| QUARTIER1, subst. masc. A. − 1. [Le compl. du n., explicité ou non, désigne une chose concr.] Une des quatre parties égales d'un tout (synon. quart);partie importante d'un tout (synon. bloc, morceau, pièce, portion, tranche).Couper une pomme en quatre quartiers (Ac.).Un quartier de visage caché par son mouchoir qu'elle tient en compresse (Gide,Caves, 1914, p. 690).V. boucher2ex. 6, fendre A 1 ex. de Van der Meersch: 1. ... des rives de terre croulante, où des quartiers de gazon avaient roulé, rongés par le travail des eaux...
Moselly,Terres lorr., 1907, p. 172. SYNT. Quartier de bœuf, de chevreuil, de mouton, d'oie; quartier de jambon, de lard, de viande; quartier de fromage; quartier de roche, de rocher. ♦ Bois de quartier. ,,Bois à brûler fendu en quatre`` (Ac.). − Vieilli, littér. [Le compl. du n., explicité ou non, ne désigne pas une chose concr.] Ce dernier quartier de l'adolescence où de petites choses font de grandes joies et de grandes misères (Balzac,Début vie, 1842, p. 341).Mes confrères légistes (...) ont des procédés pour reconnaître les responsabilités pleines et celles auxquelles il manque un ou plusieurs quartiers (A. France,Hist. comique, 1903, p. 160). 2. En partic. a) Vieilli
α) Morceau de terre. Synon. lopin.Quartier de terre, de vigne. Qu'il se vende un quartier de pré, c'est un paysan qui l'achète (Courier,Lettres Fr. et Ital., 1816, p. 878).
β) Durée de trois mois. Synon. trimestre.Mais peut-être aurai-je plus de fonds, le dernier quartier de l'année, et je ne pourrais mieux les employer (Chateaubr.,Corresp., t. 4, 1823, pp. 165-166). − En partic. Durée de trois mois de service auprès d'un roi. Les officiers du roi servaient par quartier. Cet officier est de quartier ou en quartier (Ac.).Le Duc avait, outre son commandement, une charge à la Cour, où il venait, en laissant, pendant son quartier, le commandement à un maréchal-de-camp (Balzac,Langeais, 1834, p. 232). − P. méton. Montant trimestriel d'une rente, d'un revenu. Payer par quartiers; toucher ses quartiers. Il vit le ministre, reçut un quartier d'avance de ses appointements (Stendhal,L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 419).Votre mère s'est fait, depuis l'an 1814, adresser régulièrement les quartiers de l'usufruit qui lui est échu dans la succession du colonel Héricourt (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 374). b) Division naturelle d'un fruit. Quartier d'orange. Chair à la nuance d'un quartier de mandarine (Toulet,Nane, 1905, p. 138). c) Premier, dernier quartier (de la lune). Première, dernière des quatre phases de la lune, pendant lesquelles on voit la moitié de sa face. Être au premier, au dernier quartier (de la lune). La lune, à son dernier quartier, toute penchée sur le côté, (...) répandait (...) cette lueur mourante et blafarde qu'elle nous jette chaque mois, à la fin de sa résurrection (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 739).Une lune échancrée, une lune de dernier quartier gravissait l'horizon, une lune rouge (Pergaud,De Goupil, 1910, p. 24). − P. méton. Synon. de croissant2.Un quartier de lune d'argent sur un ciel rose (Goncourt,Journal, 1895, p. 847).S'il y avait de la lune, nous repartirions presque aussitôt; mais le dernier quartier se lèvera très tard (Gide,Retour Tchad, 1928, p. 903). d) Littér., vieilli. Quart du corps humain. Brisez mon corps! Déracinez mes membres! Dépecez-moi et fixez mes quartiers aux portes des villes (Claudel,Tête d'Or, 1901, 3epart., p. 283). ♦ Mettre en quartiers. Écarteler. L'enquête (...) eut lieu dans le plus grand secret (...). On ne connaît que le jugement qui ne se fit pas attendre. Tsykler et Sokovine furent condamnés à être mis en quartiers (Mérimée,Hist. règne Pierre le Gdds Journal des savants, 1868, p. 15). ♦ Se mettre en quatre quartiers. Synon. vieilli de se mettre en quatre*.Je me mettrais en quatre quartiers pour lui, pour son service (Ac.). 