| QUARANTAINE, subst. fém. A. − Ensemble, nombre de quarante, d'environ quarante. Quarantaine d'années, de kilomètres. Le nombre des corps simples actuellement connus paraît être voisin de 72, parmi lesquels près de 30 n'ont qu'une importance tout à fait secondaire, ce qui réduit à une quarantaine le nombre des éléments réellement répandus dans la nature (Lapparent,Minér., 1899, p. 4).Sur cent trente hectares il y en avait une quarantaine de cultivables: dix en vignes, trente en céréales (Bosco,Mas Théot., 1945, p. 248). B. − En partic. 1. Période de quarante ou d'environ quarante jours consécutifs. a) RELIG. CATH., vieilli. Innocent IV (...) accorda un an et quarante jours d'indulgence (...). Sixte IV (...) cinquante années et autant de quarantaines d'indulgence à tous les fidèles (...) qui visiteraient les églises de l'ordre de saint François (Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, p. 321). ♦ (Sainte) quarantaine. Carême. Jeûner la quarantaine (Ac.). Ce temps de la sainte quarantaine était, au point de vue liturgique, admirable; la tristesse y allait grandissant chaque jour, avant que d'éclater (...) en les douloureux sanglots de la Semaine Sainte (Huysmans,Oblat, t. 2, 1903, p. 42).Ces fêtes rustiques (...) par lesquelles les (...) chrétiens rompaient la pénitence de la sainte quarantaine (A. France,J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 179). ♦ [En Lorraine] Messe de quarantaine. Messe célébrée à l'intention d'un mort (environ) quarante jours après son décès. Le jour du « service de quarantaine », qui réunit à l'église tous les parents et voisins du mort (Lorraine) (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 2, 1954, p. 102).Une messe de quarantaine sera célébrée le dimanche onze novembre (...) à la mémoire de Monsieur [X] (...) décédé le 3 octobre 1984 (L'Est Républicain, 9 nov. 1984, p. 4). b) Isolement (de quarante jours à l'origine) imposé aux personnes, aux animaux ou aux choses atteints ou contaminés par une maladie contagieuse ou susceptibles de l'être. Dans les régions où la typho-anémie sévit, il ne faut jamais introduire un nouveau cheval dans les écuries qu'après une quarantaine rigoureuse d'au moins un mois (Garcin,Guide vétér., 1944, p. 226). ♦ Mettre en quarantaine. Son second fils a la rougeole: la maison est mise en quarantaine pour ne pas propager l'épidémie (Estaunié, Empreinte,1896, p. 308): 1. Comme un matelot du bord était mort d'une sale maladie, les autorités ont cru que peut-être c'était la peste, et on nous a mis en quarantaine.
Pagnol,Fanny, 1932, I, 1ertabl., 14, p. 54. SYNT. Quarantaine sanitaire; formalités de quarantaine; hisser le pavillon de quarantaine; faire quelques jours de quarantaine; malades, voyageurs en quarantaine; maintenir, placer, retenir en quarantaine; soumettre des marchandises, un navire, des voyageurs à une quarantaine. − P. méton., MAR. Pavillon de quarantaine. V. pavillon ex. 4. − Au fig. Exclusion d'un groupe social. Tenir qqn en quarantaine. La quarantaine qu'on fait ainsi subir aux talents nouveaux, avant de les accepter et de les louer, cause des impatiences, comme toutes les quarantaines (Sainte-Beuve,Portr. contemp., t. 3, 1842, p. 308).Au Bechouanaland, l'homme qui est en quarantaine pour (...) [avoir tué un ennemi] ne doit toucher personne, et son ombre ne doit pas effleurer ses enfants (Jeux et sports, 1967, p. 773). ♦ Mettre en quarantaine: 2. Grange (...) s'emballa. On se quitta bêtement. Et voilà ses fabriques en interdit: aucun compagnon n'aurait plus osé travailler pour lui; il aurait été mis en quarantaine comme renégat.
Pourrat,Gaspard, 1930, p. 35. 2. Âge de quarante ans, d'environ quarante ans. Atteindre, avoir, dépasser la quarantaine. Voilà la quarantaine qui approche; j'ai eu 37 ans le 12 décembre dernier (Flaub.,Corresp., 1859, p. 307).Le trouble d'accommodation habituel, vers la quarantaine, est la presbytie (Macaigne,Précis hyg., 1911, p. 283). C. − Synon. rare de giroflée.Des quarantaines blanches fleurissaient les corbeilles (Zola,Page amour, 1878, p. 879).Quarantaines (...), Puissant encens du mois d'août! (Claudel,Poés. div., 1952, p. 871). Prononc. et Orth.: [kaʀ
ɑ
̃tεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1174-76 « nombre de quarante » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 6056); 2. 1180-90 « espace de quarante jours » (Alexandre de Paris, Alexandre, br. II, 2495 in Elliott Monographs, n o37, p. 128); d'où a) ca 1200 « carême » (Chevalier au Cygne, 179 ds T.-L.); b) 1635 « isolement de quarante jours imposé aux voyageurs arrivant d'un endroit où règne une maladie contagieuse » (Monet); 1817 voyageurs en quarantaine (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, p. 64); 1842 fig. (Sainte-Beuve, loc. cit.); 3. 1694 « âge de quarante ans » (Ac.). Dér. de quarante*; suff. -aine*. Fréq. abs. littér.: 435. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 368, b) 777; xxes.: 621, b) 744. |