| PÉTROLE, subst. masc. A. − Huile minérale naturelle combustible, d'une odeur caractéristique, d'une densité variant de 0,8 à 0,95, formée d'hydrocarbures et utilisée surtout comme source d'énergie. Le pétrole proviendrait de la décomposition, à l'abri de l'air, et en présence d'eau, d'oganismes animaux (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p.35).Les transports de pétrole Méditerranée-Rhin, avec le triple problème que posait le point de départ de l'oléoduc sur la côte, son éclatement terminal, et la localisation du raffinage (Colloque géogr. appl., 1962, p.101). SYNT. Pétrole brut* (v. ce mot I B synt. c), gazéifié*; gisement, mine, nappe, puits, sources de pétrole; cracking, distillation, exploitation, extraction, importation, industrie, production du pétrole; pays producteur de pétrole; dérivé du pétrole; baril, tonneau de pétrole. ♦ Pétrole conventionnel. ,,Pétrole faisant l'objet d'une prospection et d'une exploitation courantes`` (Ayache 1981). − P. méton. ♦ P. ell. de industrie du pétrole. Les magnats (v. ce mot B) du pétrole. On continue ainsi, dans le pétrole ou la sidérurgie, à agiter la perspective de la nationalisation (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p.190). ♦ Pétrolier, compagnie pétrolière. Admettra-t-on, comme le font les contrats passés par les pétroles italiens, qu'une société locale devienne progressivement copropriétaire du gisement? (Univers écon. et soc., 1960, p.10-8). − [En parlant de dérivés du pétrole] CHIM. Brai, coke*, éther (v. ce mot II B 3) de pétrole. Deux millions de véhicules utilisant l'essence de pétrole roulaient en 1911, mais dès 1870, les huiles de pétrole étaient utilisées pour le graissage dans toutes les machines (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p.351). B. − P. méton. 1. Produit de distillation de cette huile. Pétrole rectifié; bidon de pétrole. Madame Gide y besogne, des heures durant, dans une odeur entêtante de pétrole, de cirage, de térébenthine (Martin du G., Notes Gide, 1951, p.1385). ♦ À pétrole.Fourneau, lampe, réchaud à pétrole; chauffage, éclairage au pétrole. Qu'il y a loin en effet de ce système à celui d'une machine à vapeur ou à pétrole; point de bielles, point de soupapes, point de piston, pas de point mort, le mouvement circulaire est obtenu directement par des leviers invisibles que représente le champ tournant (Soulier, Gdes applic. électr., 1916, p.92).Le petit poêle à pétrole qui ronflait comme un tuyau d'orgue, pendant les nuits de travail, en hiver (Duhamel, Combats ombres, 1939, p.286).L'opinion en fut assez surprise, les voitures à pétrole n'ayant, jusqu'alors, guère été prises au sérieux, et la vapeur ayant conservé son traditionnel prestige (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.492). − P. métaph. Ne pensons qu'à notre amour (...) lui seul existe! Il a une intrigue avec une femme mariée? (...) Oh! mais quel feu! c'est de la passion! c'est du vitriol! c'est du pétrole (Labiche, Le Plus heureux, 1870, III, 3, p.115). − Pétrole lampant*. Synon. vieilli de kérosène. 2. En empl. adj. inv. Nuance de couleur où entrent du bleu, du gris et du vert. Bleu, vert pétrole. Pantalon gabardine pure laine (...) coloris pétrole (Catal. Bon Marché, 1951, p.12). C. − Pop., arg. ,,Eau-de-vie`` (Esn. Poilu 1919). Le tord-boyau est versé à la ronde (...). D'autres fois, c'est le vin blanc (...). Mais, que ce soit le pétrole ou le pivois savonné... (Richepin, Pavé, 1883, p.278). Prononc. et Orth.: [petʀ
ɔl]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. Ca 1240 petteroile «huile minérale naturelle» (Chirurgie de Roger de Salerne, 296 vods Z. fr. Spr. Lit. t.86, p.250); xiiies. petrole (Livre des simples medecines, § 911, éd. P. Dorveaux, p.157); 2. a) 1866 lampe à pétrole (Amiel, Journal, p.394); b) 1903 pétrole lampant (Nouv. Lar. ill.); 3. 1951 couleur (Catal. Bon Marché, loc. cit.); 1962 bleu, vert pétrole (Rob.). Empr. au lat. médiév. petroleum (aussi petroleum oleum) «huile minérale» (xiiies. ds Nierm. et Blaise Lat. Med. Aev.), proprement «huile de pierre» (du lat. class. petra, v. pierre et oleum, v. huile). Fréq. abs. littér.: 435. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 158; xxes.: a) 678, b) 1357. DÉR. 1. Pétrolatum, subst. masc.,pétrochim. Solide mou, de densité voisine de 1, de couleur foncée, obtenu lors de l'extraction de la paraffine du pétrole brut par centrifugation, et correspondant à la vaseline. On laisse reposer vingt-quatre heures, puis on pompe le mélange huile-essence et le mélange paraffine-essence (pétrolatum) (...). Afin d'assurer l'écoulement du pétrolatum, on maintient à la périphérie du bol une couche d'eau chaude. Ces procédés de déparaffinage sont toujours accompagnés d'une perte d'essence qui ne doit pas dépasser 2 % (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p.93).− [petʀ
ɔlatɔm]. − 1reattest. 1931 id.; dér. sav. de pétrole, suff. lat. -atum (corresp. au suff. fr. -at* [II A]). Déjà att. en 1887 en angl. (v. NED). 2. Pétroler, verbe trans.a) Enduire de pétrole. Enfin, tous les réservoirs momentanés d'eau (...) doivent être (...) ou vidés, ou pétrolés (Vincent, Rieuxds Nouv. Traité Méd.fasc. 5, 11924, p.220).b) Vx. Incendier au pétrole. Et pourquoi ne pillerait-on pas? Pourquoi ne pétrolerait-on pas? (Paris-Journal, sept. 1872ds Larch. 1872, p.194).− [petʀ
ɔle], (il) pétrole [petʀ
ɔl]. − 1resattest. a) 1871 «incendier au pétrole» (L'Avenir libéral, mardi 1eraoût I, 2 ds Dub. Pol., p.372: Paris a été pétrolé et bombardé), b) 1898 «enduire de pétrole» (DG); de pétrole, dés. -er. BBG. −Dub. Pol. 1962, p.372. _Pinchon (J.). Synt. prép. et adj. de relation. Cah. Lexicol. 1980, t.37, pp.91-100. _Quem. DDL t.5, 20. |