3. Spécialement a) ANAT. ANIMALE. Partie latérale du sabot d'un cheval. Le quartier de dedans. Le quartier de dehors. Les quartiers doivent être égaux en hauteur, autrement le pied serait de travers (Ac.). ♦ Faire quartier neuf. ,,Se dit d'un cheval dont un des quartiers tombe (...) et se trouve remplacé par un autre quartier qui croît`` (Ac.). b) ARCHIT. Quartier tournant. ,,Les marches qui sont dans l'angle d'un escalier et qui tournent autour du noyau`` (Ac.). c) BOUCH. Chacune des quatre parties à peu près égales d'une carcasse. Deux quartiers de devant et deux quartiers de derrière (HabaultAgric.1983). ♦ Cinquième quartier. Synon. de issues (v. issue D 1).Tout ce qui ne fait pas partie de la carcasse constitue le cinquième quartier (Villemin1975). d) ÉQUIT. Chacune des parties latérales d'une selle où s'appuient les cuisses du cavalier. Les quartiers d'une selle (Ac.). e) HABILL. (chauss.). Partie arrière, chacune des parties arrière d'une chaussure, d'une pantoufle enveloppant le talon. Pantoufle, savate sans quartier. [Le duc de Lévis] s'était abonné aux savates, parce que, disait-il, il avait une blessure au talon qui l'empêchait de relever les quartiers de son soulier (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres, 1847, p. 74).Sa jambe (...) pendait en l'air; et la mignarde chaussure, qui n'avait pas de quartier, tenait seulement par les orteils à son pied nu (Flaub.,MmeBovary, t . 2, 1857, p. 114).V. galoche ex. 1. f) HÉRALD. Chacune des parties de l'écu écartelé. La dalle qui couvre Rubens (...) porte les armes orgueilleuses qu'il se composa lui-même: le lion belge, le cor d'Espagne, les deux roses d'Angleterre, le lis de France, un royaume pour chaque quartier (Michelet,Journal, 1840, p. 344).Les armoiries (...) dont les quartiers s'étaient remplis (...) de toutes les seigneuries que (...) cette illustre maison [de Guermantes] avait fait voler à elle de tous les coins de l'Allemagne, de l'Italie et de la France (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 14).V. écusson A ex. de T'Serstevens. − P. méton., au plur. Quartiers (de noblesse). Degré d'ascendance noble. Avoir huit, seize quartiers de noblesse. L'accent indigné d'un vrai marquis dont on contesterait les quartiers (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 4, 1859, p. 314).Des salons où comptaient avant tout la fortune et les quartiers de noblesse (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 37).V. présenter 1reSection II ex. de L'Hist. et ses méth. et 3eSection I B 2 a α ex. de Philos. ♦ Au fig. Distinction, qualité. Acquérir, gagner ses quartiers de noblesse. Cette grande raison qui trouva dans Descartes et dans Kant ses titres et ses quartiers (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 215). g) MAR., vx. Quartier de réduction. ,,Carton de forme carrée (...) dont la surface est divisée par un grand nombre de petites lignes (...) [et d']arcs décrits du sommet de l'angle qui représente le centre d'un cercle`` (Will. 1831), servant à établir la route d'un navire. Les coffres des matelots, les étuis de mathématiques, les octants, les compas, les quartiers de réduction (Chateaubr.,Fragm. Génie, 1800, pp. 198-199). B. − Partie d'une ville ayant une physionomie propre, une certaine unité. La maison (...) était située dans le quartier élevé, noble et solitaire de la ville (Lamart.,Nouv. Confid., 1851, p. 23).Renée s'était d'abord réjouie que leur maison fût si calme, et leur quartier si éloigné du centre (Arland,Ordre, 1929, p. 382): 2. Nous irons demain, voulez-vous, dans des quartiers lointains, dans ces quartiers bizarres où l'on voit vivre les pauvres gens. J'aime les vieilles rues de misère.
