| PÉRILLEUX, -EUSE, adj. A.− [En parlant de choses concr. ou abstr.] 1. Qui présente ou constitue un péril pour la réputation, la sécurité ou l'existence même d'une personne. Synon. dangereux, hasardeux, risqué.La jeune acrobate continuait ses tours subtils et périlleux. Elle marchait sur les mains, la jupe retournée, les pieds pendants en avant de la tête, entre des épées tranchantes et de longues pointes aiguës (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 144).Pressées par l'heure, nos voitures sans frein dévalèrent d'un train de chute, dédaignant les lacets, coupant court au gré des périlleux raccourcis (Gide, Journal,1914, p. 407): ... j'ai je ne sais quel tendre penchant pour elles [les femmes], qui me fait adorer leur contact, l'effleurement de leur peau et l'échange avec elles de paroles banales et douces. C'est au point que je ne peux rester près d'une jolie femme sans commencer ce jeu périlleux et exquis de la conversation grave qui dégénère en causerie d'amour.
Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 181. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Plût à Dieu qu'elle réclamât de moi quelque action difficile! Avec quelle joie j'accomplirais pour elle le téméraire, le périlleux! Mais on dirait qu'elle répugne à tout ce qui n'est pas coutumier (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 898). − GYMN. Saut* périlleux. SYNT. Chemin, endroit, lieu, métier, moment, terrain périlleux; action, aventure, entreprise, existence, expédition, mission, pente, route, vie périlleuse. 2. [En parlant d'idées, de doctrines, d'œuvres] Qui met en péril, qui menace l'ordre dominant, la morale établie. On combat leurs doctrines [des antimilitaristes] (...) et, peut-être, en effet, dans l'état présent des sociétés, sont-elles périlleuses, − périlleuses surtout pour les intérêts d'une certaine classe (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, p. 109). − En partic. Qui présente des risques d'erreur, de dérapage (pour un auteur). Il est clair que la vraie culture, dans cet art périlleux de la prose, a pour fin de conquérir la modestie sans perdre la force (Alain, Beaux-arts,1920, p. 339). − Être périlleux de + inf.C'est périlleux, pour un homme complètement étranger à l'art, de faire tout un volume sur l'art (Goncourt, Journal,1885, p. 448).Il est périlleux de raconter une aventure délicate, à une époque où la licence dans les ouvrages romanesques est sans bornes (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 2). B.− [En parlant d'une pers.] Qui présente un danger, une menace pour la sécurité, la réputation d'autres personnes. Esprit froid et rusé, Embûche de galloise et d'âme ambitieuse. Par le roi Salomon, la dame est périlleuse! (Lorrain, Viviane,1885, p. 20).Ils attendaient (...) que M. Catani rétablît l'ordre, exécutât ce fou périlleux, d'ailleurs prêts à se satisfaire de n'importe quoi, de n'importe quelle réponse (Bernanos, Imposture,1927, p. 407). REM. Périculeux, -euse, adj.,rare, synon.Où sont les nuits de grands chemins aux chants bachiques Dans les Nords noirs et dans les verts Pas-de-Calais, Et les canaux périculeux vers les Belgiques Où, gris, on chavirait en hurlant des couplets? (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 3, Dédic., 1890, p. 107).À travers la brume passe le Vaisseau fantôme. Tout est mobile et périculeux. C'est le désespoir universel des tourmentes (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1891, p. 123). Prononc. et Orth. : [peʀijø], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718 : pe-; dep. 1740 : pé-. Étymol. et Hist. 1155 perillus (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 15556). Du lat. periculosus « dangereux », dér. de periculum, v. péril. Fréq. abs. littér. : 633. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 071, b) 1 008; xxes. : a) 643, b) 850. Bbg. Quem. DDL t. 15. |