| PÉREMPTOIRE, adj. A.− DR. Qui est relatif à la péremption (v. ce mot A). Exception péremptoire. Demande qui a pour objet la péremption, qui oblige le juge à repousser la demande (d'apr. Cap. 1936). B.− P. ext. Qui présente un caractère décisif, excluant toute discussion. Synon. catégorique, sans réplique.Argument, ordre, preuve, réfutation péremptoire. Une réponse directe et péremptoire à toutes les objections (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 2, 1821, p. 120).Ainsi, c'est beaucoup trop dire que d'attribuer aux classes nouvelles, on ne sait quel système pédagogique, aux dogmes fixes et péremptoires, qui serait imposé à nos maîtres (Hist. instit. et doctr. pédag.,1947, p. 438).Il faut se garder d'affirmations trop péremptoires et de distinctions trop tranchées (Traité sociol.,1968, p. 208). − [En parlant du comportement d'une pers., de la pers. elle-même] Synon. cassant, tranchant.Éducation, fortune, situation honorable, avantages physiques, tout est là! Pourquoi ces non si fermes, si résolus, si prompts, à des demandes que tu ne te donnes pas même la peine d'examiner? Tu es moins péremptoire d'ordinaire (Verne,500 millions,1879,p. 249).− « Vous vous en allez? » − « Oui! » fit Jacques, sur le même ton, péremptoire et sec, qu'Antoine venait de prendre pour répondre : « Non! » au domestique (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 599).Jacques, toujours péremptoire, avait décrété : « Il faut avoir au moins la mention bien, ou pas de mention du tout » (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 157). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est péremptoire. De pures affirmations gratuites, exprimées tantôt sur le mode proprement lyrique (...), tantôt sur le ton du définitif et du péremptoire, comme chez Alain et Valéry, ce ton étant particulièrement accentué chez le dernier par l'emploi de termes mathématiques (Benda, Fr. byz.,1945, p. 244). Prononc. et Orth. : [peʀ
ɑ
̃ptwa:ʀ]. Ac. 1694, 1718 : peremptoire; dep. 1740 : pé-. Étymol. et Hist. 1. 1279 dr. « relatif à la péremption » (Barzelle, H 112, Arch. de l'Indre ds Gdf. Compl. : exceptions dilatoires et perhemptoires); 1283 (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 236 : excepcions peremptoires); xiiies. (Digestes, ms. Montpellier, H 47, fo71c ds Gdf. Compl. : semonse peremptoire); 2. ca 1375 « qui détruit toute objection, contre quoi on ne peut répliquer » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 118, 1028 : raison [...] perentoire); 3. a) 1779 p. ext. ton péremptoire (Diderot, Le Neveu de Rameau, éd. J. Fabre, p. 50 : il faut scavoir preparer et placer ces tons majeurs et peremptoires); 1824 « tranchant, cassant » (Balzac, Annette, t. 1, p. 138 : il avoit parlé d'un ton si péremptoire); b) 1833 « qui n'admet pas la réplique, la discussion (en parlant d'une pers.) » (Borel, Champavert, p. 115 : jeune homme, vous êtes péremptoire). Empr. au b. lat. peremptorius « meurtrier, mortel; en dr. : qui met fin à, qui annule (un débat), décisif », dér. du lat. perimere (v. périmer). Fréq. abs. littér. : 219. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 154, b) 158; xxes. : a) 310, b) 527. DÉR. Péremptoirement, adv.D'une manière péremptoire, catégorique. Affirmer, décider, déclarer, s'opposer, prouver, réfuter péremptoirement. Un officier grec se trouvant trop péremptoirement contredit dans une discussion, prit aussi un pistolet à sa ceinture, et, par manière de réfutation, faisant immédiatement feu sur son contradicteur, l'étendit raide mort (Mussetds R. des Deux Mondes,1833, p. 779).Tais-toi, interrompit péremptoirement Tulacque (Barbusse, Feu,1916, p. 128).Il s'agit de protester de manière pittoresque contre certain ton avec lequel tels écrivains de livres ou de revues prononcent péremptoirement le mot journaliste, en établissant, entre deux virgules, un « comme disent les journalistes », très talon rouge, qui crée un abîme entre la noblesse et le tiers-état de la plume (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 217).− [peʀ
ɑ
̃ptwaʀmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. 1317 peremptorement (Arch. nat. JJ 56, fo84 rods Gdf. Compl.), 1349 peremptoirement (P. Varin, Arch. admin. de la ville de Reims, t. 2, p. 1244); de péremptoire, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 41. |