A. France,Lys rouge, 1894, p. 21. SYNT. Quartier excentrique, extérieur, perdu; quartier animé, désert, paisible; quartier bourgeois, pauvre, populaire, populeux, résidentiel, riche; les bas, les beaux quartiers; quartier juif, noir, occidental, indigène; quartier commerçant; quartier des affaires, du centre, de la gare; les différents quartiers d'une ville. ♦ Quartier latin. [Avec une majuscule à l'init. et p. ell. de latin, le Quartier] On le revit comme autrefois (...) un paquet de livres et de revues sous le bras, errer par le Quartier, sous les galeries de l'Odéon, au quai Voltaire (A. Daudet,Rois en exil, 1879, p. 472).Mais (...) revenons bien vite au Quartier, cette fois rue de Vaugirard (Verlaine,Souv. et fantais., 1896, p. 176). ♦ Quartier réservé/de plaisir, des femmes. Partie d'une ville réservé à la prostitution. La terre avait été longtemps pour lui un lieu de passage où on devenait libre et où il y avait des femmes; (...) dans les quartiers de plaisir, on faisait tout plier devant ses caprices et sa force (Loti,Mon frère Yves, 1883, p. 235).De voir les hommes souhaiter l'amour, tu leur as bâti des quartiers réservés (...) où toutes les femmes se vendent (Saint-Exup.,Citad., 1944, p. 797). − [Avec un déterm. indiquant la dénom. d'un quartier] Aux confins du quartier Saint-Denis et du quartier des Halles, à l'angle de la rue Mauconseil et de la rue Française (Brasillach,Corneille, 1938, p. 85).Ces rues qui traversent (...) le boulevard de Port-Royal et qui unissent le quartier Mouffetard au quartier Broca et au quartier de la Santé (Nizan,Conspir., 1938, p. 83). − [Avec l'art. déf.] Partie d'une ville considérée du point de vue du voisinage. Habiter le quartier; les gens, les habitants du quartier; passer dans le quartier. Le Coq-Faisan, restaurant bourgeois connu dans le quartier (Maupass.,Bel-Ami, 1885, p. 354).Si vous êtes dans le quartier demain midi, M. Maigret, j'aurai certainement des renseignements au sujet de la petite (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p. 82). ♦ Loc. adj. De quartier. Qui n'est fréquenté que par les habitants d'une partie d'une ville. Bal, bibliothèque, boutique, commissariat, école, restaurant de quartier; commissions (extra-municipales) de quartier; commerçant, médecin de quartier. Je ne te parle ni des équipes à demi professionnelles, (...) ni des petits clubs de quartier, genre patronage (Montherl.,Olymp., 1924, p. 301).Des cinémas de quartier, dont les prix sont modérés (Arland,Ordre, 1929, p. 317). − P. méton. Les habitants d'une partie d'une ville. Être la fable du quartier. Le quartier a les yeux sur moi, les gens qui réussissent ont des jaloux, des envieux! (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 161).Il la voyait en la nommant, sa rue de la Gaîté (...). C'est là que tout le quartier parle, s'amuse et se nourrit (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 18). C. − 1. Le plus souvent au plur. Campement, cantonnement d'une troupe. Établir, prendre ses quartiers. [Les régiments nationaux] ne pourront, en temps de paix, être en quartier à plus de trente lieues du chef-lieu de leur département (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 382).Napoléon, entrant avec les Maréchaux: (...) Moscou est à nous (...) que chacun établisse son quartier dans la partie de la ville qui lui plaira (Dumas père, Napoléon, 1831, iii, 1, p. 68). ♦ Quartier(s) d'hiver. Campement, cantonnement d'une troupe pour l'hiver. Établir, prendre ses quartiers d'hiver; être en quartier(s) d'hiver; mettre ses troupes en quartier(s) d'hiver. Napoléon avait l'intention de fixer ses quartiers d'hiver sur les bords de la Vistule (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 137). ♦ Quartier général (abrév. Q.G.). Lieu où sont installés un général et son état-major; p. méton., état-major d'un général. Ordres du quartier général. Le quartier général (...) avait des raisons de craindre une très prochaine attaque allemande (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 262).Nos officiers de liaison auprès des quartiers