| PÉDANT, -ANTE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Subst. masc., vx ou littér., souvent péj. Celui qui est chargé de l'instruction des enfants, dans un collège ou comme précepteur. Synon. grammatiste (vx), grimaud (vx), magister (vx, péj.), maître (d'école), pédagogue (vx), régent (région.).Un pédant de collège. Pardon, j'en parle encor comme un franc écolier (...) Car de votre âge heureux qu'un pédant embarrasse, J'ai gardé la colère et j'ai perdu la grâce (Hugo,Rayons et ombres, 1840, p.1065).L'amour m'a révélé une vérité contraire à celle que mes pédants m'avaient enseignée sur les droits des peuples et le mérite des individus (Sand, Ctessede Rudolstadt, t.1, 1844, p.85): 1. ... je me sentais revenu à mon temps d'écolier, quand on végète sous la férule de quelque pédant et qu'on use contre lui de sa seule arme, l'absence.
Arnoux, Chiffre, 1926, p.79. B. − Subst. masc. et fém., p.anal., péj. 1. Personne qui fait avec insistance étalage d'un savoir, d'une culture, d'une érudition, d'une spécialisation souvent superficiels, fraîchement acquis ou exclusifs. Synon. babillard, bel esprit*, bonze (fam.), cuistre, fat, m'as-tu-vu (fam.), pédagogue, pontife (fam.).Pédant avantageux, suffisant; morgue, sottise, manières de pédant; faire le pédant. Il ne faut point se laisser emporter par la haine des précieuses et des pédantes. (...) rien n'est odieux comme une pédante (A. France, Jard. Épicure, 1895, p.194).Une dame (...) qui a chez elle (...) une sorte d'humaniste et d'archéologue et un médecin psychanalyste, pédants sans pareils, discourant sans arrêt sur leurs spécialités (Léautaud, Théâtre M. Boissard, 1943, p.342): 2. Le grammairien Court de Gébelin, pédant frotté de racines et d'étymologies (...), est le seul qui ait défini la voix un instrument à touches dont le clavier est dans la bouche de l'animal...
Nodier, Fée Miettes, 1831, p.183. 2. En partic. Personne qui se mêle de faire la leçon à tout le monde, qui prend un ton doctoral. Synon. censeur, moralisateur, pédagogue.Parler en pédant; pédant insupportable. Je renonce à combattre Votre penchant; d'ailleurs, à force de débattre, Je craindrais de jouer le rôle bête et faux D'un froid pédant, stérile éplucheur de défauts (Barbier, Satires, 1865, p.55).Adorons les rosiers et même les rosières. Oublions les sermons du pédant inhumain (Hugo, Légende, t.4, 1877, p.847). II. − Adjectif A. − [En parlant d'une pers.] Qui fait lourdement étalage de son savoir, de sa culture, de son érudition. Synon. avantageux, fat, fiérot (fam.), infatué, suffisant; anton. humble, modeste, naturel, simple, vrai.Être un peu pédant. Nous avions un savant à Beaucaire; il est instruit, mais outrageusement pédant; il nous disait qu'il a compté en provençal trois mille mots qui ne sont pas d'origine latine (Stendhal, Mém. touriste, t.2, 1838, pp.128-129): 3. ... [Mmede Sévigné] lisait tout, s'intéressait à tout, s'occupait de tout, de science sans être pédante, de poésie sans être bas-bleu, de métaphysique sans être ennuyeuse...
Labiche, Cigale chez fourmis, 1876, VIII, tabl. 10, p.231. − [P. méton.] Il portait monocle (...) et professait l'horreur des lunettes qu'il trouvait pédantes (La Varende, Saint-Simon, 1955, p.402). B. − [En parlant d'un comportement humain] Qui manifeste un tel comportement, une affectation de culture, d'érudition. Synon. doctoral, doctrinaire, dogmatique, emphatique, magistral, pédantesque, solennel, suffisant; anton. naturel, simple, vrai.Discours, langage, air, ton pédant; conversation pédante. Il lui expliqua avec une certaine fatuité pédante qu'en France les pots-de-vin jouaient un rôle aussi important qu'en Orient (A. Daudet, Nabab, 1877, p.119): 4. [Apollinaire] était gras sans être gros, la face pâle et romaine, une petite moustache au-dessus d'une bouche qui détachait les mots d'une voix courte, avec une grâce un peu pédante...
Cocteau, Diff. d'être, 1947, p.154. REM. 1. Pédamment, adv.,rare. De façon pédante. Les ingénieurs (...) pédamment accroupis sur son genou (Mussetds Le Temps, 1831, p.78). 2. Pédantaille, subst. fém.,péj., rare. Petite coterie de pédants. Ce qu'on vous a conté de mes querelles avec cette pédantaille n'est pas loin de la vérité. Le ministre a pris parti pour eux (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1810, p.828). Prononc. et Orth.: [pedɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.1. 1558 pedante «professeur, maître d'école» (J. Du Bellay, Regrets, 66, éd. J. Joliffe et M. A. Screech, p.135); 1560 pedant (E. Pasquier, Pourparler du Prince ds Des recherches de la France, fo69 vo); 2. 1561 pedante péj. «celui qui fait étalage de son savoir» (N. Ellain, Sonnets ds OEuvres poét., éd. A. Genty, p.23: Laisse parler, Perrette, ce Cagot, Ce petit fat, ce malheureux Pedante); 1566 pedant (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, éd. Ristelhuber, t.1, p.65); 1653 adj. (Scarron, Relation véritable de tout ce qui s'est passé en l'autre Monde, au combat des Parques et des Poètes Sur la mort de Voiture, p.415 ds Richardson). Empr. à l'ital. pedante, att. au sens 1 dep.la 1remoitié du xves. (Burchiello) et au sens 2 dep.1524 (L'Arétin ds Tomm.-Bell.), d'orig. incertaine: −soit déformation de pedagogo (pédagogue*) par identification pop.burlesque avec pedante «celui qui va à pied, piéton» (dep.xives. d'apr. DEI; dér. de pede, pied*) parce que le pédagogue accompagne constamment ses élèves (B. Migliorini ds Vox rom. t.1, pp.74-75), −soit, part. prés. subst. d'un lat. vulg. *paedere, du gr. π
α
ι
δ
ε
υ
́
ε
ι
ν «éduquer (des enfants)» (hyp.de Diez3p.239, déjà mentionnée ds Mén. 1694, reprise par Bl.-W.1-5et FEW t.7, p.474a). Fréq. abs. littér.: 401. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 588, b) 746; xxes.: a) 537, b) 480. Bbg. Hope p.215. |