| PÉAGE, subst. masc. A. − Vx. Droit dont devaient s'acquitter les usagers de certaines voies ou ouvrages (routes, ponts, rivières) pour eux-mêmes, leurs bêtes, leurs véhicules ou leurs marchandises (dans ce cas synon. tonlieu). La plupart de ces taxes sont des mesures locales. Un péage n'affecte que les denrées qui passent sur un chemin ou le canal sur lequel il est établi (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p.272).Les traces de la corvée seigneuriale se retrouvent presque partout à demi effacées [au XVIIIes.]. La plupart des droits de péage sur les chemins sont modérés ou détruits (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.93): 1. ... ces pèlerins voyagèrent en troupe pour n'être point pillés et rançonnés par les routiers qui tenaient la campagne, et par les seigneurs qui prélevaient des péages à l'entrée de leurs terres.
A. France, Contes Tournebroche, 1908, p.27. − P. métaph. Fuis dans l'azur, noir ou vermeil. (...) Tu ne connais ni le sommeil, Ni le sépulcre, nos péages (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p.292). B. − 1. Taxe perçue au passage de certaines voies ou ouvrages publics importants (autoroutes, ponts, tunnels) et dont le recouvrement est destiné à amortir le financement, à assurer l'entretien et le développement de ces voies. Autoroute, pont à péage; droit de péage; agent de péage (synon. péager, péagiste, v. infra dér. 1 a et 2); bureau, gare, poste de péage: 2. En peu de temps, les péages auront montré une redoutable efficacité: ils auront permis de combler petit à petit notre retard par rapport à nos voisins et de construire plus de 4000 kilomètres d'autoroutes, dont 3000 au cours des dix dernières années.
Le Point, 30 août 1982, p.60. − P. méton. Endroit où sont installés les postes et les agents habilités à percevoir la taxe. S'arrêter au péage. Les transports de matières dangereuses devront contourner les agglomérations, emprunter des passages spéciaux aux péages autoroutiers (L'Express, 24 juill. 1978ds Gilb. 1980). 2. NAV. FLUVIALE ET MAR., PÊCHE a) Droit perçu sur les personnes, sur les bateaux au passage d'un bac, d'une écluse ou de certains ouvrages maritimes ou fluviaux importants. Si on tient compte du ralentissement que représente le passage en canal, l'économie de temps serait faible (...). Les péages devraient donc être réduits, et ne permettraient pas de couvrir les investissements (Navig. intér. Fr., 1952, p.71). b) Taxe locale perçue pour l'entretien et le développement de certains ports. Les mouvements dans les ports supportent des péages dont le principal élément est constitué par les droits de quai (...). Ces péages couvrent ainsi l'entretien des ports (Chardon, Trav. publ., 1904, p.198). c) Droit perçu sur le produit de la pêche en mer pour l'amortissement des installations portuaires. (Dict.xxes.). REM. Péageau, subst. masc. ou adj. masc.(Chemin) péageau. (Chemin) soumis autrefois à un droit de péage. Les chemins se distinguaient en chemins péageaux et en sentiers; des lois en réglaient la largeur (Chateaubr., Litt. angl., t.1, 1836, p.45). Prononc. et Orth.: [pea:ʒ]. Ac. 1694, 1718: peage; dep. 1740: pé-. Étymol. et Hist. Ca 1150 paage «droit, taxe qu'on lève sur les personnes, les animaux, les marchandises, pour le passage sur un chemin, une route, un pont...» (Charroi Nîmes, éd. D. Mc Millan, 905); ca 1165 peage ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2366); en partic. 1962 autoroute... à péage (Rob.); 2. 1694 «lieu où l'on paie le péage» (Ac.: Il faut arrester au peage); en partic. 1966 «poste de contrôle établi sur une autoroute pour percevoir le péage» sortie-péage (Dunlop ds Gilb. 1980). Très anc. dér. de pied*, formé prob. dans la lang. de l'admin. dès l'époque carol., propr. «droit de mettre le pied». Fréq. abs. littér.: 77. DÉR. 1. Péager, -ère, subst. et adj.a) Subst. Employé(e) habilité(e) à percevoir les droits de péage. Il gagna le pont d'Austerlitz. Le péage y existait encore à cette époque. Il se présenta au bureau du péager, et donna un sou (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.540).En partic. Employé(e) au péage des autoroutes. La suppression des péages conduirait aussi à la prise en charge par l'État de l'endettement actuel des sociétés (...). À quoi viendraient s'ajouter les difficultés de reclassement des «péagers» (Le Point, 30 août 1982, p.60).b) Adj. Relatif au péage. Taxe péagère. (Dict.xixeet xxes.). − [peaʒe], fém. [-ε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: peager; dep.1740: pé-. − 1resattest. a) subst. 1260 paagier (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, 2epart., titre II, L, p.237), xives. peager (Id., ibid. remaniement), b) adj. 1865 taxe péagère (Journal des Débats, 24 janvier ds Littré); de péage, suff. -er v. -ier. 2. Péagiste, subst.Employé(e) au péage des autoroutes. L'adjudant devenu péagiste autoroutier a un salaire inférieur à sa solde en activité (Le Monde dimanche,25 oct. 1981,p.VI).− [peaʒist]. − 1reattest. 1969 (Cahiers fr. d'Information ds Lar. Lang. fr.); de péage, suff. -iste*. BBG. −Baldinger (K.). Die wissenschaftlichen Aufgaben des Instituts für rom. Sprachwiss. In: Sitzungsberichte der d. Ak. der Wiss. zu Berlin. 1955, 1, pp.26-36. |