généraux observaient que l'offensive allemande provoquait dans les états-majors de l'inquiétude, sinon du désarroi (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 144).P. ext., souvent fam. Lieu où quelqu'un est habituellement établi, lieu habituel de réunion. Le vestibule de la Scala (à Milan) est le quartier général des fats; c'est là que se fabrique l'opinion publique sur les femmes (Stendhal,Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 94).Quel pèlerin que ce Guillaume (...) il roulait partout; mais ce pont près du moulin, c'était son quartier général (Pourrat,Gaspard, 1930, p. 162). ♦ Grand(-)quartier(-)général/grand quartier (abrév. G.Q.G.). Lieu où sont installés un généralissime et son état-major; p. méton., état-major d'un généralissime. Ordres du grand quartier général. Conférence réunie au grand-quartier-général des armées alliées (Foch,Mém., t. 2, 1929, p. 122).Après tout, c'est au grand quartier de décider si nous sommes en présence d'un début d'offensive principale, ou seulement d'une opération latérale (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 29). Rem. On relève qq. ex. de quartier(-)général pour grand quartier général. Voici la maison qui a été le dernier quartier général de Napoléon (Goncourt, Journal, 1858, p. 545). L'acte [de la capitulation allemande totale] est signé au quartier-général du commandant en chef occidental (De Gaulle, op. cit., p. 176). − P. ext., au plur. Lieu où quelqu'un réside, se trouve souvent. Un vieux marchand de friture (...) chez qui beaucoup de bourgeois venaient manger du poisson frit, surtout, je crois, depuis que Carmen y avait pris ses quartiers (Mérimée,Carmen, 1847, p. 41).Thérapia et Buyukdéré, les lieux « select » élus par les six ambassades pour leurs quartiers d'été (Farrère,Homme qui assass., 1907, p. 29).Les Roumains (...) sont (...) nomades et mystérieux, échappant au temps comme à l'espace. On les surprend ici dans leurs quartiers d'hiver; puis ils reprennent la route au printemps, ancestralement (Morand,New-York, 1930, p. 212). 2. Caserne d'une troupe à cheval et p. ext., cantonnement où des troupes sont casernées. Quartier de cavalerie, de dragons; balayer la cour du quartier. Deux uhlans côte à côte qui rentraient au quartier (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Père Milon, 1883, p. 215).Quand ils passèrent la grille du quartier, l'homme de garde présenta les armes (...). Dans un coin de la caserne, le capitaine montra tout un groupe d'hommes mêlés (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 12).V. bougon1ex. 3, harnais A 3 ex. de Farrère. ♦ Chien de quartier. V. chien1et adjudant ex. 1. ♦ Avoir quartier libre. Ne pas être de service, pouvoir quitter le quartier. Wazemmes, qui, de six à neuf, avait quartier libre, se mit à la disposition de son patron pour ces heures-là (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 183). 3. P. anal. a) Vieilli. Partie d'un établissement scolaire réservé à un groupe particulier d'élèves. Le collège était divisé en trois quartiers distincts: les grands, les moyens, les petits; chaque quartier avait sa cour, son dortoir, son étude (A. Daudet,Pt Chose, 1868, p. 69).Dans chaque quartier de lycée se trouve une petite bibliothèque composée d'après l'âge des élèves (Barrès,Déracinés, 1897, p. 19). ♦ Maître de quartier. Synon. de surveillant* d'étude/d'internat.Un jour, le maître de quartier (...) le condamna [Napoléon, à Brienne] à porter l'habit de bure (Stendhal,Napoléon, t. 2, 1842, p. 42). b) Partie d'une prison réservée à un groupe particulier de détenus. Quartier des condamnés à mort, des femmes, des mineurs; quartier de haute surveillance. Le mitard, le quartier des isolés (L'Est Républicain, 18 sept. 1985, p. 6). Rem. Région. (Belgique). ,,Petit appartement`` (Baet. 1971, p. 357). On peut trouver partout à Bruxelles des affiches intitulées « Quartier à louer », de même que dans les petites annonces des journaux (ibid.). Prononc. et Orth.: [kaʀtje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Quatrième partie d'un tout. 1. ca 1100 quarter « quatrième partie de l'écu » (Roland, éd. J. Bédier, 3867: lur escuz de quarters); 2. a) ca 1225 hérald. (Durmart le Galois, éd. J. Gildea, 7433: escus [...] A un vermel quartier luisant); b) 1665 p. ext. généal. « degré de descendance noble » (Boileau, Satires, V, 72, éd. A. Cahen: fournir deux fois seize quartiers); 1718 quartiers de noblesse (Ac., s.v. seize); 1844 fig. (Balzac, Modeste Mignon, p. 283: il n'y a que les femmes dont les quartiers de noblesse commencent à Noé); 3. 