| PÉCULE, subst. masc. A. − ANTIQ. ROMAINE. Économies en argent faites par une personne dépendant du paterfamilias, notamment par un esclave, qui pouvait s'en servir pour le rachat de sa liberté. Le client (...) n'a même pas la propriété des objets mobiliers, de son argent, de son pécule. (...) le patron peut lui reprendre tout cela, pour payer ses propres dettes ou sa rançon (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.333). B. − P. anal. 1. Somme d'argent généralement peu importante, et économisée petit à petit. Léger, modeste, modique pécule; se constituer, se faire un petit pécule; toucher à, disposer de son pécule. Elle cousait, brodait et faisait quelques travaux d'écriture (...). Ces travaux étaient mal rémunérés; mais le peu qu'elle en tirait constituait un petit pécule (Arland, Ordre, 1929, p.418).Depuis de nombreuses années (...) des ouvriers agricoles portugais se rendent au Brésil pour y travailler quelques mois et rentrent au pays après avoir amassé un petit pécule (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p.117): . Puis il partit [Ravaillac] n'ayant pour tout viatique que le pauvre pécule économisé sur l'argent qu'il recevait de ses élèves, et ces misérables vers qu'il emportait avec lui.
Tharaud, Trag. de Ravaillac, 1913, p.46. − P. métaph. Un de nos bons élèves (...) qui pendant vingt années suspendu aux lèvres de ses professeurs a fini par se composer une espèce de petit pécule intellectuel (Claudel, Soulier, 1929, 3ejournée, 2, p.781). 2. En partic. a) Somme d'argent, capital acquis par le travail d'une personne en dépendance d'autrui, mais dont elle ne peut disposer que dans certaines conditions. Pécule d'un aliéné interné; toucher son pécule; pécule de base, complémentaire (Bleand. 1976). − Spécialement ♦ DR. PÉNAL. ,,Partie de la rémunération d'un délinquant détenu qui lui est remise au moment de sa libération`` (Jur. 1981). Pécule de réserve, pécule disponible d'un détenu. Sa mère n'était venue que pour la dépouiller de son misérable petit pécule de prison (E. de Goncourt, Élisa, 1877, p.221).P. anal. La plupart des captifs auront retrouvé la patrie. Accueillis, le mieux possible, dans des centres hospitaliers, dotés d'un pécule, démobilisés, ils reprennent leur place dans le pays privé de tout (...) (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.244). ♦ DR. CIVIL et ADMIN. ,,Réserve pécuniaire constituée, sur le produit de son travail et ses économies, au profit d'un enfant mineur, plus spécialement d'un pupille, par celui qui est légalement chargé de sa garde et de son éducation`` (Cap. 1936). Les établissements hébergeant des mineurs de plus de quatorze ans, en état de travailler, doivent leur constituer un fonds de pécule au double titre de récompense et d'encouragement pour leur conduite et leur travail (Les Instit. soc. de la France, Paris, t.1, 1955, p.139). b) ADMIN. MILIT. ,,Somme versée, au moment de leur libération, aux hommes de troupe engagés, rengagés ou commissionnés, qui, quittant l'armée sans avoir droit à une retraite, remplissent certaines conditions fixées par la loi`` (Lar. encyclop.). Tout militaire engagé, rengagé ou commissionné sous le régime de la présente loi, a droit de recevoir, au moment de sa libération, un pécule d'une valeur de 5000 à 12500 Fr, selon la durée de ses services ininterrompus (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 80, p.3822). Prononc. et Orth.: [pekyl]. Ac. 1694, 1718: pecule; dep. 1740: pé- Étymol. et Hist. [1273 «bétail» (Abraham Ibn Ezra, Traité d'astrol., 34b, éd. R. Lecy et F. Cantera, p.80)] 1. xiiies. antiq. romaine (Digestes, ms. Montpellier 47, fo190c ds Gdf. Compl.); 2. 1611 «ce qu'une personne, dans la dépendance d'autrui, acquiert par son économie» (Cotgr.); spéc. 1877 «somme remise à un détenu» (E. de Goncourt, loc. cit.). Empr. au lat. peculium «petit bien amassé par l'esclave» d'où «argent amassé». Fréq. abs. littér.: 34. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.529. _Hasselrot 20es. 1972, p.85. |