| PÉRISSABLE, adj. A.− Littér. Qui ne dure pas, qui est appelé à disparaître. Synon. éphémère, fragile, mortel, précaire; anton. durable, éternel, impérissable.Un nom qui retentit sur des lèvres mortelles, Vain trompeur, inconstant, périssable comme elles (Lamart., Harm.,1830, p. 425).La conviction, née de la succession des guerres et des catastrophes, que toute chose humaine est plus que jamais périssable (Musées Fr.,1950, p. 4): 1. Quoi d'étonnant à trouver une gloire périssable bâtie sur les plus éphémères des créations? L'acteur a trois heures pour être Iago ou Alceste, Phèdre ou Gloucester.
Camus, Sisyphe,1942, p. 109. ♦ [Antéposé] Littér. [Les] splendeurs d'un périssable amour qui durait encore et venait l'agiter au-delà de la tombe religieuse où s'ensevelissent les femmes pour renaître épouses du Christ (Balzac, Langeais,1834, p. 202): 2. Des mots sans vie et sans aile,
De sa pensée immortelle
Trop périssables échos!
Lamart., Harm.,1830p. 386. − THÉOL. [Qualifie tous les biens terrestres] La conversion vers les biens périssables, qui définit le péché mortel, est peu à peu devenue l'attitude générale de la civilisation (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 171). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Platon ne voit que la nature et Dieu, le divers et le un, le périssable et l'immortel, le fini et l'infini (P. Leroux, Humanité,1840, p. 374).Nous nous attachons, dans la créature, au périssable, à ce qui passe (Mauriac, Journal 1,1934, p. 28). SYNT. Créature, être périssable; chair, corps périssable; beauté, bonheur, monde, œuvre périssable; accidentel, changeant, divers, fini, fragile, précaire et périssable; matériel, mortel et périssable; éphémère, passager, fugace et périssable. B.− Usuel. Qui ne peut être conservé longtemps dans des circonstances normales sans s'altérer. Anton. imputrescible, inaltérable.Denrée, produit périssable. Il ne saurait être question de travailler toute l'année avec des fruits frais puisqu'il s'agit de denrées très périssables (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 34).[La] conservation de produits alimentaires rapidement périssables par la chaleur (Industr. conserves,1950, p. 3). Prononc. et Orth. : [peʀisabl̥]. Ac. 1694 et 1718 : pe-; dep. 1740 : pé-. Étymol. et Hist. a) Fin du xives. « exposé à périr » (E. Deschamps,
Œuvres, I, 173, 8, 16, 24 ds T.-L.); b) 1416 « sujet à s'avarier, à se gâter » (doc. ds Gdf. Compl.). Dér. de périr*; suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 281. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 378, b) 206; xxes. : a) 551, b) 429. |