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PÉTAUDIÈRE, subst. fém.
Lieu, assemblée, etc., où manquent l'ordre, l'organisation, où règnent la confusion, l'anarchie. Quelles pétaudières sont les démocraties! On ne sait à qui s'en prendre (Sainte-Beuve, Corresp.,t.3, 1839, p.93).En mille factions nous sommes morcelés, Et tout ce gâchis bout dans la même chaudière, Chaos indébrouillable, étrange pétaudière (Pommier, Colères,1844, p.108).Jamais pareille impéritie, jamais pareille incapacité administratives ne s'étaient aussi glorieusement étalées. Le Salon de 1880, c'est une pétaudière, un fouillis, un tohu-bohu, aggravés encore par les incomparables maladresses du nouveau classement (Huysmans, Art mod.,1883, p.144).Madame des Pereires (...) essayait de remettre un peu d'ordre... Que ça ait pas l'air trop étable... Déjà que c'était normalement une terrible pétaudière, alors depuis cette cohue, y avait plus un sifflet d'espace! (Céline, Mort à crédit,1936, p.527).
Prononc. et Orth.: [petodjε:ʀ]. Ac. 1694-1798: pe-; 1835, 1878: pé- ,,plusieurs disent petaudière``; 1935: pé-. Étymol. et Hist. 1694 (Ac.). De la loc. La Cour du roy Petauld, où chascun est maître (1594, Satyre Menippée, éd. Franck, 121) «lieu où règne la confusion, l'anarchie». Le subst. petaux, petaulx (dér. de pet1* d'apr. FEW t.8, p.132b), masc. plur. «anciens soldats, bande de paysans armés» se rencontre fin xives. chez Froissart (Chroniques, éd. S. Luce, t.5, p.323 et t.6, p.374, var. Ms A 15, A 17) et au sens de «paysans», ca 1450 chez Monstrelet d'apr. Corneille 1694. Les subst. masc. pitaux, pitault et pitaut «paysan» se trouvent en 1547 (Noel Du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p.126), en 1583 (Gauchy, Plaisir des champs, p.7 ds Gdf.) et en 1639 (Sorel, Berger extravagant, p.278 ds Livet). Le roy Petault apparaît chez Rabelais (1546, Tiers-Livre, éd. M. A. Screech, VI, 64, p.61: Le roy Petault ... nous envoya refraischir en nos maisons. Il est encores cherchant la sienne); pour ce dernier, il s'agit d'un mystérieux personnage du xvies., héros d'une légende que Sain. (Lang. Rab. t.1, pp.235-238) explique comme étant zoologique; le roy Petault c'est le roi péteur (cf. pétaud «péteur», 1614, Tabourot des Accords, Description, p.21), le «petit roi», le roitelet; ses noms: rey petare, roi pétaré (Rhône, Allier, Loire ds Roll. Faune t.10, pp.168-174), rei-petaret (L. P. Gras, Evangile des Quenouilles foréziennes, (1865), p.6), comme sa réputation d'oiseau solitaire, bagarreur, qui disparaît temporairement (voir Belon, Oyseaulx, (1554), p.342 et Salerne, Ornithologie, (1767), p.241 ds Sain., op. cit., p.237), appuient la thèse de cette légende: il s'agit d'abord d'un personnage insolite, fugueur, et volage qui cherche sa propre maison; l'idée d'une cour désordonnée où chacun est maître apparaît à la fin du xvies., cf. Satyre ménippée, supra milieu xvies., L'hostel du roy Petaud où chascun est maistre (Essai sur les proverbes ds Sain., op. cit., p.236), c'est la cour du roy Petaud, chascun y est maistre (ibid.), 1611 c'est la court du Roy Petaud ou chascun est maistre (Cotgr.), 1640 La Cour du Roy Petaud tout le monde y est maistre (Oudin). Fréq. abs. littér.: 18.