1229 « quart d'une aune » (G. Espinas et H. Pirenne, Rec. de doc. rel. à l'hist. de l'industr. drapière en Flandre, II, 2126ds De Poerck t. 2, p. 160); 4. dernier quart xives. « espace de trois mois pendant lequel on est de service chez le roi ou un grand seigneur » (Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 5, p. 125: il prendoient bien le service un quartier d'an ou deux ou trois); 5. mil. xves. « solde trimestrielle » (Chansons du xves., éd. G. Paris, p. 143: on nous a rongné noz quartiers); 6. 1539 astron. dernier quartier de la lune (Est., s.v. lune); 1636 premier quartier de lune (Monet, s.v. lune). II. Partie d'un tout, morceau A. 1. ca 1150 quartier « partie, portion de territoire » (Charroi Nîmes, éd. D. Mc Millan, 99: de sa terre me dorroit un quartier); 2. a) ca 1462 milit. « cantonnement » (Cent nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, XXX, 54: chacun print son quartier [ici p. métaph.]); 1494-95 (Roman de Jehan de Paris, éd. E. Wickersheimer, p. 35: au quartier de Jehan de Paris); b) 1668 quartier d'hiver « lieu où sont installées les troupes pendant l'hiver » (La Fontaine, Fables, l. II, fable 8, 53); 1688 plur. (Mmede Sévigné, Corresp., 3 nov., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 387); c) 1713 quartier général (A. Hamilton, Mém. de la vie du comte de Grammont, chap. III, p. 27); 1835 p. méton. « les officiers qui composent l'état-major général » (Ac.); 1812 grand quartier général (Mozin-Biber); 1801 quartier général p. ext. « lieu habituel de réunion » (Crèvecœur, Voyage, t. 3, p. 131); d) 1938 expr. avoir quartier libre (Romains, Hommes bonne vol., p. 183); 3. ca 1470 milit. quartier de sauveté « endroit où des assiégés pouvaient se retirer en toute sûreté après avoir abandonné la place aux assiégeants » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 279: choisir quartier de sauveté autre part); 1611 quartier « guerre « douce » au cours de laquelle les soldats étaient faits prisonniers et rançonnés » (Cotgr.); mil. xviies. expr. donner quartier « accorder la vie sauve » (Perrot d'Ablancourt, Tacite, 457 ds Littré, § 24: ils ne donnoient point de quartier); 1647 être sans quartier « être sans pitié » (Rotrou, Don Bernard de Cabrère, I, 1); 1651-57 point de quartier « pas de pitié! » et faire quartier (Scarron, Roman comique ds Rich. 1680); 4. 1480 « partie d'une ville » (G. Coquillard, Droits nouveaux, 223 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 140: elle est du quartier des Billettes); 1674 p. méton. « les habitants d'une partie de la ville » (Boileau, Lutrin, I, 223 ds
Œuvres compl., éd. Ch. H. Boudhors, p. 130); 5. ca 1485 a cartier « à l'écart » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 21853: tiron nous ung peu a cartier); 6. 1834 « partie d'une prison » (Magasin pittoresque, p. 392: chambres du quartier des détenus politiques). B. 1. Fin xiies. quartier « partie d'une chose, d'un ensemble » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 3036: en sa main tint un levier de quartier); 2. déb. xives. bouch. « partie d'un animal » (Isopet, II, XI, éd. J. Bastin, t. 1, p. 53: Un Chien [...] portoit Un quartier de mouton); 3. 1577 cordonn. « partie d'une chaussure » (Mém. de la Sté des Antiquaires du Centre, 1882, p. 203: les quartiers [des souliers] de bonne vache); 4. 1690 « partie de cuir qui forme chacun des côtés d'une selle » (Fur.). Dér. de quart*; suff. -ier*. Cf. lat. médiév. quarterium « le quart d'une ville » (1117 ds DEI, s.v. quartière) et quarterium anni « le quart d'une année » (1259 ds Du Cange). |