| PÉRÉGRINER, verbe intrans. Vieilli ou littér. Se déplacer, faire un long voyage. Je me remis en campagne avec une douzaine de volumes éparpillés autour de moi. Or pendant que je pérégrinais derechef dans la calèche du prince de Bénévent, il mangeait à Londres au râtelier de son cinquième maître (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 325).[Le sauvage] a conscience de l'existence en lui de deux êtres, dont l'un, le double, a la possibilité de quitter pendant quelque temps son enveloppe charnelle pour pérégriner au loin (Hist. sc.,1957, p. 1497).Il passe ensuite quarante-cinq ans à pérégriner dans l'Inde centrale, enseignant sa doctrine par la parole, par l'exemple et aussi par ses silences (Philos., Relig., 1957, p. 52-13).REM. 1. Pérégrinant, -ante, part. prés. en empl. subst.Celui, celle qui pérégrine. Les « hostelleries » arboraient souvent un lion doré figé dans une pose héraldique, ce qui, pour le pérégrinant en quête de logis, signifiait qu'on « y pouvoit coucher », grâce au double sens de l'image : au lit on dort (Fulcanelli, Demeures philosophales,t. 2, 1929, p. 103). 2. Pérégrinisme, subst. masc.,ling. Variété d'emprunt d'un mot senti comme étranger et en quelque sorte cité. Synon. xénisme (d'apr. L. Leroy, L'Empr. ling., 1956, p. 224).En réalité, le pérégrinisme appartient surtout aux langues spéciales et il ne devient un emprunt proprement dit que s'il est employé non plus occasionnellement, mais couramment dans la langue commune (L. Leroy, L' Empr. ling.,1956, p.224). Prononc. et Orth. : [peʀegʀine], (il) pérégrine [peʀegʀin]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350 « faire un pèlerinage » (Gilles Li Muisis, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 304 : car là [à Rome] pérégrinay); 2. 1506-07 « voyager » (Jean Molinet, Chron., chap. CCCXVII, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 2, p. 566 : compaignons peregrinans en ce monde). Empr. au lat. peregrinari « voyager à l'étranger, séjourner à l'étranger », dér. de peregrinus (v. pèlerin, pérégrin). Bbg. Tracc. 1907, p. 161. |