| QUERELLER, verbe trans. A. − Vieilli ou littér. Déclencher une dispute avec quelqu'un, lui adresser des reproches ou des paroles hostiles. Synon. pop. disputer; gronder, houspiller.MmeDebée alla quereller ma femme chez elle, et peu s'en fallut qu'elle ne la battît (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 79).Aujourd'hui, avec leurs allures garçonnières d'artistes, elles tenaient la bourse, rognaient sur les sous, querellaient les fournisseurs (Zola,Germinal, 1885, p. 1388).Marguerite était plus blême que moi. Elle a pleuré, m'a demandé pardon. Je ne suis pas bien sûr de ne pas l'avoir querellée, assez vilainement même (Duhamel,Journal Salav., 1927, p. 70). − Empl. intrans. [Avec un compl. prép.] Contre qui querelliez-vous si fort? (Lemercier,Pinto, 1800, iii, 6, p. 86).C'est, pour ainsi dire, quereller avec le genre humain (Staël,Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 38). B. − Empl. pronom. 1. a) Empl. pronom. réciproque. Se prendre de querelle, se disputer. M. de Crac est mort, et ses héritiers ou du moins ceux qui se croient des droits à sa succession, se querellent, se battent, à tel point que pour les calmer on les fait descendre dans un puits d'où on les remonte un à un (L. Schneider,Maîtres opérette fr., 1924, p. 156): Maman (...) devint d'une extrême nervosité. Peu à peu, mon père perdit sa belle égalité d'humeur. Ils ne se querellaient pas vraiment, mais ils criaient très fort pour de petites choses, et souvent s'en prenaient à ma sœur et à moi.
Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 100. b) [Avec un compl. prép.] Je me suis querellée avec Marcel, dit-elle, nous nous sommes mal quittés (Murger,Scène vie boh., 1851, p. 247).Il avait toujours des armes à portée du bras. Souvent, la nuit, il parlait haut, comme s'il se fût querellé avec quelqu'un (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Main, 1883, p. 893).Les fillettes, énervées par la chaleur, se querellent pour occuper les coins libres (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 691). − P. métaph. Il faut (...) prendre [le haschisch] à jeûn (...). Une infraction à cette règle (...) produirait (...) des vomissements, le dîner se querellant avec la drogue (Baudel.,Paradis artif., 1860, p. 334). 2. Empl. pronom. réfl. Se faire des reproches à soi-même. Je repasse tous les moments si rares où nous avons été ensemble, et je me querelle d'avoir dormi à Pétersbourg! (Balzac,Lettres Étr., t. 2, 1844, p. 442).Je me rappelle encore le temps (...) où je me querellais (...) de ne pouvoir parvenir à cette dextérité dans l'exécution que les écoles habituent malheureusement les meilleurs esprits à regarder comme le dernier terme de l'art (Delacroix,Journal, 1853, p. 119).Elle se querellait de ne pouvoir vivre sans aimer (Zola,Contes Ninon, 1864, p. 121). Prononc. et Orth.: [kə
ʀele], [-ʀ
ε-], (il) querelle [-ʀ
εl]. V. querelle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1174-76 « accuser, assigner en justice » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2451; 2945); 2. 1176 « être en querelle, faire des reproches » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6641); 3. xiiies. [ms.] « contester, disputer (quelque chose à quelqu'un) » (Chevalerie Vivien, éd. A. L. Terracher, 1800b, leçon des mss AB). B. Pronom. 1643 « se prendre de querelle » (Corneille, Polyeucte, III, 2). Dér. de querelle*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 325. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 361, b) 634; xxes.: a) 621, b) 356. Bbg. Gohin 1903, p. 304. |