicide. Au temps des idéologies, il faut se mettre en règle avec le meurtre (...). Il nous revient, en tout cas, de répondre clairement à la question qui nous est posée, dans le sang et les clameurs du siècle. Car nous sommes à la question.
Camus, Homme rév., 1951, p. 15. Prononc. et Orth. V. question1. Étymol. et Hist. 1321 hist. (Extraits du Secundus Liber Jornalis Camere ds Notices et extraits des mss de la B. N., t. 40, 1916, p. 254). V. question1. Déjà att., en a. gasc., à partir de 1309 (Coutumes de Pujols, § 47 ds Arch. hist. du département de la Gironde, t. 17, 1877, p. 70). STAT. − Question1 et 2. Fréq. abs. littér.: 18 829. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 21 667, b) 23 966; xxes.: a) 24 518, b) 34 004. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 394. − Noailly-Le Bihan (M.). Côté, question et qq. autres. Ling. Investig. 1982, t. 6, n o2, pp. 333-341. − Quem. DDL t. 11. − Spitzer (L.). Fr. pop. question de, comme « en fait de ». Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 19-26. |