| PÉJORATIF, -IVE, adj. A. − LING., cour. [En parlant d'un élém. de lang.] Qui a une dénotation ou une connotation défavorable. Synon. dépréciatif; anton. laudatif, mélioratif.Aille, ailler, ache, sont des finales péjoratives dans prêtraille, philosophailler, bravache (Littré).Le mot de «caponerie» −mot péjoratif et par là peu impartial (Barrès, Leurs fig., 1901, p.6).L'univers réel (...) oblige les savants à perfectionner leurs constructions «artificielles», dans le sens étymologique, non péjoratif, du mot (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p.202).Avare est péjoratif par rapport à économe; le suffixe -ard est péjoratif dans fêtard, patriotard (Mar. Lex.1933): 1. On va jusqu'à imiter par une courte phrase, presque toujours péjorative, le son particulier de la cloche du village rival. «Pintes chopines, pintes chopines», dit l'une; «bandes de gueux, bandes de gueux», dit l'autre...
Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p.21. SYNT. Adjectif, surnom péjoratif; acception, désinence, épithète, expression, nuance, terminaison, valeur péjorative. − Empl. subst. masc. Mot qui a une dénotation défavorable. Bravache est le péjoratif de brave; criailler, celui de crier (Littré).Le singe a fourni presque partout un verbe qui est le péjoratif d'imiter (...). À côté du français singe-singer, il y a l'allemand affe-nachaffen (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p.175). B. − P. ext., littér. Défavorable, dépréciatif. Jugement péjoratif; intention péjorative. La valeur péjorative attachée aux pauvres fiches des professeurs d'histoire, objets de tant de sarcasmes de Hegel à Péguy (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p.39).Les préjugés d'ordre psychologique qui attachent, en France, à la construction en bois, le caractère péjoratif et aléatoire du baraquement provisoire (Industr. fr. bois, 1955, p.10): 2. La sensiblerie est souvent un indice péjoratif: les plus dures des mégères sont volontiers atteintes de la «manie des chats», et l'on voit périodiquement les journalistes s'étonner de la sollicitude dont le criminel du jour entourait jusqu'alors son canari bien-aimé.
Mounier, Traité caract., 1946, p.491. REM. Péjorativement, adv.D'une manière péjorative. a) [Corresp. à supra A] Employer un mot péjorativement (Rob.). b) [Corresp. à supra B] Tandis que Sancho étouffait un éclat de son gros rire, dona Urraca fit claquer sa langue péjorativement (Toulet, Mariage Don Quichotte, 1902, p.175). Prononc. et Orth.: [peʒ
ɔ
ʀatif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1784 subst. (Rivarol, De l'universalité de la lang. fr., p.32); 1834 adj. (Boiste). Dér. sav. du b. lat. pejorare «rendre pire», dér. de pejor, pejoris, v. pire. Fréq. abs. littér.: 39. Bbg. Dub. Dér. 1962, p.55 (s.v. péjorativement). _Quem. DDL t.3. |